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Enseignes allumées et pollution lumineuse : et si on éteignait enfin les lumières à Strasbourg ?

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Cette semaine marque officiellement le retour du confinement. Un moment forcément compliqué, qui se révèle néanmoins porteur d’opportunités. Celle de soutenir le local autant que faire se peut, celle de réinventer des façons de mettre un peu de magie dans son quotidien, mais aussi et surtout celle de se questionner sur le monde dans lequel on vit. Vous vous étiez déjà interrogés pendant le premier confinement sur l’utilité de laisser les enseignes allumées pendant la nuit. Alors que depuis, la mairie de Strasbourg s’est drapée de vert, peut-être est-ce à nouveau le bon moment de se poser la question : et si on essayait de réfléchir à un éclairage plus intelligent de l’espace urbain la nuit ?

Une pollution lumineuse nocive

Commençons d’abord par s’interroger sur les différents effets de l’éclairage des enseignes publicitaires, ainsi que celui du mobilier urbain. Le principal est qu’il produit ce qu’on appelle de la pollution lumineuse qui possède plusieurs effets sur l’environnement et sur nous autres êtres humains.

Pour l’écologie, l’environnement et les êtres humains

Tout simplement, l’éclairage public et les enseignes allumées, cela pollue notre environnement et notre ciel. Alors que ça ne sert pas forcément à grand-chose, selon Coco Kimenau, réalisateur du documentaire “Où sont passées les lucioles ?”, joint par téléphone : « Cela fait de la lumière qui n’est pas nécessaire, ça s’appelle le bon sens de reconnaître que ça ne sert à rien, sauf à faire de la pub. »Sur nous autres Strasbourgeoises, Strasbourgeois et plus généralement êtres humains, cela va avoir plusieurs effets, comme l’explique le réalisateur : « Ça va avoir un impact sur ton sommeil ; la lumière bleue va dérégler encore plus les rythmes de ton horloge interne. Tout simplement parce que ton corps, dès qu’il est dans l’obscurité, va produire de la mélatonine, qui t’accompagne vers ton sommeil. Sauf que dès qu’il y a de la lumière, ton corps ne va plus en produire et donc t’empêcher de dormir. »

Pour Bastien, bénévole au sein de l‘association Résistance à l’Agression Publicitaire (RAP), également joint par téléphone, le problème est également énergétique : « Ça consomme de l’électricité pendant une période où l’intérêt de rendre visible un magasin n’a pas vraiment d’importance. Ça gâche aussi le ciel étoilé. » Par ailleurs, nos cycles ne sont pas les seuls touchés par la pollution lumineuse, ceux des animaux aussi. Bastien débute : « C’est aussi une question écologique, avec la perturbation du cycle nocturne de la faune. » Coco Kimenau développe par la suite : « Si on éclaire en ville, cela va rendre des halos lumineux très orangés autour de Strasbourg et forcément ça dérègle les migrations. Pour les moustiques aussi, ils tournent autour des lampadaires et finissent souvent, voire toujours, carbonisés. »

Pour l’économie

Si l’écologie ne touche pas tout le monde, il y a bien un domaine qui concerne la majorité des gens, et encore plus ceux qui nous gouvernent : l’économie. En effet, le problème de laisser enseignes allumées la nuit, tout comme l’éclairage public, est également économique. Eh oui : laisser les lumières allumées, dans notre ville comme dans notre appartement, ça coûte des sous. C’est d’ailleurs là-dessus qu’il faudrait communiquer avec nos élus strasbourgeois, selon Coco Kimenau : « Éteindre la nuit, ça fait faire des économies aux villes, tout simplement. Un élu, et c’est normal, sera plus sensible aux problèmes économiques et il ne faut pas hésiter à communiquer sur ce point-là. »

© Martin Lelièvre/Pokaa

Pour nos libertés

De manière moins intuitive, la pollution lumineuse joue également son rôle sur nos libertés individuelles. Quand on signe un bail d’appartement, il n’existe pas de clauses concernant le fait d’être en face d’une enseigne encore allumée la nuit. Un point de vue défendu par Coco Kimenau : « C’est une agression pour des personnes qui habitent en face, si t’as une chambre qui donne sur un gros panneau LED bah cette lumière va rentrer chez toi sans que tu l’aies demandé. Ta liberté c’est  aussi garder tes volets ouverts quand t’en as envie. »

© Martin Lelièvre/Pokaa

Pourquoi donc continue-t-on d’autant éclairer la nuit ?

