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Doit-on se préparer au pire ? Un survivaliste alsacien parle de notre quotidien

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Être prêt à la fin du monde, une guerre, une pandémie, un attentat ou plus simplement, à la chute d’un arbre : voilà le leitmotiv des survivalistes. Oubliez vos idées préconçues : j’ai moi-même appris durant cet échange qu’ils ne sont pas tous des fous en treillis kaki qui se frottent les mains en attendant une attaque nucléaire. Souvent, ils sont simplement des gens pragmatiques, avec une vision du monde et de leur environnement réfléchie et intelligente.
Loin d’un scepticisme extrême, Jérôme fait partie de ceux qui préfèrent se préparer au pire. Cultiver la terre, mais aussi le corps, l’esprit, la réflexion. Pour comprendre son mode de vie et ses idées, j’ai posé à Jérôme quelques questions, qu’un non-initié poserait à un expert en la matière.
Jérôme Bostaetter – Document remis

Peux-tu te présenter en quelques mots et me partager ton parcours ?

Je m’appelle Jérôme, j’ai 33 ans. Je suis actuellement en poste au sein du Synchrotron SOLEIL. Il s’agit de ce que l’on appelle humblement une Installation de Très Haute Technologie, utilisant un accélérateur de particules comme outil principal pour la réalisation d’expériences destinées à la recherche scientifique aussi bien fondamentale qu’industrielle. Depuis avril 2012, j’y exerce le métier de Technicien Sécurité au sein de la Direction Générale.

Pour ce qui est de mon parcours, en 2003 j’ai commencé par faire un BEP chimie parce que ça me passionnait à l’époque. J’ai continué avec un bac STL biologie puis un DUT HSE (Hygiène Sécurité Environnement : pas que ça me passionnait mais il y avait plus de débouchées dans cette branche. J’ai continué avec une licence Qualité Sécurité Environnement à Colmar et je suis parti à Miami en école de langues pendant 4 mois, puis en Guyane. Je suis ensuite rentré en métropole où j’ai bossé pour DMC à Mulhouse. J’ai postulé pour un poste au Gabon où j’ai été recalé pour enfin être pris là où je me trouve actuellement.

Peux-tu m’expliquer en quelques mots en quoi consiste le survivalisme ?

Pour moi, il y a autant de visions du survivalisme que de survivalistes. Dans l’imaginaire commun, le survivaliste est un mec avec des habits de militaire qui va faire du camping dans la forêt et acheter un fusil à tout prix. Ça, c’est du n’importe quoi, mais c’est la vision qu’en ont la plupart des gens. Le survivaliste, c’est quelqu’un qui peut passer d’une situation standard à une situation exceptionnelle et qui va savoir exactement quoi faire. Prenons une situation comme le Bataclan. Un concert qui se passe bien, et d’un coup il y a des mecs qui rafalent à la kalash. Le survivaliste va comprendre tout de suite la situation, garder son sang-froid et savoir comment agir, en l’occurrence, s’enfuir tout de suite sans jouer au héros. C’est quelqu’un qui a déjà des schémas pré-établis pour pouvoir réagir froidement et ne pas se laisser dépasser ou surprendre.

Est ce qu’il y a une notion d’apprentissage de la vie en autonomie et en indépendance ? 

Oui, aussi. Il y a des choses qu’il faut savoir faire, après ça dépend des gens et du contexte. Moi par exemple, j’ai appris à cultiver en permaculture. Savoir créer de la nourriture, c’est quelque chose d’extrêmement important. D’abord pour se nourrir, mais aussi parce qu’en cas d’émeute ou de gros problème, les gens ne vont pas chercher à buter la seule personne qui est capable de faire pousser à bouffer, c’est une manière aussi de créer une communauté.

Potager de permaculture – Jérôme Bostaetter – Document remis

Quand et comment est venu ton intérêt pour les méthodes de survie et l’apprentissage d’un mode de vie basé sur l’autosuffisance et l’autonomie ?

Déjà tout petit. Avec mes parents on faisait tout le temps du camping, mon père partait avec le minimum de matériel, le but était déjà d’apprendre à être autonome. Plus tard au collège, j’ai vite compris que la courbe de la croissance de la population humaine est exponentielle, et que la planète et un modèle qui n’augmente pas en exponentielle. C’est un modèle fini, et on ne peut pas mettre une exponentielle dans un modèle fini, ça finit par bloquer. J’ai donc commencé à changer ma vision des choses et à me préparer.

Est ce que le survivalisme est compatible avec un mode de vie « normal » ?

À partir du moment où une personne ne fait que s’informer pour expliquer à son cerveau qu’il y a des mécanismes à apprendre, des situations qui peuvent varier, c’est déjà se préparer.

Il y a deux biais principaux dans l’espèce humaine : le biais de confirmation et le biais de normalité. Je m’explique. Le cerveau a souvent tendance à être fainéant, il se dit qu’une situation normale va durer éternellement. Travailler, avoir un salaire, c’est considéré comme une situation normale par beaucoup. Sauf que le salariat dans l’histoire de l’humanité, ça n’existe pas depuis très longtemps. Les périodes où il n’y a pas de famine en Europe sont en réalité exceptionnelles, ça ne fait même pas 70 ans qu’il n’y en a plus. Sur l’échelle de l’humanité, c’est rien, c’est une seconde. C’est cela le biais de normalité, se convaincre qu’une situation est normale sans prendre de recul. Ensuite, le biais de confirmation, c’est quand on se complaît dans une situation et qu’on veut qu’elle reste ainsi. On va vouloir la confirmer en cherchant uniquement des infos qui vont dans ce sens, et jamais chercher d’infos contradictoires pour perturber son utopie. Moi le premier, je garde toujours en tête que je peux me tromper. Il faut savoir toujours se remettre en question, être flexible d’esprit.

