Ce mardi 17 novembre 2020, les Gilets jaunes soufflaient leur deuxième bougie. Comme dans de nombreuses autres villes françaises, ils ont battu le pavé à Strasbourg, pendant deux heures. Les manifestants, équipés de torches enflammées, ont notamment exposé leur opposition au gouvernement, “dont les mesures pénalisent les petits commerçants et les soignants,” lors de la crise sanitaire.
À cause du confinement, les rues sont quasi-désertes au centre-ville de Strasbourg ce 17 novembre 2020. Mais place Kléber, vers 18h15, un rassemblement commence à se former. “Ça fait du bien !” s’écrie un homme d’une cinquantaine d’années, vêtu d’un gilet jaune :
“On est beaucoup à subir la crise en ce moment et à trouver les mesures du gouvernement injustes. Et en même temps, c’est difficile de se mobiliser avec le confinement. Là, enfin, on sort et on dit stop. La loi sécurité globale qui risque de nous empêcher de filmer la police allait passer sans qu’on puisse s’y opposer. Ils profitent de la période. C’est pas pour rien qu’on veut manifester. On doit défendre nos droits avant qu’il ne soit trop tard.”
“Le gouvernement a juste protégé le grand patronat”
Il y a deux ans jour pour jour, commençait une mobilisation sociale de grande ampleur en France, après l’annonce d’une taxe sur le carburant. C’est le début du mouvement des Gilets jaunes qui s’étendra à plusieurs pays européens. Il prendra diverses formes : blocages de routes, opérations péages gratuits, assemblées sur des ronds-points, manifestations. Celles-ci seront notamment marquées par des centaines de blessés graves parmi les manifestants et des violences policières régulièrement filmées et diffusées sur les réseaux sociaux. De leur côté, les policiers estimeront aussi faire face à de la violence. Finalement, la taxe sur les carburants n’aura jamais vu le jour, et les revendications se seront beaucoup élargies.
Vers 18h45, trois gilets jaunes montent sur l’estrade à côté de la statue de la place et lisent un texte écrit par leur soin devant environ 150 personnes :
“Ce gouvernement a protégé le grand patronat qui, lui, continue librement à distribuer des dividendes à ses actionnaires. […] Seuls les petits commerçants “non essentiels” seraient responsables de la propagation du virus. Nombre d’entre eux risquent de mettre la clé sous la porte. […] Le gouvernement nous divise à coup de primes, de stigmatisation des pauvres, de discours racistes contre les musulmans, les sans-papiers, les étrangers, tout en prônant une soi-disant liberté d’expression qui s’arrête là où elle remet en cause leurs discours, leurs décisions, leur système.”
“Du fric, pour l’hôpital public !”
La foule applaudit, puis se met à chanter “joyeux anniversaire”. À 19h, les manifestants allument des torches et se mettent en route, direction place de l’Homme de Fer puis vers Grand’Rue. Le parcours est déclaré à la préfecture. Un dispositif policier modeste encadre le cortège. Sur le chemin, des épiciers et des gérants de kébabs applaudissent la mobilisation. Un couple de fonctionnaires, tous deux syndiqués à la CGT, manifestants “depuis des dizaines d’années,” jugent que “leurs revendications n’ont pas été entendues, alors qu’ils s’étaient mobilisés de nombreuses fois pour l’hôpital et pour les services publics.” La CGT a d’ailleurs appelé à venir manifester avec les Gilets jaunes.
“Du fric, pour l’hôpital public !”ou “Travaille, consomme, et ferme ta gueule !”, crient les manifestants, le visage éclairé par les flammes. Ils arrivent devant la célèbre École Nationale d’Administration (ENA), près des ponts couverts, connue pour avoir formé de nombreux politiciens, s’arrêtent et protestent contre l’institution avant de reprendre la route. Les Gilets jaunes passent ensuite devant la caserne de pompiers du quai Finkwiller. “Les pompiers, avec nous !”, scande la foule. Aux fenêtres, ceux-ci répondent par des applaudissements. Une vingtaine de personnes croisées par hasard rejoignent, en cours de route, la manifestation, qui aura réuni un peu plus de 200 militants au total.
Un rassemblement important pour une période de confinement
Raphaël, gilet jaune du QG Strasbourg République, estime que “la mobilisation est importante pour une période de confinement.” Professeur de lycée, il espère que cet anniversaire “sonne le début d’une mobilisation massive pour l’urgence sociale, accrue par la crise sanitaire.”
Un peu après 20h, les militants arrivent devant la cathédrale. Ils y stagnent une dizaine de minutes. Certains dansent au son d’une enceinte qui émet du rap et du rock engagé. Puis ils repartent vers la place Kléber où la fin de la manifestation est annoncée à 20h30, après la prise de parole d’un sans-abri dénonçant “le pouvoir en place qui ne fait rien pour les opprimés.” Tout à la fin, un homme prend le micro et donne rendez-vous ce samedi 21 novembre à 12h place de la République pour la suite.
Les memes qui ont fait fermé les commerces de proximités et qui aujourd’hui veulent les rouvrir parce que macron il est méchant