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Kamille Plumecocq, l’illustratrice strasbourgeoise qui dessine le journal de 20h

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Pleins feux sur l’actu, vue par Kamille Plumecocq : entre papiers découpés, reportages dessinés et depuis octobre, l’actu décryptée, petit portrait d’une illustratrice pleine de talent et Strasbourgeoise de cœur depuis 2 ans.

L’automne a ramené dans son sillage son lot de feuilles orangées. Et octobre, son lot de feuilles crayonnées avec Inktober, le défi que se lancent depuis 10 ans des illustrateurs de tous pays, avec 31 dessins sur 31 jours. Kamille Plumecocq, jeune illustratrice de 27 ans, installée à Strasbourg depuis 2 ans, a profité de cet Inktober pour dessiner et vulgariser l’actu. Focus sur cette Strasbourgeoise d’adoption, son parcours et son défi auquel elle n’est pas la seule à avoir pris goût.

Kamille Plumecocq, dans son petit univers
Crédit photo : Fanny Soriano

Adieu Métro-Boulot-Dodo, Bonjour Vélo-Boulot-Pinceau !

Débarquée de son Versailles natal et Savoyarde d’origine, Kamille Plumecocq ne s’est pourtant pas installée dans notre région par hasard. Strasbourg, elle l’a longtemps reluquée depuis la Capitale. On l’ignore parfois, mais notre jolie ville est un pôle important de l’illustration française. Qu’elle regorge d’illustrateurs, de festivals pour les fous du fusain (tels que Strasbulles ou Central Vapeur qu’on t’a déjà présenté par ici), de collectifs, d’ateliers d’artistes, de formations (la HEAR, L’Iconograf), m’a d’ailleurs longtemps semblé être un heureux hasard. Eh bien, si Nantes est réputée pour sa scène rock, Strasbourg, elle, son rayon, c’est le coup de crayon. Une niche connue et reconnue dans le milieu.

Attirée justement par son microcosme créatif, et son joli centre qu’elle a finalement arpentée en plein marché de Noël 2017, elle troquait le mois d’après, les longs trajets en métro de la banlieue parisienne pour les rues pavées et les sorties à vélo. Et depuis bientôt 2 ans, elle a posé ses valises non seulement à Strasbourg, mais également dans ma coloc, avec dans ses bagages : sa fantaisie, des projets par milliers, et surtout, un regard malicieux et curieux sur le monde qui l’entoure.

Un chemin tout tracé : le dessin comme dessein

Thés chauds à la main, au salon, on revient sur son parcours : sortie d’une école de mode – l’Atelier Chardon-Savard – à Paris, qui a « vachement sensibilisée [s]a façon de voir les textures, les couleurs, les matières », elle enchaîne avec quelques stages, comme coloriste dans une maison prêt-à-porter de luxe, ou pour un site de jeux éducatifs en ligne pour enfants. Puis, elle intègre, pendant 2 ans, le Cesan, une école de BD, où elle y apprend les arts narratifs (la bande-dessinée, le dessin de presse…) : sa vocation.

Quelques mois plus tard, à 25 ans, et un diplôme en poche, elle débarque à Strass et s’implique rapidement dans des projets collectifs : des fanzines (Polypore, que tu as pu croiser à la Librairie du Quai des Brumes), ou BDébat, une rencontre mensuelle organisée aux Savons d’Hélène par des illustrateurs et aficionados, où ça parle bulles autour d’une bonne mousse. Elle a également participé en juin, à l’appel lancé par Aimons-nous tou-te-s contre l’arrêté anti-mendicité, afin d’exposer dans la rue des dessins militants, et de soutien aux SDF, en réaction à la décision de la municipalité (dont Pokaa te parlait par ici) et par-là même, interpeller les citoyens.

Des idées plein la tête, dessiner à plein-temps

En parallèle de ces travaux collectifs, les projets perso, ce n’est pas ce qui lui manque. Mais le temps, peut-être…qu’elle doit partager entre un boulot alimentaire à mi-temps (une des réalités du monde de l’édition), et à côté, son boulot prioritaire à plein-temps : ses planches, ses croquis, carnets de voyage, collages, pliages, bricolages… Disons-le : c’est effarant tout ce qu’elle sait et peut faire. A chaque jour, son nouveau défi.

