Noël a commencé depuis une dizaine de jours en Alsace, avec le lancement des illuminations vendredi 26 novembre. Une période, vous vous en doutez, remplie de traditions en tous genres, allant du mignon au plus étrange. Aujourd’hui, on va vous parler de l’une d’entre elle : celle des sapins suspendus que vous allez croiser tous les jours en ville pendant un bon mois. On est allé enquêter sur le sujet…
L’origine alsacienne du sapin
Votre petit ou grand ami vert qui vous accompagne tout au long de l’hiver a une histoire intimement liée à l’Alsace. Passons outre les guéguerres mondiales pour savoir qui avait, non pas le plus gros, mais le premier sapin sur ses terres et recentrons-nous plutôt sur l’échelle locale. Pendant très, très, longtemps, c’est Sélestat qui a eu la primeur du label « capitale du sapin de Noël ».
En 1521, le comptable de la ville de Sélestat de l’époque – tenir les comptes, encore une tradition immémoriale – prend sa petite plume et note une dépense de 4 schillings, la monnaie de l’époque, pour payer les gardes forestiers. Bon, jusque-là, rien de bien impressionnant. Sauf que, ces mêmes gardes sont en réalité chargés de surveiller les sapins de la forêt communale. Et pour faire bonne mesure, notre ami comptable rajoute de sa belle plume que les habitants de la ville pourront prélever gratuitement un sapin, pour le décorer « comme cela se pratique depuis des temps immémoriaux… ». La ville de Sélestat est donc longtemps considérée comme le berceau du sapin de Noël décoré en Alsace, et même dans le monde. Sacré argument marketing en période de fêtes.
>> A lire ou relire : Cette année, le marché de Noël de Sélestat fête les 500 ans de la tradition du sapin !
Cependant, vous connaissez Strasbourg, jamais la dernière à prendre un nouveau label dans sa hotte. En 1492, alors qu’un certain Christophe se trompait de chemin en bateau, a été retrouvée une mention dans les livres de comptes de la cathédrale de Strasbourg : « Item koufft 9 Tannen in die 9 Kirchspill, das gut johr darjnn zu empfohen, und darum geben 2. »
En alsacien dans le texte, cela donne neuf sapins (Tannen) achetés pour les neuf paroisses (Kirchspill) pour accueillir la bonne année – on y reviendra plus bas. Le tout pour deux florins. C’est donc une mention de sapins achetés, 29 ans plus tôt que ce qu’on a retrouvé dans le livre de compte de Sélestat. Rien ne dit que ces sapins ont été pris dans un but décoratif, ce qui permet aux deux villes de continuer à prêcher leur paroisse – c’est le cas de le dire.
Des sapins suspendus, quelle drôle d’idée…
Revenons maintenant à nos sapins suspendus. Aujourd’hui, imaginer un sapin en hauteur suspendu dans notre salon, cela nous semblerait incongru. Sauf que, dans notre belle région alsacienne, il y a quelques coutumes bien étranges. On retrouvait en effet nos sapins de Noël suspendus à une poutre du plafond. Pourquoi me direz-vous ? Cela a à voir avec une composante essentielle de Noël, encore plus en Alsace : la boustifaille.
Au début du 19ème siècle, en effet, ce n’était pas des boules – de Noël – qu’on accrochait sur le sapin, mais plutôt des denrées comestibles. Dans la plus pure tradition chrétienne, on avait des pommes rouges, rappelant le moment où manger un fruit n’a pas été bon pour l’univers. Dans le même temps, les hosties, toujours accrochées au sapin, rappelaient elles que la rédemption est possible – autant en mettre tout le long du stade de la Meinau. Petit à petit, les habitudes de nourriture évoluant et le sapin se généralisant dans les foyers, se détachant du catholicisme, on a pu voir des bredeles, des gaufres, du pain d’épices ou encore des confiseries sur les branches de nos sapins.
Mais du coup, qui dit sucreries dit rongeurs. Et comment faire pour éviter qu’ils nous ruinent la bonne nourriture ornant notre sapin ? Eh bien, on le met en hauteur et comme ça, problème réglé ! Plus tard, dans la deuxième partie du 19ème siècle, les sapins passeront en plein pied et la décoration deviendra moins comestible. C’est le début des traditions des sapins de Noël traditionnels, qui, généralement, symbolisent la victoire du renouveau sur la noirceur du plus sombre soir d’hiver. Pour vaincre 2020, pourquoi donc ne pas investir dans des sapins ?
Même si l’usage des sapins suspendus est désormais passé au stade de tradition d’autrefois, on peut encore en croiser en décembre 2020 à Strasbourg, notamment sur les quais. Cette drôle de tradition met un peu d’incongru dans nos vies, nous poussant à nous questionner et in fine à en apprendre davantage. Alors pour celles et ceux qui ont des poutres et un sapin, désormais, vous savez quoi faire pour épater vos invités !
Bonjour, j’ai mie les décoration de c’est sapin suspendu en me demandant pourquoi il était en suspension et voilà j’ai une réponse concrète, merci beaucoup de l’information.
Depuis quelques années j’accroche un petit sapin décoré aux poutres de mon entrée de maison alsacienne et cela est dû plus bel effet et créé l’admiration de tous.
A St Georges à Sélestat il y a chaque année une belle décoration de sapins suspendus ornés chronologiquement d’après les différentes époques.
Pommes,osties, fleurs en papier, boules de verre etc. A voir si la distance est autorisée.