La choucroute est officiellement alsacienne !
Cet été, ce magnifique plat riche et emblématique des régions du nord a reçu une distinction d’honneur, que dis-je, un Graal : L’IGP (L’indication d’Origine Contrôlée). Un honneur lui donnant officiellement une appartenance établie à notre belle région…. roulement de tambour… blllrrrrr… l’ALSACE ! Une distinction remise par la commission européenne SILVOUSPLAIT. Ça fait 20 ans que la région et tous les producteurs attendaient cette distinction honorifique, 20 ans…
Ça mérite une petite danse !
La demande d’IGP date de 1998, mais pourquoi 20 ans d’attente ?
Concernant la bagarre des appellations (IGP, AOC etc…), une confusion persistait entre le chou lui-même et le plat garni. Celui-ci étant également cultivé dans nos régions depuis le Moyen Âge, notamment à Jkeokejikrersheim (Krautergersheim). On peut dire qu’il bénéficie presque du droit du sol, mais l’histoire et la controverse ne s’arrêtent pas là. Vous prendrez bien une petite tranche de chauvinisme assumé ?
Quand on pense choucroute on pense Alsace, mais ce n’était pas gagné, merci l’appropriation culturelle ! Pour mettre la cerise sur Kougelhopf il faut penser à l’histoire torturée que vit notre petite sürgrüt depuis deux décennies.
Le chou est originaire d’Europe, ça c’est clair. Ce qui est moins clair c’est que ce chou a été un jour apporté en Asie pour créer une sorte de mythe au secret bien gardé. La légende a voulu que les choses se passent d’une manière féérique, pour que le chou à choucroute devienne la licorne de la gastronomie, une sorte de chimère légendaire :
Il était une fois, lors de la construction de la muraille de Chine (entre 476-770), de braves travailleurs participaient à l’édification de cet édifice visible de la lune. Dans leurs petite boite à goûter ils conservaient plusieurs légumes afin de se ravitailler entre deux coups de pioche, notamment des navets ou des choux. Dans ces petites boites, ils conservaient leurs légumes dans du lait (lacto-fermentation) ce qui lui donna miraculeusement un goût particulier, moins amer et un poil sucré.
Tu vois l’info téléphonée arriver ? Et oui, lors des migrations et notamment de la conquête de l’Ouest par le Huns, ces braves gens ramenèrent (toujours dans leur petit sac à goûter) ce chou fermenté à l’odeur délicate et fumée. Ce procédé a été ramené dans nos régions à la sueur de leur front et BIM on y ajoute du lard, de la saucisse, des pommes de terre et tout un tas d’ingrédients magiques et gras : la choucroute était née.
Mais alors pourquoi la choucroute serait alsacienne ?
Le chou que l’on cultive dans nos contrée est alsacien, ça c’est simple. Toutefois l’appellation est décernée grâce aux techniques et procédés utilisés par les producteurs mais aussi en fonction des caractéristiques naturelles de nos régions (qualité des sols, acidité de la terre, qualité de l’air etc…). L’appellation est donc décernée après le strict respect du cahier des charges de l’union européenne.
Néanmoins la choucroute d’Alsace est une IGP et non une AOP, tu vois le vice arriver ? Et oui désolé, la mention officielle « Choucroute d’Alsace » ne pourra être apposée que sur l’emballage d’une choucroute produite ou travaillée dans le Bas-Rhin ou dans le Haut-Rhin. Produite ou travaillée, PRODUITE OU TRAVAILLÉE ça joue un peu sur les mots non ? Un peu… puisque la matière première, le chou, ne doit pas nécessairement provenir de notre région.
En gros, un chou brut Bulgare peut être importé en Alsace et après transformation devenir une choucroute officielle…
La “véritable choucroute d’Alsace” se caractérisera donc (entre autre) non pas par l’origine même de la matière première, mais par le respect des caractéristiques suivantes : des lanières fines et longues de couleur blanche à jaune clair, peu acide et peu sucrée, découlant d’une fermentation naturelle de choux râpés additionnés de sel sans additif et plein de contraintes plus ou moins reloues.
Le débat est clos
À LA COMMISSION EUROPÉENNE ILS DÉCONNENT PAS !
BREF, DEVENIR UNE CHOUCROUTE D’ALSACE CE N’EST PLUS DONNÉ À TOUT LE MONDE
