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Le Polyamour loin des clichés, raconté par un Strasbourgeois bien renseigné

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Et voici le 14 février de retour, cette sempiternelle date aux marronniers fades et aux blagues usées jusqu’à l’os. Et bien entendu, c’est l’occasion pour les commerces de tous poils de ponctionner vous précieuses bourses en vous alléchant plus ou moins habilement. Mais fi, le capitalisme a ses raisons, et plutôt que de pester face au vent (tel le vrai héros de tous les temps) nous allons profiter de ce focus culturel et médiatique pour nous pencher sur un mode de vie qui fait de plus en plus parler de lui : le polyamour.

Vous vous souvenez du BDSM ? Cet univers sensuel et salvateur devant supporter la mauvaise réputation et les stéréotypes affligeants dispensés par les moins informés des commentateurs ? Je vous en parlais ici. Et, oui, tout comme je suis un adepte des cordes, je suis polyamoureux ; que voulez-vous, ça ne se décide pas. Me voici donc reparti pour tenter de débarbouiller un fort joli terme qui subit nombreuses interprétations et contre-sens tragiques. On trouve depuis quelques temps moult articles tels que « découvrez si vous êtes polyamour » ou encore « le polyamour peut-il vraiment marcher ? » comme s’il s’agissait là d’un nouveau courant lifestyle ou d’un régime basse calorie afin de bomber ses glutéaux pour les vacances à la plage. Il n’en est rien.

Le polyamour, c’est la capacité à être amoureux de plusieurs personnes en même temps, et, selon la définition d’Isabelle Broué, réalisatrice de Lutine (qui me semble très pertinente) « une possibilité de vivre des relations non-exclusives, consensuelles et éthiques, amoureuses ou non, sexuelles ou non, à différencier du libertinage, la plupart du temps axé sur le sexe ».

Quoi ? Comment ? Voudrais-tu dire Tristan qu’il serait donc possible d’avoir des sentiments qui ne soient pas contrôlables par des normes sociales ? Et qu’il est tout à fait normal de ressentir un transport amoureux pour plus d’un seul individu À LA FOIS ?

Oui.

Votre couple monogame devant votre ordinateur en ce moment

C’est depuis le début du XXe siècle que le concept s’est développé, même si des formes d’amours plurielles (oui, amour est féminin au pluriel) lui sont évidemment antérieures. On retrouve notamment Alexandra Kollontaï, la célèbre militante socialiste et féministe, comme l’une des principales plumes à l’œuvre de la promotion et de la définition de cette pensée. Le but de cet article n’est pas de vous livrer un exposé complet de l’histoire du polyamour ni de ses multiples implications sociologiques, puisqu’un site dédié le fait de façon excellente. Non, il s’agira plutôt de prendre nos torches embrasées au flambeau de la tolérance et des libertés individuelles afin de combattre l’obscurantisme croissant dans les préjugés et la désinformation. Croyez bien que j’ai hésité un moment à vous offrir une belle compilation des tonnes de papiers de socio et de psycho que l’on trouve en ligne, mais partons plutôt sur un texte avec la plume subjective et documentée qu’on me connaît.

Et c’est parti !

Le polyamour n’est PAS le libertinage, l’échangisme ou tout autre forme de comportement sexuel débridé et folâtre. C’est souvent à cette vision réductrice que les lutin·e·s (oui c’est un joli synonyme) sont malheureusement confronté·e·s, se voyant associé·e·s à une bande de noceurs orgiaques souhaitant s’offrir de la débauche sous un nom socialement convenable. Mais non, le polyamour est une affaire de sentiments, d’entente, de vivre ensemble et d’écoute mutuelle. Ces tristes stéréotypes sont d’ailleurs alimentés par ce que l’on nomme les polyfakes : des hommes (majoritairement) prenant justement le prétexte du polyamour pour se livrer à des comportements sexuellement exacerbés, déplacés, et peu courtois dans l’ensemble.

Et quand il te demande ton numéro au nom de l’ouverture d’esprit et de l’amour libre

Le polyamour crée ses relations en toute honnêteté, avec confiance et bienveillance. Les personnes fréquentées sont au courant de cette vision des relations humaines et acceptent donc librement (ou non) de tisser des liens. Il ne s’agit ni plus ni moins que d’amour, à ceci près qu’il est libéré de la contrainte de l’exclusivité. Nous nous draguons, séduisons, repoussons, jouons le jeu de l’amour comme tout un chacun au fond, à ceci près que nous sommes capables de mener plusieurs aventures de front. Il ne s’agit pas de polygamie, là aussi je tiens à noter l’usage impropre du terme, mais d’une simple ouverture aux relations plurielles, sans qu’il ne s’agisse que de sexualité.

Mais si au fond il semble plus commode à nombre de gens d’assimiler les polys à des libertins, c’est par un souci de préservation de la norme. La société nous inculque qu’une relation amoureuse se doit d’être à deux, exclusive et si possible hétérosexuelle tiens (même si ça se calme doucement). Tout contrevenant à ce mythe monolithique de l’hétéronormativité sera un dysfonctionnement : adultère, divorce, erreur passagère, conflit, etc. Il y a une explication, c’est une défaillance technique. Ce qui ne sera jamais admis, c’est qu’il est possible d’aimer en toute bonne foi plus d’une seule personne. Oh mon Dieu.

