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Le plus grand camp climat de France s’est installé en Alsace

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Plus de 1000 personnes venues de toute la France se sont retrouvées au Camp Climat à Kingersheim du 31 juillet au 11 août pour se former à l’activisme écologiste. Programme structuré, partage d’expériences, réflexion et préparation de nouvelles formes de militantisme, ce mouvement radical écologiste porté par ANV COP21, Alternatiba et les Amis de la Terre risque de faire de plus en plus parler de lui. L’objectif : forcer des décisions politiques majeures en faveur du climat.

« Et si on s’attrape avec les mains ? » lance une femme d’environ 25 ans au tee-shirt floqué « Désobéissance ». « Non, le plus efficace, c’est vraiment les coudes et les genoux, et avec tout ce que je vous ai dit, les flics mettront des heures à vous déloger » lui rétorque la formatrice, qui doit avoir 5 ans de plus. Nous sommes sur le tatami d’un Dojo à Kingersheim. Un groupe d’une trentaine de militants se forme aux blocages organisés. Ce sont des profs, des ingénieurs, des étudiants, des maraîchers, des informaticiens et même des retraités. L’ambiance est conviviale, la détermination est palpable. Beaucoup prennent des notes, mais ils pratiquent tous. Ils entrent successivement dans la peau des activistes ou des CRS et testent les techniques de la tortue, de la chenille, du poids mort. Pour Léa, « il est primordial de vivre cela avant de s’y confronter vraiment ».

Nous sommes dans la banlieue nord de Mulhouse, à Kingersheim. Le Camp Climat 2019, organisé tous les ans depuis 2015 par Alternatiba, ANV COP21 et les Amis de la Terre, a élu domicile dans le complexe sportif mis gratuitement à disposition par la mairie. La médiathèque, des écoles et des locaux associatifs sont également accessibles. Dans les rues, les groupes de militants se succèdent pour rejoindre leurs ateliers. Jo Spiegel, élu de la commune depuis 30 ans et connu nationalement pour son travail sur la démocratie participative, est très attaché à l’écologie. D’après Philomène, qui travaille à plein temps à l’organisation de ce camp depuis des mois, « tout cela n’aurait pas été possible sans une telle coopération de la mairie et des riverains. On a aussi de nombreux dons et prêts de matériel de cuisine, d’ordinateurs ou de nourriture de la part des habitants et des associations locales. »

Le mouvement écologiste s’amplifie et se radicalise

En 3 ans, le nombre de participants au Camp Climat a triplé. Plus de 1000 personnes venues principalement de France, mais aussi du Canada, de Belgique et d’Allemagne, se sont donné rendez-vous du 31 juillet au 11 août, pour se former au militantisme écologiste. En tout, 380 sessions de formation auront été dispensées par 155 formateurs et formatrices, de 7h30 à 23h, tous les jours, sans compter d’autres activités détente ou pour les enfants. En moyenne, 20 ateliers sont proposés simultanément.

Un constat inévitable ressort de l’atmosphère générale, ce mouvement écologiste prend de l’ampleur, et se radicalise. « Gandhi et Martin Luther King ont changé des régimes politiques, maintenant nous devons changer tout un système » déclare un intervenant lors du J-Terre, une émission YouTube tournée en direct sur place le 8 août par les influenceurs Vincent Verzat (Partager c’est sympa) et Félicien Bogaerts. La veille lors d’un atelier, une militante questionnait la violence : « Il faut savoir où l’on place la barre. Par exemple pour moi, un blocage ça n’est pas violent. Saboter le matériel d’une multinationale qui déforeste et qui exploite des êtres humains, ça n’est pas violent. C’est presque plus violent de ne rien faire. Il faut tout remettre en perspective par rapport à la violence de ce système, et par dessus tout, il faut agir, c’est urgent. »

Et cette détermination est appuyée par un plan de formation structuré. Cécile, l’une des 9 coordinatrices générales (toutes des femmes) de cet événement travaille sur la programmation depuis 8 mois :