Au vu de tout ce qui a été exposé ci-dessus, on peut légitimement se poser la question. La réponse tient majoritairement en deux points.

Parce que l’on a peur du noir

Le premier est intuitif, et toute trouvé selon Coco Kimenau : « Faut se le dire, c’est pas totalement rassurant de marcher dans une rue totalement plongée dans le noir. » C’est sûr, l’absence de luminosité possède un effet important sur notre psyché, faisant remonter un sentiment d’insécurité. De par nos croyances, alimentées par la télévision, les séries et le cinéma, difficile de se sentir en sécurité lorsqu’il fait nuit noire. Cela alimente également les peurs des commerçants, déjà dans une situation plus que difficile pendant ces confinements, et notamment celle de se faire braquer son magasin.

Pourtant, aucune étude n’a réussi à construire un lien entre le fait d’éteindre les éclairages publics et ceux des enseignes et une quelconque hausse de la criminalité, bien au contraire. Selon les chiffres disponibles de l’Observatoire national de la délinquance et des ripostes pénales (ONDRP) et d’études universitaires spécialisées en prévention-sécurité, ce serait même le contraire, avec près de 80 % des vols et agressions qui auraient lieu en plein jour.

© Martin Lelièvre/Pokaa

Une loi méconnue

« Nul n’est censé ignorer la loi », certes, mais difficile d’appliquer une loi que tu ne connais pas. Et l’on va dire que celle censée réglementer l’éclairage public n’est que très rarement mise en lumière par le ministère de la Transition Écologique et Solidaire ou même la ville de Strasbourg. Vous pouvez la retrouver en détail ici mais pour faire simple : Strasbourg et l’Eurométropole sont obligées de faire en sorte que les enseignes soient éteintes entre 23h et 7h du matin, selon le règlement local de publicité intercommunal (RLPi).

Par ailleurs, il est important de préciser que les enseignes qui restent éclairées ne sont pas forcément synonymes de mauvaise foi de la part de leur propriétaire. C’est juste que, souvent, ils ne sont pas au fait de la loi, selon Coco Kimenau : « Les magasins ne sont pas forcément au courant du problème et ne savent pas forcément qu’ils sont hors la loi. C’est à la maire, du fait de ses pouvoirs de police, de les informer et de faire un rappel à la loi» En effet, là encore selon la loi, c’est Jeanne Barseghian, en tant que maire de Strasbourg, qui a la responsabilité de communiquer là-dessus.

© Martin Lelièvre/Pokaa

Quelles sont les solutions possibles à Strasbourg ?

Maintenant que la situation est exposée dans sa pleine lumière, il faut se demander quelles solutions peuvent être prises pour limiter l’éclairage public dans notre ville.

Faire preuve de bon sens

Première solution : faire preuve de bon sens. Coco Kimenau commence : « Il y a quelque chose qui existe ça s’appelle le bon sens donc pourquoi pas éclairer intelligemment. » Il développe : « L’extinction totale, dans des grandes villes, ce n’est pas l’idée, on ne va pas éteindre totalement. Par contre, on pourrait essayer d’éteindre les rues les moins animées les quartiers résidentiels. Pour montrer que ça fait du bien à tout le monde sans aggraver la criminalité. »

Une proposition qui ferait faire des économies d’énergie à la ville, tout en garantissant aux Strasbourgeoises et Strasbourgeois un sentiment de sécurité. Le réalisateur ajoute d’ailleurs qu’une l’initiative en ce sens a déjà été prise ailleurs : « Dans ma rue à Schiltigheim, dès minuit, un lampadaire sur deux est éteint, et j’ai pas l’impression que ça dérange grand monde. Je vois beaucoup plus les étoiles, y a moins d’impact sur l’environnement, moins de pollution lumineuse. Ça c’est une solution assez facile, même s’il faut sensibiliser les gens et les élus. »

Il faudrait donc y aller à petit pas, graduellement. S’il faut se lancer, Coco Kimenau a une idée : « Le premier pas serait par exemple d’éteindre certains lieux et endroits qui la nuit ne sont pas animés. Des zones industrielles et des zones commerciales par exemple. À ce moment-là, le premier enjeu serait vraiment le sensibilisation. » Sinon, la ville pourrait se doter de nouveaux lampadaires, « qui s’allument automatiquement au mouvement. » Problème de l’opération ? Cela coûterait de l’argent au départ, puisque l’investissement est coûteux. Néanmoins, sur le long terme, cela pourrait être une vraie solution pérenne.