Mais quand on sait tout faire, qu’est-ce qu’on préfère ? Pour elle, « bêtement : de dessiner ». Elle m’explique que « certains font de la BD pour raconter, ou écrire », et que pour elle, c’est « purement le dessin ». Et à côté, son deuxième amour, c’est le papier découpé « qu'[elle] garde et qu'[elle] adore, et auquel [elle] revient toujours », au point d’avoir même pensé un jour, être ingénieure papier.

Elle alterne donc entre l’illustration où elle prend le temps, avec aquarelle, collage et plume, et « le dessin lâché de reportage, le croquis, le crobard, le dessin d’observation… où [elle]dessine sans réfléchir ». Dans le vif, dans l’instant. Ses outils ? Un carnet et quelques feutres. Et avec un large sourire et des étoiles dans les yeux, elle me parle du Carbon Pen et de son doux glissement sur le papier : « un régal ».

Discrète et qui n’en rate pas une miette, Kamille ne se déplace donc jamais sans son carnet qu’elle sort régulièrement, cachée dans un coin, à croquer une discussion animée de fin de soirée, une anecdote du Giboul’off ou de la Fête du Cambouis, à griffonner, depuis le public, un gag d’un spectacle, à synthétiser le monologue d’une conférence, ou à immortaliser ses dernières vacances.

Le 19-20 en dessins

A côté, elle nourrit des envies de BD documentaire, s’intéresse à l’écologie, la nature, l’économie circulaire, au monde qui l’entoure… Et c’est tout naturellement un désir personnel de mieux comprendre l’actualité, qui l’a amenée en octobre à orienter son Inktober – auquel elle s’attelle presque chaque année – à un décryptage quotidien des news. L’avouant elle-même : « les infos, cela ne [l’]a jamais intéressé, et toujours déprimé ». Mais en septembre, elle a commencé à se motiver à les regarder, « mais comme [elle n’a] aucune mémoire, [elle a] décidé de dessiner pour [s]en rappeler ». Elle voit l’actu comme des « histoires à suivre », qui durent un, deux, trois jours, voire plusieurs semaines ou mois. Des épisodes dans une plus grande saga.

Le Brexit, vu par Kamille Plumecocq

Depuis le début de son Inktober, l’envie lui est venue de continuer l’expérience sur toute l’année, « pour avoir du recul. Et comprendre un peu mieux ». Son dessin sur la crise kurde a eu particulièrement de réactions. Mais on peut aussi y croiser le Brexit, les débats autour de la PMA, la crise écologique, des alternatives écolos pour enterrer les morts sur la période allant d’Halloween au 3 novembre…
Avec quelques bulles, quelques flèches, elle réussit l’exploit de vulgariser des sujets qui paraissent parfois opaques, ou de visibiliser des causes qui l’intéressent.

Ce qui a commencé par une envie perso, a finalement plu à d’autres. Elle m’avoue que son lectorat est différent. Là où un « joli dessin » tiré de ses illus habituelles va récolter des likes, sur Instagram ou Facebook, ses illus de l’actu, elles, suscitent davantage de réactions, des commentaires l’encourageant dans sa démarche.

Encouragements peu superflus quand on sait le temps que lui prend chacune de ses pastilles quotidiennes… Entre le temps de visionnage des news du jour (elle croise, selon ses humeurs et l’actu du moment : le 19-20 de France 3, le 20h de France 2, les gros titres du Monde, et Sciences Avenir), puis les recherches autour des sujets qu’elle maîtrise moins, et le dessin lui-même : facilement 2h. Un jour de retard sur son programme quotidien, et ça se transforme en 4-5h de boulot. Plus de temps nécessaire qu’elle ne l’imaginait en démarrant le challenge, mais une vraie envie de continuer. Le tout, en jonglant avec les deadlines de ses multiples projets.

La crise des Kurdes vue par Kamille Plumecocq

Alors si comme moi, t’as pas la télé et que t’es bien content que quelqu’un la regarde pour toi et te fasse un résumé, n’hésite pas à suivre son actu !


Pour suivre Kamille Plumecocq :
Son site
Son Instagram
Son Facebook


Infos bonus : tu pourras bientôt la retrouver dans Court-Bouillon, un fanzine qui sera vendu pendant la période de Noël à Strass (entre autres à l’Atelier du Bain aux Plantes) avec tout un tas d’artistes de talent.
Et pour ceux qui sortent de Strasbourg, elle sera accrochée du 29/11 au 23/12 dans une
expo en région parisienne.

Crédits photos des illustrations utilisées dans l’article : Kamille Plumecocq


>>Fanny Soriano<<

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