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Artisanat local : À Strasbourg, de jeunes céramistes assurent la relève

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Après les potiers nord-alsaciens, les céramistes citadins. À Strasbourg, nombre de jeunes céramistes se réapproprient un savoir-faire artisanal un temps menacé par le machinisme industriel, au service d’une pratique résolument artistique. Dans ce petit milieu, on évoque une grande solidarité, en dépit d’une activité d’autant plus solitaire que l’augmentation des loyers d’ateliers centraux entraîne un exil forcé.

Rester visible quand on est forcé de s’excentrer pour rester libre, c’est le casse-tête que doivent résoudre comme d’autres artisans les jeunes céramistes strasbourgeois. Dans les quartiers périphériques de la ville au cœur coûteux, ces moins de 30 ans revendiquent le droit de mettre la main à la pâte argileuse, perpétuant la pratique multimillénaire de la céramique à travers une approche contemporaine. En dépit de ces problématiques, la nouvelle génération de céramistes locaux observe un regain d’intérêt certain de la part du grand public alsacien, qu’ils pensent porté par une volonté de mieux consommer. De Koenigshoffen à Schiltigheim, rencontre avec trois paires de ces petites mains qui ont en commun une pratique très illustrative… Se glissant bien sous la jupe des sapins.

Clément Petibon : “Je dessine assez peu en fait. Souvent, j’ai une idée et je l’applique sur le volume directement.”
“Rapidement, j’ai développé un travail sur les paysages, toujours de manière abstraite, toujours dans ce bleu.”
Tasse “Ecorces céramiques” en grès coulé (collaboration avec Alexandre Nicola pour la pâtisserie Christian)
“Les écorces, c’est mon premier travail plastique : j’ai commencé pendant mon BTS. C’est un peu ma patte.”

Clément Petibon, 27 ans, céramiste depuis 5 ans

Dans l’appartement-atelier qu’il partage avec la céramiste Sonia Oudry au sein du Parc Gruber, Clément Petibon est précisément en pleine réflexion sur son lieu d’exercice ; situé à mi-chemin sur la route des Romains, l’espace lui coûterait “presque autant” qu’un atelier au centre-ville de Strasbourg. Sans surprise, il avoue vouloir le quitter prochainement, pour un lieu plus accessible qui lui permettrait “[d’]expérimenter sans contrainte financière” – ou du moins, avec moins de pression. Pour autant, le céramiste le répète : pour lui, ça va encore. Ses créations, entre montagnes figuratives et écorces multicolores, s’écoulent bien au Générateur, la boutique de créateurs rue Sainte Madeleine qu’il a monté avec quatre autres artistes et artisans locaux, pour que les petits créateurs puissent eux aussi avoir pignon sur rue à Strasbourg – un modèle gagnant récemment reproduit par des confrères à Besançon, avec la boutique La Petite Manufacture. Et quand bien même ses affaires tourneraient moins bien, pas question de se réorienter pour le passionné qui a toujours “patouillé dans la terre” et n’aime rien de mieux que “bidouiller pour obtenir quelque chose de différent” des créations plus traditionnelles. Prochaine étape : s’essayer à la sculpture.

www.facebook.com/ClementPetibon/

L’atelier schilikois de Carole Kaltenbacher
“Ce que je préfère dans ce métier, c’est qu’il y a plein de phases différentes. On ne fait jamais la même chose.”
“J’aime beaucoup dessiner et j’adore faire le décor. C’est le début de mon entreprise : le motif.”
“J’ai envie d’égayer le quotidien des gens. Faire partie d’un petit-déjeuner à travers une de mes tasses, ça me touche.”

↑ Carole K, 28 ans, céramiste depuis 5 ans

Dans l’atelier schilikois que Carole Kaltenbacher occupe et partage avec le duo de créateurs derrière la marque Deux fois deux mains depuis l’été, la céramiste confirme les dires de Clément Petibon : “Un atelier au centre-ville de Strasbourg, ce n’était pas envisageable !” Pour autant le Huit, son atelier partagé au 8 place de la Liberté à Schiltigheim, n’est pas un second choix mais “un vrai coup-de-coeur” ; après des années passées dans la cave de ses parents, la créatrice, que sa maman est venue assister en plein rush de Noël, crédite son nouvel espace de travail dans sa productivité récente : “Avoir un vrai lieu de travail et des collègues, ça fait du bien.” Depuis la fin de son BTS il y a seulement 5 ans, Carole K s’est imposée comme une valeur sûre de la céramique strasbourgeoise. Ses créations, qui allient grès roux et porcelaine émaillée liés par des motifs faisant écho à la région Alsace, la Grèce ou encore le Japon, s’écoulent elles aussi bien au Générateur – si bien, qu’elle annonce fièrement ne plus avoir “de travail à côté” depuis maintenant 3 ans. L’ex-mauvaise élève “nulle aux études mais douée de [s]es mains” peut se féliciter du chemin parcouru depuis qu’elle a choisi, sur un coup de tête, la céramique plutôt que le travail du bois.

www.instagram.com/carolekceramique

Document remis par Marion Conand, photo par Hervé Tran
Document remis par Marion Conand, photo par Hervé Tran
Document remis par Marion Conand, photo par Hervé Tran
Document remis par Marion Conand, photo par Hervé Tran

↑ Marion Conand, 24 ans, céramiste depuis 6 ans

Pour Marion Conand, la céramique s’est aussi imposée comme une évidence. D’emblée attirée par le travail manuel, c’est “un peu par hasard” que la lyonnaise tombe sous le charme de l’argile : “Au lycée, j’ai trouvé un stage dans un atelier et j’ai adoré. Ça a été un coup-de-coeur total. Le touché de la matière, qui se travaille bien, avec les mains…” Un BTS pour se former, une année de résidence pour se trouver et un an de job alimentaire pour payer ses outils plus tard, c’est encore une fois un peu par hasard que la céramiste se retrouve à partager un atelier alsacien aujourd’hui : “J’ai vu passer une annonce sur une place qui se libérait à la Hutte Gruber. J’avais envie d’une vie d’atelier, j’ai bien aimé la ville quand je l’ai visitée, et voilà, ça s’est fait un peu comme ça.” Sa patte, ce sont des décors piqués sur fond noir, inspirés par l’aspect figuratif des personnages grecs et la forme des sculptures antiques. Des décors qui demandent un temps qui manquerait presque en cette période de fin d’année, ponctuée de marchés auxquels elle s’est inscrite sans imaginer être retenue. “Comme c’est ma première année sans à côté, je ne sais pas encore si je peux en vivre. Mais j’ai l’impression qu’ici, les gens sont plus sensibles à l’art qu’ailleurs.”

www.facebook.com/ConandMarion


Pour des cadeaux qui ont du sens, on pense aux céramistes strasbourgeois. Offrir une tasse de créateurs, c’est la garantie d’un cadeau unique qui rince également un petit artisan… C’est gagnant-gagnant. Pour les trouver direction la boutique du Générateur, l’atelier le Huit ou encore le Marché OFF, et bien d’autres événements indiqués ici.

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