Y a-t-il des choses que tu fais quotidiennement, du matériel qui ne te quitte jamais ?

Beaucoup de survivalistes ont effectivement un sac avec eux, ce qui pour moi n’est pas forcément une très bonne idée parce qu’au moment où ils ne l’auront pas, ça risque de mal se passer. Néanmoins, j’ai toujours un briquet sur moi, parce qu’il a déjà fallu que je fasse du feu, et sans briquet c’est un merdier pas possible.

Par contre, si il y a quelque chose d’ultra important, c’est la condition physique. Je fais pas des tonnes de sport, mais minimum 20 minutes tous les deux jours, juste pour garder une condition. Quand un corps n’a pas la condition pour faire quelque chose, cela peut être fatal. Un truc tout con : il faut s’enfuir d’une fusillade et vous n’arrivez plus à courir parce que vous êtes épuisé, vous prenez une balle et puis c’est tout. Vous n’arrivez pas à faire trois tractions, il suffit que vous vous retrouviez accroché à un toit après la chute d’une échelle, ou bloqué en pleine session d’escalade. Si vous n’avez pas le minimum de force pour vous hisser vers le haut, c’est la chute. C’est pas forcément dans le cadre du survivalisme, avoir un corps qui fonctionne bien est essentiel au quotidien. Ne sacrifier ni le sommeil, ni l’alimentation ni le sport, c’est les trois piliers. Le sommeil, c’est la base pour avoir un cerveau équilibré, l’alimentation c’est pour ne pas chopper des maladies de merde, et le sport c’est pour avoir un corps en bonne condition.

Jérôme Bostaetter – Document remis

Quelles sont les particularités du survivalisme en Alsace ?

Il n’y a rien de spécial par rapport au reste de la France, si ce n’est que les gens en Alsace sont plus pragmatiques et plus terre-à-terre, donc on pourra se faire aider plus facilement en cas de problème. Les Alsaciens sont plus débrouillards, c’est lié à la mentalité germanique, les Latins font une connerie après l’autre c’est un truc de fou. Le coté germanique alsacien, on ne s’en rend pas compte quand on vit en Alsace, mais il suffit de passer une journée à Paris pour comprendre la différence.

Il y a des clubs ou des portes d’entrées pour commencer à pratiquer la survivalisme en Alsace ? 

Je ne suis pas assez informé pour savoir s’il existe des clubs ou des stages, je n’en sais pas grand chose. Cependant, les clubs de tir, de chasse ou de air soft sont généralement dans une logique survivaliste. Ça, c’est plutôt le côté disons « violent ». Après, les jardiniers, les cultivateurs, les permaculteurs font aussi du survivalisme, plus même que les tireurs. 

Disons qu’il y a deux profils : les destructeurs, ceux qui vont tirer, chasser et les créateurs, ceux qui vont faire pousser. Les survivalistes sont un mix des deux. Faire pousser des choses si on ne peut pas les défendre, ça ne sert à rien.

 La vie d’un « survivaliste » demande de l’organisation et des moyens financier pour l’équipement ou est-ce une impression ?

Absolument pas, ça demande une rigueur de vie, éventuellement un peu de temps. Il faut être très rigoureux dans sa tête, dégager les choses nocives, la télé, les notifications. Il faut se prendre en main, prendre soin de soi au quotidien. Souvent, les gens se mettent à fond dans un truc, par exemple au sport ou à la peinture, et pendant trois semaines, ils se défoncent tous les jours dans leur truc, puis ils finissent par saturer et tout arrêter. L’idée, c’est de faire un peu chaque jour, sans que ça devienne une corvée.

Est-ce que le survivalisme n’est pas, quelque part, une vision pessimiste et sceptique du monde qui empêche de jouir de la vie comme elle vient ?

Là on parle plus des collapsologues, qui pour moi sont vraiment dans l’idée que tout va s’effondrer, mais qui ne font pas grand chose derrière. Ils disent que l’humanité va s’effondrer, qu’on vide les océans, etc. En réalité, ils ont raison : les données qu’ils amènent sont justes, mais ils perdent la notion de l’incroyable capacité de survie des humains. Le corps humain est une machine à survivre, nos ancêtres sont passés à coté de l’extinction plusieurs fois, mais nous sommes encore là. Après, il ne faut pas oublier que ça fait 50 ans qu’on vit dans un confort moderne absolu. C’est ce genre de confort qui nous amène à nous poser des questions du genre « Est-ce que je vais me teindre les cheveux en bleu ou en rose ? », où « Est-ce que je suis un homme, une femme ou une pizza ? » C’est le genre de questions qui vont vite disparaître le jour où il faudra survivre.

Tu as fait des choses particulières en préparation au Coronavirus  ?

J’ai agrandi le potager familial en multipliant sa surface par trois. J’avais aussi déjà des réserves de nourritures.

Un dernier conseil à ceux qui voudraient se lancer dans le survivalisme ?

Avoir une bonne hygiène de vie et éviter la télé. Les pubs sont faites par les neurologues, elles ont un effet direct sur les réflexes du cerveau reptilien, ça empêche la personne d’être autonome, ça rend domestique. Prendre du temps pour soi, loin des pollutions générées par les notifications, et se documenter en gardant une réflexion objective et saine. Éviter aussi absolument les chaînes et les pages complotistes, c’est tout de suite des pièges, c’est souvent très bien fait, très structuré, et c’est un cercle vicieux qui fait qu’on va se plonger dedans et finir déprimé ; la déprime et le pessimisme sont des ennemis du survivaliste.

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