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On a rencontré Oxmo Puccino lors de son showcase exceptionnel à la Villa Sturm

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Il est un guerrier du rap français, une légende dont les titres en ont bercés plus d’un; hier soir, Oxmo Puccino était présent à la Villa Sturm pour un showcase privé durant lequel quelques chanceux ont pu découvrir son nouvel album “La Nuit du Réveil”, en avant-première. Un moment rare et précieux, qui a vu foule de yeux briller et de nombreux rêves de gosses se réaliser. Touchant de voir à quel point il n’y a pas d’âge pour s’émerveiller; ceux qui suivaient Oxmo Puccino il y a 20 ans sont toujours là. Les meilleurs restent, ça compte pour ce grand Monsieur du rap, qui diffuse autour de lui beaucoup d’amour, de simplicité et de bienveillance. Le temps d’une soirée, la perfection a été touchée du doigt. Un instant authentique et éphémère qui continuera à vivre dans les mémoires de ceux qui pourront dire : “J’y étais”.

Pourquoi avoir intitulé ton dernier album “La Nuit du Réveil”?

Oxmo Puccino : Parce qu’à un moment dans votre vie, vous apprenez une vérité ou plusieurs successives qui vous réveillent, ou qui vous font vous rendre compte que jusque là vous dormiez. Ça s’appelle les réalisations. C’est une espèce de métaphore de l’insomnie qui vous frappe dans la nuit, qui vous laisse dans la solitude et qui vous met dans l’attente de la lumière du matin. “La Nuit du Réveil” c’est la même chose mais à l’échelle de la vie. Avec le matin qui met un peu plus de temps à arriver …

Crédit photo : Grégory Massat

Comment avez-vous construit cet album?

Oxmo Puccino : J’ai commencé à l’écrire à la fin du précédent, je suis entré avec quelques morceaux en studio, avec Eddy Purple qui en a composé une bonne partie. Et nous avons ainsi passé deux ans à composer une trentaine de chansons, pour en garder une vingtaine. Ensuite Phazz qui est un producteur aussi, a rejoint l’équipe et nous sommes descendus à 16 morceaux, concis comme nous l’avions visualisé. Je suis parti sur des maquettes générales, guitare voix à l’ordinateur, on avait quelque chose de plus acoustique . Puis on a tenu compte de l’air du temps, on s’est adapté et on a recalibré l’album dans cette direction-là. Ça a été beaucoup de recherche, pour avoir un équilibre entre notre apogée et l’apogée du moment.

Brodinski a également participé à l’album non?

Oxmo Puccino : Oui, il y a Brodinski, Jeanjass et Caballero, Orelsan, Gaël Faye, Erik Truffaz …qui n’est pas des moindres.

Comment se sont passées les collaborations avec ces différents artistes?

Oxmo Puccino : En règle générale, il a fallu être patient, car tout le monde est occupé sur beaucoup d’activités, des morceaux, des projets collectifs ou personnels. Avoir tout le monde, c’était compliqué. Moi-même pris dans beaucoup de projets, il fallait tout agencer et ce n’était pas évident.

Crédit photo : Grégory Massat

4 ans sont passés depuis votre dernier album?

Oxmo Puccino : Oui, les participations ont été décidées au dernier moment, parce que c’est un mélange d’amis avec qui je voulais travailler depuis longtemps et aussi de couleurs qui me manquaient à l’album, en terme de personnalité et de ton que pouvaient amener chaque participant.

De quoi parle cet album?

Oxmo Puccino : Il y a par exemple un morceau qui s’appelle “Nombril”, il parle des neuf mois qui précèdent la naissance. Il évoque la vie de mes parents, une partie de mon héritage. Un autre morceau s’appelle “A ton âge”, il parle du fait qu’on a jamais l’âge de nos pensées. On ne peut pas faire d’équations entre l’âge qu’on a en chiffre et ce que l’on a dans la tête. Il y a un morceau qui s’appelle “Le Droit de Chanter” et que j’affectionne particulièrement. C’est une sorte d’hommage au rap français, à travers son histoire et la profondeur de sa position sociale, qui est devenue commerciale, tout en restant sociale. Comme son titre l’indique, pendant longtemps j’ai eu l’impression que les rappeurs n’avaient pas le droit de chanter.