Ça par exemple, ce n’est pas du bon sens. © Vincent Brun

Organiser une sensibilisation de façon locale avec les enseignes et les pouvoirs publics

Bastien de son côté part sur un côté plus juridique : « On pourrait organiser l’extinction lumineuse à l’échelon local, avec le règlement local de la publicité. Par ce règlement-là il y a des dispositions concernant l’éclairage la nuit. Ils l’ont déjà réduit, mais 23h, c’est encore un peu tard. » Dès lors, ici, l’objectif serait de restreindre encore plus la période d’extinction des enseignes, par le moyen juridique. Surtout que, on l’a déjà évoqué plus haut, les maires ont la possibilité d’aller plus loin sur le sujet, à l’aide de leurs pouvoirs de police, comme « des moyens d’astreinte et d’amendes pour les contrevenants aux extinctions. »

À leur échelle, RAP a déjà pu agir :« Ce qu’on a fait pendant le premier confinement c’est une page Facebook « Éteins ton enseigne » où tout un chacun, selon les horaires d’extinction, pouvait taguer une enseigne qui restait allumée pendant la nuit. Avec les grosses enseignes, on pouvait entrer directement en contact avec les responsables de la communication, avec les petites on leur envoyait un mail pour les sensibiliser. »

RAP a d’ailleurs déjà entamé des démarches auprès de la municipalité strasbourgeoise pour tenter de faire valoir leurs idées : « On essaye d’engager un dialogue avec la mairie pour une charte pour les nouveaux commerçants. Ceux qu’on contacte ne sont pas de mauvaise foi, ils ne sont juste pas au courant. Cela prendrait la forme d’un grand plan de sensibilisation, pour expliquer que cela fait faire des économies, pour également expliquer les effets néfastes de cette pollution lumineuse. »

Nouvelle mairie, nouveau souffle ?

Justement, le 30 juin dernier, Strasbourg se mettait au vert et Jeanne Barseghian (EELV) devenait sa nouvelle maire. Un nouveau coup d’envoi de six nouvelles années pour notre ville. On peut alors légitimement penser qu’une mairie de mouvance écologiste sera plus tournée vers des sujets comme la pollution lumineuse, surtout vu la facilité de faire quelque chose de concret à ce sujet.

En tous les cas, Coco Kimenau pense qu’il y a des chances : « Niveau communication, ce serait très bon pour la ville de s’intéresser en détail à cette problématique-là. De toute façon, il n’y a que les élus qui peuvent agir globalement sur ce sujet. » Il rajoute tout de même que individuellement, on peut également agir pour moins de pollution lumineuse.

Jeanne Barseghian / © Pokaa

De son côté, Bastien pense qu’il y a une carte à jouer pour améliorer la situation : « Il y a vraiment une carte à jouer ; la municipalité est plus sensible à l’idée, et donc serait éventuellement plus sensible par des contacts avec nous. » Alors qu’auparavant, RAP agissait plutôt pour mettre les élus en porte-à-faux, l’idée serait de faire les choses autrement avec cette municipalité : « Il n’y aurait plus tellement besoin de les mettre en porte-à-faux mais dès le départ de commencer un dialogue avec eux, d’essayer de travailler main dans la main. L’idée n’est pas de faire leur travail, mais juste leur montrer ce qui ne va pas. »

Pour le moment, ces contacts sont encore embryonnaires : « On a réussi à prendre contact avec Marc Hoffsess – adjoint en charge de la transformation écologique du territoire, ndlr – qui nous a redirigé vers Suzanne Brolly – adjointe en charge de la ville résiliente et du Plan local d’urbanisme, ndlr. Il n’y a pas encore de vrais contacts avec les élus, mais l’idée serait de les pérenniser pour réussir à faire quelque chose de plus global. À voir, c’est peut-être naïf mais on pense que ça peut le faire. » En tous les cas, on y croit.

Le sujet de la pollution lumineuse revient forcément sur le tapis avec les problématiques du confinement, où pas grand-monde n’est censé être dehors à des heures qui demanderaient de l’éclairage. C’est une réelle possibilité d’agir pour la municipalité strasbourgeoise, très timide en termes d’annonces et de mesures ces derniers temps. En traitant ce sujet, cela leur permettrait de changer quelque chose à l’échelle de notre ville. Une mesure forte et concrète, qui ne manquerait pas d’illuminer davantage le ciel des Strasbourgeoises et des Strasbourgeois.

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