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Ils vivent du tourisme : les hôteliers alsaciens, ces grands piliers oubliés

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Tous les acteurs de l’économie subissent la crise à différents degrés. Certains poursuivent en partie leur activité, en s’adaptant comme ils le peuvent à une clientèle locale, et d’autres sont toujours à l’arrêt, dans une indifférence médiatique quasi-générale. C’est le cas des hôtels de notre région, piliers d’une économie désormais fragilisée. Une société hôteliers locale regroupant de multiples adresses de renom, et un indépendant : aujourd’hui, nous avons décidé donner la parole à deux hôteliers strasbourgeois, afin qu’ils nous expliquent comment leurs entreprises, aux tailles et au fonctionnement très différents, ont surmonté les deux mois passés, comment elles tentent de s’adapter et dans quelles conditions ces petits et grands hôtels pourraient rouvrir dans un futur encore incertain.

Rouvrir les hôtels : un enjeu de taille

Les hôtels font partie de la liste des commerces qui ont été autorisés à rouvrir à partir du 11 mai. Mais sans client, quel intérêt ?
Pour eux c’est simple : les frontières fermées, pas de touristes qui les traversent, c’est zéro activité et autant d’euros qui rentre dans les caisses. Ajoutons à cela un virus qui circule encore et qui inquiète les touristes français et étrangers. Ces mêmes touristes reviendront-ils une fois que les frontières rouvriront ? Personne ne peut répondre à cette interrogation. Tout un pan de notre économie locale avance aujourd’hui à tâtons, dans un noir quasi-complet.

Pourtant, ces établissements sont non seulement d’une importance capitale pour le tourisme et le dynamisme économique de l’Alsace, mais aussi pour l’emploi. En effet, au 1er janvier 2019, les hôtels et hébergements alsaciens (hors campings) employaient 6 319 salariés dans 1 011 établissements. Ils représentaient alors 1 % de tous les salariés de la région. La fermeture de ces établissements, premiers maillons de notre chaîne économique, est donc un symbole fort. Un triste constat symptomatique de la crise sans précédent que nous vivons.

Vincent Faller, le boss de l’Hôtel Graffalgar et Stephanie Scharf, directrice Concept & Innovation du groupe hôtelier Sogeho (Boma, Cour du Corbeau, Régent Petite France, Les Haras…) nous éclairent aujourd’hui sur la situation de crise actuelle et sur l’avenir de leur métier.

On est sous perfusion depuis le 17 mars

Deux mois sans aucune rentrée d’argent. L’heure n’est pas encore au bilan catastrophe mais les salariés ont bien sûr été invités à rester chez eux, au mieux en bénéficiant du chômage partiel. Bien sûr, les aides de l’État, la trésorerie et les banques permettent aux hôteliers de tenir le coup pendant cette période, même si on ne sait pas jusqu’à quand cela va durer. Mais pour Stéphanie comme pour Vincent, la priorité a été de mettre leurs équipes à l’abri, et ce, dès le début de la crise, comme nous l’explique Vincent :

“Les 10 salariés du Graff’ sont payés, heureusement, c’était la priorité. J’ai la chance d’être propriétaire et je ne suis pas à plaindre si je me compare à certains de mes confrères qui ont davantage de frais. J’ai bien sûr contracté un emprunt à taux zéro conséquent, mais le jour où les banques me lâchent, et que je dois rembourser mon crédit, en deux jours tout peut s’écrouler. Si tout se dégèle, que les frais repartent sans que les touristes se pointent, c’est foutu. En fait, l’image qui définit le mieux la situation actuelle, c’est la perfusion… On est sous perfusion depuis le 17 mars.

Le Graffalgar est une petite structure qui subit la crise de plein fouet : le télétravail n’est par exemple pas envisageable pour les salariés. Là bas, le lien entre la clientèle et le personnel est évidemment rompu et l’esprit d’équipe et de camaraderie propre à l’établissent qui fédère les salariés entre eux, a malheureusement pris un sacré coup à cause de l’isolement. Du côté des hôtels du Groupe Sogeho, le problème de fond est le même, l’activité est à l’arrêt. Mais la taille du groupe, le nombre élevé de salariés et la diversité des métiers que composent l’hôtellerie haut de gamme permet à certains salariés d’accéder au télétravail, et même à quelques réunions stratégiques en face-à-face (avec précautions) afin de continuer à faire tourner la baraque et d’envisager l’après.

C’est en tout cas ce que nous livre Stéphanie Scharf : “Lorsque la crise est arrivée, que l’ensemble des établissements ont du précipitamment fermer leurs portes, notre priorité a été de mettre à l’abri nos salariés. Nous avons pu proposer du télétravail à ceux qui pouvaient travailler chez eux et surtout, nous avons eu à cœur de garder un lien avec chaque salarié de nos huit hôtels, à Strasbourg comme à Colmar. Nous pouvons très rapidement être en difficulté, mais nous ne pensons jamais aux malheurs qui pourraient arriver, nous allons de l’avant. Nous savons que nous allons rouvrir, nous devons rouvrir nos hôtels et nos restaurants, pour nos salariés comme pour nos clients, l’inverse est impensable. Nous aimons notre métier, notre clientèle nous fait confiance, nous avons une relation privilégiée avec eux et sans hôtel l’économie est au ralenti. Il faut que la machine reparte pour le bien de tous.” 

Un premier bilan : comment les hôtels se sont adapté à cette crise ?