Incursion de la réalité en cours

Et pourtant, qu’est-ce qui semble si dingue ? Tout comme vous pouvez avoir plusieurs accointances amicales, pourquoi pas plusieurs amours ? Ou alors l’amour serait une denrée si rare que vous n’en auriez assez que pour une personne ? La théorie de la famine, c’est ainsi que l’on nomme ce postulat.

Personnellement, la distinction entre amis et amoureux m’a toujours posé question. Le sentiment dont nous parlons (l’amour) n’est-il pas le même attachement émotionnel qui nous pousse à vouloir fréquenter telle ou telle personne, à rester auprès d’elle, à lui vouloir du bien ? La composante sexuelle ne peut pas venir se poser comme étant la démarcation nette, ou alors il faut oublier à la fois les asexuels (qui ont des sentiments, si si si) et les gens qui s’envoient en l’air juste pour le fun de temps en temps.

Par ailleurs, la plupart d’entre nous est déjà tombé·e (ou tombera) amoureu·x·se plusieurs fois au cours de sa vie. De fait il ne semble pas totalement surréaliste d’envisager qu’il soit possible d’aimer plus d’une personne à la fois. C’est aussi une façon de vivre en ne faisant pas peser sur son partenaire unique l’entièreté de la responsabilité de son propre bonheur.

L’union fait la force, c’est bien connu

Quelle logique y a-t-il au fond à décider arbitrairement de créer un lien unique, monogame et exclusif avec autrui, si nous en retirons de la frustration, de la peine ou un sentiment de manque ? Si j’aime deux personnes en même temps c’est bien qu’elles ont toutes deux un rapport singulier avec moi et que je trouve dans ces deux relations un bonheur unique. Faudrait-il alors que j’en rejette une pour m’isoler dans une relation exclusive avec l’autre ? Ferais-je de même avec deux amis ? Et au nom de quelle morale ? Les relations humaines se construisent sur des ententes mutuelles, des échanges et des reconnaissances. En leur permettant cette liberté et cette richesse le polyamour garantit leur pérennité. Les relations ont des règles, ce n’est pas la fête du slip. Mais ces règles sont celles consenties par les différents membres de ladite relation, elles ne sont pas préexistantes dans les mœurs collectives. De fait, il existe autant de paradigmes de polyamour qu’il existe de relations polyamoureuses.

Il faut bien baliser ses relations pour éviter le retour de bâton

Une relation saine se doit de cultiver le dialogue et l’explicitation des ressentis, pour ne laisser aucune de place aux jalousies sourdes, au quiproquos malheureux, aux compromis muets ou aux rancœurs pesantes. Une relation de polyamour idéale suit nécessairement cette logique. Chaque conflit est explicité, discuté et désamorcé sans heurt. Et si la rupture de la relation apparaît comme nécessaire, elle peut intervenir sans qu’il soit besoin de passer chez le notaire ou de s’envoyer des assiettes à la figure.

FUN FACT : l’un des symboles du polyamour est… le perroquet, car l’un des noms les plus courants pour cet oiseau domestique aux États-Unis est Polly.

Notez que la morale hétéronormée aurait bon dos de critiquer ces relations multiples, puisqu’elle-même inclut une forme de polygamie, plus précisément la polygynie : un homme fréquentant plusieurs femmes ne gène pas, il peut même impressionner. L’inverse appellera plutôt les sifflets, les injures et l’appareil habituel du slut-shaming. Le modèle du couple traditionnel véhicule toujours cette idée que la femme est le temple privé de son mari. Elle seule se voit confrontée à l’exclusivité comme à un carcan. Vous comprenez donc que les polys soient réticents quant à l’emploi du mot polygamie pour se désigner.

En cela aussi, le polyamour est une forme de subversion, il se détache du modèle classique du couple et de la cellule familiale traditionnelle. Il s’agit d’une liberté qui se réinvente pour chaque individu. C’est la liberté de pouvoir mener sa vie amoureuse, relationnelle, sentimentale et sexuelle librement, dans le plein consentement de ses partenaires et sans devoir se conformer à des modèles dictés par autrui.

Et pourtant, le net et les médias regorgent de gens empressés d’enseigner généreusement les lignes adéquates de la bonne et saine conduite.

Il est évident que je ne défends pas le modèle de la relation polyamoureuse comme le seul modèle valable à généraliser d’urgence. C’est une manière d’être, elle n’est ni meilleure ni pire que les autres. Elle n’est pas une recette miracle pour ressouder les couples, elle ne garantit pas le bonheur éternel, elle ne vous offrira peut-être pas ce que vous y chercherez, mais elle existe et je tiens à ce qu’elle soit respectée. Car tout un chacun doit pouvoir suivre la voie qui lui convient, et il serait bien discourtois de vouloir blâmer les choix d’autrui. Après tout, cela ne vous regarde pas.

Et joyeuse Saint-Valentin.


Pour en apprendre plus sur le polyamour, mieux le comprendre, partager vos expériences vos ressentis ou tout simplement venir faire vos curieux, un Café Poly est organisé chaque premier samedi du mois à LA STATION, le centre LGBTI de Strasbourg.


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