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Il était une fois… la véritable histoire d’Halloween (en Alsace et ailleurs)

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En cette soirée d’Halloween, j’espère pour vous que vos placards regorgent de friandises. Car si ce n’est pas le cas et qu’à la tombée de la nuit, vous entendez frapper à votre porte : planquez-vous ! Car voici le cortège mi-horrifique mi-clownesque composé de pyjamas-squelettes, de sorcières en baskets à paillettes et de loups-garous moins effrayants que le chanteur lui-même… Et si cette farandole bigarrée repart bredouille, c’est sur vous et votre maison (ou ton appart’ de 15m2 si t’es étudiant) qu’elle jettera un sort ! Trick or treat ! Mais avant ça, pourquoi ne pas parler un peu de l’histoire d’Halloween et de son évolution dans le temps. À vos marques, prêts, sortez vos cucurbitacées !

Quand on pense à Halloween, on a en tête tout ce décorum fait de cimetières nappés de brouillard, de citrouilles grimées en tête grimaçante, ou bien encore le film horrifique de John Carpenter. En fait Halloween, pour nous aujourd’hui, c’est surtout de la pop culture bon enfant. Il faut dire que ce n’est que depuis les années 1990 que la fête est devenue à la mode dans nos contrées. Encore une fois, le way of life américain a conquis le vieux continent. Pour autant, ce n’est qu’un retour à l’envoyeur. Car oui Halloween est bien une fête européenne, folklorique et ancestrale. Comme son nom l’indique : All Hallows Eve (« la veille de tous les saints » en vieil anglais), elle est issue des îles britanniques celtes et notamment de l’Irlande…

La fête de Samain : aux origines celtes d’Halloween

Il fut un temps ancien où le christianisme n’avait pas encore relégué la religion celte au second plan dans les îles du nord de l’Europe. Plusieurs centaines d’années avant la naissance de Jésus. Autour du 1er novembre de chaque année était célébrée la fête de Samain, une des quatre grandes fêtes celtes (je dis autour du 1er novembre car comme les Celtes utilisaient un calendrier lunaire, ce jour de pleine lune choisi pour la fête ne revenait pas annuellement à la même date fixe). Pour être exact, elle commençait la nuit, donc en fait à la tombée du jour du 31 octobre, comme Halloween.

Samain, c’était un peu notre nouvel an à nous. Sans les cotillons. Elle marquait en effet l’interstice entre la fin d’une année et le début d’une autre. L’année à venir commençait par sa moitié sombre, l’hiver. La moitié claire ne revenant que le 1er mai. C’est à ce moment qu’on cessait les travaux aux champs et qu’on rentrait les bêtes des pâturages pour les mettre à l’abri dans l’étable.

Le mot « interstice » est intéressant. Il signifie que des choses peuvent s’y glisser. Ou des êtres… En fait ce jour de Samain, c’est aussi le jour où l’on peut communiquer avec l’Autre Monde (le Sidh), celui des dieux. C’est le jour de l’entre-deux où le passage des morts vers le pays des vivants est possible. D’où l’ambiance légèrement flippante et l’envie d’allumer des feux histoire de baliser le passage afin que les âmes errantes retournent dans le droit chemin, à savoir le monde des morts. Les costumes que l’on vêtirait aujourd’hui pour effrayer le badaud seraient donc une sorte de revival de ces âmes défuntes qui erraient le temps d’une nuit sur Terre.

Pour ma part, j’ai une version toute personnelle héritée d’une professeure d’anglais lorsque j’étais au collège. La voici : en fait si les gens se griment à Halloween, c’est justement pour être encore plus affreux que les morts eux-mêmes, en goguette dans nos campagnes, et les effrayer afin qu’ils se carapatent à toute berzingue dans leur monde à eux. Bon elle ne nous l’avait peut-être pas tout à fait racontée dans ces termes, mais vous imaginez le topo. Version qui, soit dit en passant, me plaît beaucoup.

Samain était donc une fête religieuse, mais aussi politique et sociale. Les trois jours précédents et les trois jours suivants avaient lieu des banquets où l’on mangeait de la viande et buvait de la bière et de l’hydromel. On prenait des décisions pour la communauté, on scellait des alliances. Petite précision : c’était une fête obligatoire et placée sous l’autorité des druides. En cas d’absence, le fautif n’avait pas besoin d’être puni : il devenait tout simplement fou et mourrait dans la foulée. Eh ouais on déconnait pas avec les teufs à l’époque. Heureusement que ce n’est plus la même aujourd’hui quand on est obligé d’aller fêter la Toussaint en famille chez tata Jacqueline.