Pour tenter de diversifier son activité et de faire entrer un peu d’argent dans les caisses, le Graffalgar a loué sa cuisine à une restauratrice et quelques-unes de ses chambres à d’autres professionnels. En effet, lorsque le confinement a été annoncé, Vincent a proposé de louer deux de ses chambres à une coiffeuse et à une sophrologue. La location des chambres a été pour elles une aubaine et les clients s’y sont pressés. Cette initiative ne permet pas de faire de réels bénéfices, mais elle permet par contre d’entrer dans une dynamique d’entraide, pour proposer une synergie constructive, afin de se réinventer et de trouver de nouvelles idées ensemble. Mais pour Vincent, ce qui est le plus rageant, c’est l’incertitude, pas de lumière au bout de ce tunnel, en tout cas, pas pour l’instant :

“Aujourd’hui ça va, on tient, même si le chiffre d’affaire des deux derniers mois est quasi nul, le plus dur est devant nous. Là on a passé deux mois de vacances si je puis dire, mais le pire est à venir. Tenir jusqu’à quand ? C’est une bonne question… Je n’y ai pas pensé, pourtant je suis d’un tempérament positif mais là c’est le flou total. Quand on se compare au reste de l’Europe, on est bien lotis. En France, on est aidé, Macron ou pas Macron. Mais cette situation ne peut pas durer éternellement. Il faut que ça bouge très vite.”

Stéphanie Scharf et ses équipes se projettent dans un futur proche et apprennent également à se réinventer. Un travail de longue haleine pour relancer d’une manière nouvelle et prospère ce mastodonte du tourisme à l’alsacienne :

“Nous prenons cela avec positivité. Avec le recul qui nous a été imposé nous avons pris le temps pour nous réinventer, pour peser le pour et le contre, c’est d’ailleurs le moment de réinventer notre métier. Au début de la crise, nos restaurants des hôtels de la Petite France et du Boma ont, par exemple, participé au projet des repas pour nos anges gardiens. Ce n’était rien mais nous avions à cœur de le faire. Nous étudions actuellement les possibilités pour assurer une reprise saine. Nous imaginons différents plans de relance, notamment avec nos restaurants dont certains ouvriront leur cuisine à emporter. Aussi, nous discutons beaucoup avec nos partenaires des différentes possibilités qui vont s’offrir à nous dans les prochains mois. Nous apprenons à surfer sur une nouvelle vague si je puis dire. Nous suivons l’évolution de la situation de très près, c’est elle qui dictera l’avancée de nos projets. Heureusement les choses évoluent, lentement mais positivement, le virus circule encore mais tout de même beaucoup moins : nous espérons que la situation s’améliorera rapidement pour mettre en œuvre de manière la plus efficace possible notre plan de relance avant l’été.”

Imaginer l’après : qu’est-ce qui pourra les sauver ?

Tous les hôteliers préparent l’après, chacun à sa manière et avec les moyens dont ils disposent. Les grands groupes comme les petits s’organisent. Mais l’incertitude du calendrier est rageante pour tout le monde et l’avenir ressemble pour l’instant à un grand flou artistique :

“Nous ne savons pas dans quelles conditions nous allons rouvrir, ni quand exactement, nous raconte Vincent. Nous réfléchissons à reprendre l’activité de l’hôtel début juin, mais comment ? Avec un effectif complet ? Nous ne savons pas pour l’instant même si la date approche. Pour que l’activité reprenne, il faudra que tout le monde joue le jeu, que les touristes français n’aient plus peur du foyer épidémique alsacien et de cette fameuse zone rouge. Il faudra aussi que les Strasbourgeois reviennent au resto, pour nos brunchs par exemple, mais cela je n’en doute pas. Dans quelques jours on en saura plus, on s’organise que notre retour se fasse au mieux sans aller trop vite, parce que le risque c’est de penser que du jour au lendemain tout redeviendra comme avant.”

En priorité, il faudra bien évidemment compter sur une clientèle dite domestique, sur des clients français, européens peut-être mais aussi strasbourgeois. Car le Graffalgar comme les huit hôtels du groupe Sogeho comptent eux aussi des habitués qu’ils auront plaisir de retrouver mais qu’il faudra satisfaire :

“Je pense que ce sont les Français qui seront le plus amenés à venir chez nous, anticipe Stéphanie. Il faudra peut-être longtemps avant que nous retrouvions des taux d’occupations semblables à ceux que nous avions avant mars. Nous avons des clients historiques qui doivent d’abord être rassurés, c’est indispensable. Aussi, l’Alsace a été un foyer de propagation du virus et la couleur rouge ne rassure pas vraiment les touristes, que ce soit en France ou à l’étranger. Alors pour que les clients reviennent, il va aussi falloir que les médias communiquent de manière positive, bien évidemment sans faire courir de risques mais en ayant une communication raisonnée. Nous réfléchissons à faire des tests en ouvrant un ou deux établissements, nous étudions la question en ce moment. Nous repensons toute notre manière de travailler pour que nous soyons en mesure de répondre non seulement aux attentes des clients historiques mais aussi des nouveaux arrivants. Nous allons nous en sortir et apporter de belles nouveautés, nous n’avons qu’une envie c’est de rouvrir et je pense que les clients ont également hâte de revenir.

Pour Stéphanie Scharf comme pour Vincent Faller, bien que les établissements qu’ils représentent sont en tous points très différents, le constat est finalement le même. Tout deux ont subi cette crise de plein fouet. Celle-ci a eu un sérieux impact sur la trésorerie, sur l’esprit d’équipe et sur le personnel en lui-même, mais elle a aussi permis de se poser, de prendre le temps de réfléchir à ses forces, à ses faiblesses et de se renouveler. Tout deux ont pris conscience des problèmes auxquels ils vont devoir faire face mais également des possibilités qui s’offrent à eux. En tant que responsables d’hôtels reconnus, ils doivent désormais s’adapter à la crise et rassurer leur clientèle tout en continuant de proposer de belles nouveautés. Un sacré défi après de longs et douloureux mois d’inactivité.

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