J’ai lu dans une interview justement que vous disiez qu’en 1998 vous aviez l’impression que les rappeurs n’étaient pas écoutés, alors que finalement aujourd’hui on considère un peu cette période comme l’apogée du rap.

Oxmo Puccino : Oui, mais pour s’en rendre compte il faut que le temps passe. Sur le coup on a jamais vraiment conscience de ce que l’on a. Il faut quelques fois l’avoir perdu ou qu’un temps soit passé pour s’en rendre compte, c’est humain. C’est une question de l’instant présent. C’est la preuve concrète qu’on a tous un problème avec l’instant présent.

Crédit photo : Grégory Massat

Dans le clip “Peuvent pas”, vous apparaissez en monarque vieillissant dont de jeunes seigneurs aux dents longues veulent la tête, est-ce qu’il y a un rapport avec ce qu’il se passe dans le rap actuel?

Oxmo Puccino : Ce qu’on a essayé de faire c’est une métaphore de tous les rois. On a essayé de traduire l’appropriation de tous les codes royaux pour des gens comme moi. Comme tous les rois, on est en danger, car il y a des opposants, on ne peut pas mettre tout le monde d’accord. Et à la fin, je finis comme certains d’entre eux, guillotiné. SAUF que je continue à parler après. Et c’est ce que tout le monde n’a pas retenu. C’est qu’après avoir eu la tête coupée, je continue à rapper. Et c’est ça le tour de magie, ce n’est pas le roi qui tombe, sa tête continue à parler. Quel chef d’Etat a eu l’unanimité au point qu’il n’ai pas d’ennemis?

Donc aucun rapport avec le fait qu’actuellement il y ait de plus en plus de rappeurs, et qu’il y ait peut-être une sorte de compétition?

Oxmo Puccino : C’est l’interprétation de ceux qui le voient comme ça. Ceux qui l’interprètent comme ça dévoilent une traduction du contexte et de la manière dont ils le vivent. Car moi par exemple je n’ai pas fait de rapport entre le rap et mon clip. C’est le clip d’un roi dans son château qui se fait renverser par ses courtisans, ses opposants, et il n’y a je crois aucun code du rap en général. Donc il n’y a pas de rapport. Mais pour parler de la proportion qu’a pris le rap aujourd’hui, on ne pouvait pas rêver mieux. Des millions de gens écoutent du rap quotidiennement, les salles de concerts se remplissent. Regarde tous les rappeurs en tournée actuellement, c’est inespéré. Moi à l’époque où j’ai commencé, on était 5 ou 6 groupes à tourner en France, avec la moitié des dates en option. En option, ça veut dire que vous avez la moitié de vos dates qui étaient fixées et l’autre moitié qui dépendait de l’humeur et de la météo. C’était très aléatoire et je parle d’une trentaine de dates. Aujourd’hui, un artiste qui sort un bon morceau, je parle même pas d’album, il se retrouve en tournée immédiatement. Parce qu’il y a un public pour ça, un public immense.

Maintenant, les rappeurs remplissent des Zénith.

Oxmo Puccino : Oui exactement ! C’est des Zénith, c’est des stades. C’est inespéré, je ne sais pas si il y a beaucoup d’artistes issus d’autres genres qui font ça aujourd’hui. En France. A part Mylène Farmer, et quelques pointures qui subsistent encore.

Et dans les artistes actuels, vous aimez bien qui comme rappeurs ?

Oxmo Puccino : Les rappeurs qui me touchent ? Il y a Kekra, j’aime l’originalité de Vald, il y a également un jeune qui arrive qui s’appelle Achille et qui se débrouille très bien. Il y en a beaucoup, c’est ça qui est cool, c’est qu’on ne sait même plus les citer tellement il y en a. Avant, il fallait les compter sur le doigts d’une main le nombre de bons rappeurs. Aujourd’hui, tout le monde rappe bien, les mauvais rappeurs n’existent plus.