« Tout est tourné vers l’acquisition de connaissances pratiques que l’on repère comme nécessaires. La réflexion est basée sur l’expérience de formateurs et de militants. Forcément on s’enrichit d’année en année. On a dégagé 10 thématiques générales qui sont complémentaires. L’idée c’est de se dire qu’il ne faut pas opposer les tactiques mais les faire évoluer ensemble. Certaines personnes veulent être en action sur le terrain et se former aux attitudes à adopter en présence des forces de l’ordre, c’est important ! Mais il en faut aussi pour celles et ceux qui veulent s’impliquer en faisant de la communication, de l’informatique, ou de la logistique. On a besoin d’énormément de compétences parce que nos stratégies s’affinent. Une graduation de niveau a aussi été mise en place avec les stades débutant, intermédiaire et confirmé, pour nous adapter à l’expérience des personnes qui participent au camp. »

Apprendre à vivre en collectif et faire réseau

Tom, militant strasbourgeois, souligne que l’on n’apprend pas uniquement lors des formations : « Tous les participants sont aussi bénévoles. On a des tâches à réaliser comme faire la cuisine, la vaisselle, nettoyer des salles, préparer des pancartes d’affichage. C’est l’autogestion, on travaille l’organisation collective. L’efficacité qu’on arrive à atteindre ensemble est impressionnante. »

Zoé, qui fait partie de l’équipe organisatrice composée d’environ 150 personnes, constate que toute occasion est bonne pour faire du réseau :

« Il n’y a pas de frontière entre les ateliers et les moments de vie. Dés le réveil, pendant les repas, les pauses, et jusqu’au milieu de la nuit, on peut entendre des personnes qui parlent de leurs expériences, de ce qui fonctionne ou pas. Ils se proposent des projets dans leurs régions ou à l’échelle nationale. »

En d’autres termes, rien n’est laissé au hasard, le militantisme écologiste doit devenir efficace. Beaucoup d’activistes ont fait le constat que leurs investissements se soldent la plupart du temps par des échecs. Cécile explique que tout doit s’ancrer dans une stratégie globale qui vise l’efficacité. Écologiste chevronné, Khaled, des Amis de la Terre, évoque son expérience :

« Je milite depuis des dizaines d’années. Franchement, je n’ai connu que des défaites. J’en suis venu à me demander si cela servait à quelque chose. En ce moment, tout cet engouement, je trouve que c’est déjà une victoire. On a gagné la bataille culturelle, tout le monde est pour l’écologie maintenant ! Il faut continuer à se réinventer, à massifier notre mouvement, et à trouver des solutions pour changer radicalement le système. »

Devenir activiste grâce au Camp Climat

Difficile d’avoir un chiffre précis, mais de nombreux écologistes strasbourgeois se croisent au Camp Climat. Certains, comme Zoé, Tom (cités plus haut) ou Clément, font partie de l’équipe organisatrice. De nombreux mulhousiens sont aussi présents, ce qui laisse présager de l’action ces prochains temps en Alsace.

C’est certain, les participants mettront rapidement en pratique leurs nouveaux acquis. De grandes mobilisations d’activistes sont prévues prochainement : le sommet du G7 à Biarritz du 24 au 26 août, Free the Soil du 19 au 25 Septembre à Hambourg pour lutter contre l’agrobusiness ou encore la rébellion d’octobre, lancée par le mouvement Exctinction Rebellion, qui commencera le 7 octobre.

Les actions d’écologistes se sont multipliées ces dernières années, et particulièrement ces derniers mois. « J’ai de nombreux exemples de personnes qui se sont engagées très fortement suite à des camps climats. Et nous les formons à mobiliser autour d’eux. L’idée c’est que ça essaime au maximum. On est optimiste pour une chose, les marches pour le climat n’étaient qu’un début, la mobilisation va s’amplifier. » déclare Cécile, l’air confiant, au milieu de cette fourmilière qui grouille de militants prêts à l’action.

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