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Dans la tête des Strasbourgeois : Rue Madeleine, Sainte Douceur

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3 – Rue Madeleine, Sainte Douceur

Du haut de sa tour, le cœur gargantuesque de Môman cogne avec puissance, avec vigueur et habitude. Dix coups retentissent dont l’écho vient se perdre sur les pavés alentours.

Les premiers touristes, oiseaux des îles aux allures d’oiseaux du matin viennent prendre d’assaut la jolie place. Un léger vent souffle. Comme toujours au pied de la cathédrale. Alors qu’il était frustrant d’absence dans la matinée brûlante, pour apaiser la caresse enflammée des premiers rayons. “C’est la monture du diable” clame un “free tour” guide, “qui attend avec impatience le retour de son maître”.

“Certains disent même que c’est le diable lui-même, furieux de ne pouvoir pénétrer la plus belle maison de Dieu d’Europe. La deuxième la plus haute.” Il trépigne. Se fâche. Le souffle du diable alors, vient narguer les passants de sa fureur, décoiffer sans vergogne les têtes de ces dames, soulever les jupons et faire tomber des chapeaux. Encouragement à la visite ou rappel à la foi peut-être. Qui sait. Les légendes filent comme cavale le cheval du diable au pied de cette délicate forteresse demeurée inviolée et inviolable. 

Dans le sens opposé au vent, Rue du Maroquin, les terrasses des restaurants se parent déjà de leurs plus beaux costumes. C’est à celui qui aura la nappe la plus tirée. La carte la plus attrayante. Les serveurs les plus droits. Le plus typique. Le plus vert. Le mieux situé. Le mieux ombragé. Celui où l’odeur est la plus alléchante à vous en titiller les papilles même à l’aveugle et où le bruit devient opaque.

Le restaurant de l’oubli. Le plat de l’éclipse. L’assiette de la photo Instagram aux 206 likes. Le souvenir marquant d’un passage dans une ville à colombage. Une ville à l’emblème cigogne, qui pour l’espace de deux mois devient un peu moins alsacienne. Un peu plus cosmopolite. Une ville internationale. 

Les stands de souvenirs démarrent leur longue et lente parade, à s’empiler devant les façades, d’un blanc lumineux pour la plupart, que viennent assaisonner les lierres d’un émeraude éclatant pour se mêler au rouge des enseignes, au jaune des parasols.

Toutes ces couleurs capturées et re-capturées, immortalisées dans cette éternelle querelle avec la disparition qu’engendre le temps, n’en sont qu’embellies lorsqu’elles apparaissent dans les yeux vifs et surpris des inconnus à la ville. Ceux qui voient la chance que nous avons, que nous avons tendance à oublier. Celle que nous n’estimons pas assez. “How beautiful, right ?”. Une main sur l’objectif. Le flash s’est enclenché. Voilà là les photos des cartes postales d’un futur vieux de 20 ans.

Au bas de cette rue encore semi-déserte, un autre groupe étranger se nourrit du spectacle que délivre le palais Rohan. Toutes dorures dehors. Beau comme un camion qui vous fonce dessus à toute allure.

3 ans tout au plus. Il est assis sur son perchoir formé par deux épaules carrées et larges, celles qui donnent envie d’y poser la tête. De s’y reposer. Ses boucles brunes chatouillées par la brise, il pointe du doigt “La Belle Strasbourgeoise”. Vide de monde, l’une des mouches qui font la renommée de la ville vient perturber le calme de l’eau, rafraîchir l’air et adoucir les sons pour finir sa course à l’embarcadère, un large sillon blanc derrière elle.

“Pourquoi est-ce qu’y a personne dedans le bateau, Papa ? Ils aiment pas ça le matin les gens ?” L’homme ri. “Ce n’est pas l’heure, c’est tout.” Explication simple à une question bien plus complexe. Bien plus profonde. Les gens aiment-ils le matin ? Apprécient-ils la douceur de ses quais, qui vient rompre dans une étreinte silencieuse, toute la tendresse de la nuit ? Toute la détresse de la nuit.

Sur le pont St Madeleine déjà les perches à selfie s’agitent, les premières d’un défilé quotidien qui ira s’étendre à la rue du même nom. Elle qui attire les touristes par ses couleurs, papillons de nuits sur des néons. Tout est solaire dans le voisinage. Et fleur.

Règne une atmosphère enfantine entre les murs, résidente des détails perchés, peints, dessinés, saupoudrés ça et là. Un véritable bonbon. Arlequins pour les yeux. Rires de chérubins à têtes blondes dans les oreilles. Que la traversée de cette allée est douce de variété.

Crédit photo : Coraline Lafon

Un tatoueur. Un barbier. Une boutique de créateurs locaux. Un restaurant. Un coiffeur. La balade débouche du coté de l’Asie, East Canteen et ses parasols verts. Le square. Des enfants. “C’est toi le chat”. Et ils jouent, et ils courent. Et ils courent encore. Place de l’Orphelin.

-Claire Arbogast

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