Si vous pouviez organiser votre propre festival, vous feriez ça comment?

Oxmo Puccino: Avec beaucoup d’enfants, et beaucoup d’amateurs. Quelque chose de frais, de fragile, de touchant. De talentueux et de travaillé. Aujourd’hui, j’ai l’impression qu’il n’y a que les amateurs et les enfants qui peuvent fournir ça. Car tous les autres oublient le plaisir.

Ça se déroulerait où?

Oxmo Puccino : Dans l’idéal en pleine nature. En terrain neutre.

Qu’est ce qui traîne sur votre table de chevet en ce moment?

Oxmo Puccino : “Horizons Lointains”, un classique que je n’avais jamais lu et “Homo Deus” de Yuval Noah Harari.

Crédit photo : Grégory Massat

Ce soir, c’est showcase à la Villa Sturm. Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire cette tournée de showcases privés avant la véritable tournée?

Oxmo Puccino : C’est un privilège pour moi de pouvoir faire savourer l’album, de pouvoir le faire vivre, avant qu’il sorte. C’est quelque chose que je n’ai pas fait depuis longtemps, et c’est comme si je concentrais une certaine énergie sur l’album avant même qu’il ne soit sorti. Ça veut dire que lorsqu’il sortira, il aura déjà été vécu. Ce sera encore plus fort.

Ça permet également d’avoir une première impression.

Oxmo Puccino : Bien-sûr, plus qu’une impression, des sensations, des émotions, des liens. Des personnes qui seront touchées par une phrase, qu’ils auront envie d’entendre encore à la sortie de l’album. On a prévu six showcases : à Toulouse, Marseille, Lyon, Strasbourg, Lille et Rennes.

Qui choisit les lieux des showcases?

Oxmo Puccino : On se fait des propositions, on se concerte et on choisit ensemble. C’est un travail d’équipe.

Et les places ne se gagnent que sur invitations et jeu concours?

Oxmo Puccino : Oui il n’y a pas de passants, il n’y a que des gens qui veulent être là. Je préfère.

Ce n’est pas la première fois que vous venez à Strasbourg.

Oxmo Puccino : Oh non mon Dieu, je suis venu très souvent ici.

Crédit photo : Grégory Massat.

Ça vous inspire quoi Strasbourg?

Oxmo Puccino : Je viens depuis une vingtaine d’années. Strasbourg, m’évoque une des villes les plus éloignées de France. Parce qu’à la frontière on parle deux langues. L’hiver est marquant, quant aux gens et au marché de Noël, ils sont chaleureux.

L’été est marquant aussi.

Oxmo Puccino : (rires) On a vu ça.

Un petit mot pour les quelques chanceux qui seront là ce soir?

Oxmo Puccino : Amour sur vous.

Showcase privé . Crédit photo : Guillaume Ammou

Après plus de vingt ans de carrière, un statut de mythe, de légende, de guerrier du rap, est-ce qu’on a encore peur que tout s’arrête malgré tout?

Oxmo Puccino : Bien-sur c’est normal, ça fait partie de la vie d’artiste, vu l’importance qu’on y accorde. Etant donné, la manière dont ça se passe, forcément on a pas envie que ça s’arrête, c’est le rêve de tous les artistes. On a toujours peur, et on travaille pour que ça n’arrive pas. Après la vie est la vie, et ce que j’ai déjà vécu, c’est déjà ça de gagné, c’est déjà pas mal.

Vous avez fait énormément de collaborations au long de votre carrière, y en a t-il une que vous regrettez de ne pas avoir faite?

Oxmo Puccino : Ali Farka Touré qui est mort aujourd’hui. Un guitariste malien qui était considéré comme l’un des plus grands blues man de notre temps. A juste titre.

Est-ce que vous avez un rituel avant d’entrer sur scène?

Oxmo Puccino : On porte un toast en criant “Fucking Show”.

>> Propos recueillis par Emma Schneider <<

Un grand merci à Oxmo Puccino pour sa gentillesse, à toute son équipe, et à Grégory Massat pour les photos.

Oxmo Puccino sera en concert à la Laiterie le mercredi 4 décembre 2019.

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