La christianisation de la fête de Samain

Mais, comme pour le Carnaval, autre fête d’origine païenne, l’apparition du christianisme va modifier les choses, sans les chambouler tout à fait. La particularité de la religion chrétienne, c’est que lorsqu’elle ne parvenait pas à éradiquer une ancienne pratique païenne, elle a souvent su l’amalgamer, c’est-à-dire l’absorber pour la faire sienne, l’adapter afin qu’elle continue d’exister dans les populations pour qui elle demeure importante tout en étant en adéquation avec les dogmes.

Alors, comment Samain et la Toussaint se sont-elles télescopées ? Il est intéressant de noter que la fête à l’origine de la Toussaint fut d’abord fixée au 13 mai lorsque le pape Boniface IV décida au VIIe siècle de célébrer tous les martyrs. C’est Grégoire IV qui décida au IXe siècle de l’élargir à tous les saints (Toussaint) et surtout de la déplacer à la date du 1er novembre. En fait pour l’Église chrétienne, décider de fêter les saints le jour de la fête de Samain permettait de modifier le sens profond de cette dernière sans la supprimer. D’ailleurs le fait d’instaurer au XIe siècle, la Fête des morts le 2 novembre, dans la foulée, n’est certainement pas anodin – le lien avec Samain pouvant paraître évident.

Fra Angelico, Les précurseurs du Christ avec les saints et les martyrs (1423-1424)

Pour autant, malgré la christianisation de ce 1er novembre, les traditions associées à Samain ont perduré et cohabité avec les rites chrétiens dans les îles britanniques. Et si l’on pense à tort qu’Halloween est une fête américaine, c’est dû à l’émigration massive d’Irlandais au XIXe siècle aux États-Unis et notamment à New York. C’est eux qui ramenèrent dans leurs valises cette histoire, mais aussi la tradition de la bougie dans une citrouille (dans un navet à l’origine ! Heureusement qu’on est passé à la citrouille car je sais pas si vous avez déjà essayé de faire un masque dans un navet, c’est un peu… navrant).

Une jack-o’-lantern traditionnelle irlandaise dans un navet

Ici deux légendes se chevauchent : celle d’Halloween et celle de Jack-o’-lantern, cet ivrogne irlandais qui se joua du diable en personne pour gagner quelques pièces, mais qui à sa mort se vit refuser et les portes du Paradis (normal il était ignoble) et celles de l’Enfer (normal il avait mis en rogne le tenancier) et fut donc contraint d’errer sans fin avec sa lanterne à la main.

Je suppose qu’en Alsace, c’est plutôt dans les betteraves qu’on évidait des citrouilles…

Halloween : une fête sans grand passé (ni grand avenir?) en Alsace

Parlons-en de l’Alsace. Il ne faut pas l’oublier, le Nord-Est de la France fut une terre celte ; le massif des Vosges en particulier dont on peut admirer aujourd’hui encore le camp celtique de la Bure côté lorrain et le mur païen du mont Sainte-Odile côté alsacien. Pour autant, il ne semble pas que la fête de Samain ait survécu dans le folklore régional au fil des siècles, si ce n’est en Moselle où la Rommelbootzennaat (« la nuit des betteraves grimaçantes ») ressemble trait pour trait au Halloween irlandais avec cette histoire de bougie dans un légume afin de guider les morts ou d’effrayer les passants.

Il semble qu’en Alsace la culture germanique ait progressivement pris le pas. C’est flagrant avec la place qu’on accorde au marché de Noël qui impose sa stature impressionnante dans les coutumes locales de fin d’année et fait forcément de l’ombre à une fête d’Halloween jugée enfantine et commerciale. Pour autant, on sait que dans certains villages alsaciens, il était de coutume, non pas d’allumer des bougies pour guider les âmes errantes mais de faire sonner les cloches afin de les inciter à regagner leur demeure. Quoi qu’il en soit, cette nuit du 31 octobre au 1er novembre n’est pas anodine !

Sur ce, je ne vous accapare pas plus longtemps car il semble qu’on frappe à votre porte. Trick or treat !


FLORIAN CROUVEZIER

> Son blog rempli d’histoires et d’Histoire <

Pour aller plus loin:
MARKALE, Halloween, histoire et traditions, Imago
LE ROUX & GUYONVARC’H, Les fêtes celtiques, Yoran Embanner
RAJCHEL, Samhain: rituels, recettes et traditions de la Fête des Morts, Danaé

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