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Les Arts Domestiques, la marque strasbourgeoise qui réhabilite la broderie

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“Les loisirs créatifs sont morts, vive les loisirs créatifs !” Longtemps associés aux petits vieux en mal d’activité, tricot, crochet ou encore macramé s’invitent depuis peu chez les moins de 35 balais… Face à une industrie de la mode de plus en plus  mondialisée et donc de moins en moins personnelle, le comble du chic serait-il un modèle fait-main et sur-mesure ? À Strasbourg, l’engouement autour d’une jeune marque de broderie artisanale, la bien-nommée “Les arts domestiques”, nous fait dire que oui. Rencontre sur le fil avec sa créatrice Hélène Grandemange.

Hélène Grandemange, 27 ans, créatrice de la marque de broderie artisanale “Les arts domestiques”

Si la marque fête ses deux ans cette année, la passion de sa créatrice pour la broderie n’est pas récente. Élevée dans une famille branchée loisirs créatifs, Hélène Grandemange a toujours été très manuelle : “Ma mère faisait beaucoup de couture et mon père beaucoup de réparation ; j’ai grandi avec l’idée qu’on rafistole plutôt qu’on rachète, donc je sais faire plein de petites choses sans avoir le souvenir qu’on me les ait apprises… Ça a toujours fait partie de mon quotidien, pour moi c’est normal.” Tellement normal, qu’elle ne réalise qu’à l’aube de ses 25 ans que ses aptitudes en matière de couture, de tricot, mais surtout de broderie, sortent de l’ordinaire…

Férue de récup’, Hélène utilise des bobines anciennes trouvées au fil des brocantes.

Cette réalisation se fait en deux temps. Il y a ce premier moment où Hélène, qui travaille dans un grand magasin de prêt-à-porter en parallèle de ses études en communication culturelle, est étonnée par le nombre de collègues qui lui demandent de l’aide pour faire un ourlet. Et puis il y a ce deuxième moment où la jeune femme, employée en tant que chargée des relations publiques dans un théâtre strasbourgeois, sature au point qu’elle se met à broder, broder, broder pour se détendre : “Après cinq années d’études, je gagnais  le SMIC pour des semaines de 60 heures. J’étais très fatiguée, très sollicitée, très stressée.  Paradoxalement, le travail manuel me reposait, sûrement parce que j’avais l’impression de me réaliser. Poussée par ses amis auxquels elle offre les pièces qu’elle réalise, elle crée une page Facebook sans autre ambition que celle de partager ses créations. Et très vite, commandes de pièces et invitations en événements s’accumulent dans sa boîte mail. Au même moment, Hélène a le sentiment d’avoir fait le tour des possibilités offertes par son job de communicante : “Alors j’ai demandée une rupture conventionnelle qui m’assurait deux années d’indemnités, et je me suis lancée. Sur le moment j’avais la trouille, je me disais : est-ce que je ne suis pas en train de faire une énorme bêtise ?” Presque deux ans plus tard, le bilan est plutôt positif.

Le bric-à-brac d’Hélène

Lorsqu’elle crée son entreprise en 2017, les élections présidentielles imminentes menacent le statut de micro-entreprise. Pour ne pas faire d’erreurs elle intègre Artenréel, une coop’ d’activité et d’emploi qui accompagne les projets artistiques et culturels en permettant aux entrepreneurs de mettre en commun leurs ressources : “D’un côté je paye plus de charges mais de l’autre je suis moins seule, et c’est trop important parce qu’on peut vite se sentir isolés quand on n’a pas un travail traditionnel, avec des horaires classiques et surtout des collègues !” D’après le contrat qui la lie à la coopérative, Hélène a un an pour travailler sur la viabilité de son entreprise. Et si les commandes pleuvent de nombre de strasbourgeois, de restaurants locaux et même d’institutions françaises comme la fondation Louis Vuitton (une commande qu’elle n’a pas pu accepter faute de temps), Les arts domestiques ne sont pas tout à fait rentables… La faute aux prix très bas, trop bas fixés par la créatrice : “Je ne facture pas assez cher mes pièces pour les heures que je passe à les travailler c’est sûr, et dans un avenir proche il faudra que je me positionne sur ce point. J’ai déjà commencé à développer des pièces plus chères comme des colliers en argent et des boucles d’oreilles… Mais pour l’instant je touche encore le chômage et j’ai vraiment envie que mes créations restent accessibles.” Dans ce cas, pourquoi ne pas s’adapter au client ? Un restaurateur en quête d’identité peut investir davantage qu’un particulier coquet. “Oui, c’est quelque chose que je faisais en tant que communicante. Il y a plein de choses que je faisais avant, que je n’ose pas faire avec ce projet ; peut-être parce que c’est mon truc à moi, et que je veux le protéger de ces préoccupations.” Difficile de reconnaître sa propre valeur, même quand elle est aussi évidemment élevée que la créativité d’Hélène…

Dernièrement, Hélène développe des pièces plus techniques, comme des colliers en argent.

Actuellement Hélène bénéficie du revival des loisirs créatifs ou comme elle les appelle des arts domestiques ; un retour de hype qu’elle espère associé au développement d’un esprit débrouille : “Si c’est un effet de mode j’espère qu’il est quand même accompagné d’une prise de conscience sur notre consommation et son impact.” Férue de récup’, la créatrice se veut optimiste sur le retour du fait-main, porté par une génération sensible à son environnement : “Pour moi qui ai toujours consommé comme ça, en limitant le neuf et en privilégiant l’occasion, pour des achats nécessaires… Je ne crois pas qu’il y ait de retour en arrière possible ! Et j’espère que ça fera le même effet aux gens, même s’ils commencent pour suivre une mode.” Les modes, elles n’influencent pas des masses Hélène, qui s’avoue assez insensible aux attentes. Les motifs qu’elle pense puis qu’elle brode, elle les dessine un peu comme ça lui vient : “Je fonctionne par thème, déterminé par ce qui m’entoure, donc des sapins à Noël, des crabes en été… Et puis aussi, par ce que j’aime, par exemple certains fruits et légumes ! Ça, ça prend beaucoup moins que les broches d’oeil, de bouche et de bière mais tant pis ça me fait plaisir !” Et c’est bien pour ça qu’elle fait ce qu’elle fait.

Sapin de Noël et crabe d’été, Hélène brode ce qui l’entoure.

Broches rigolotes, colliers fringuants, tee-shirts sur-mesure et jeans personnalisés, le tout à des prix défiants tout concurrence pour une qualité toute aussi, si ce n’est plus, élevée, c’est l’offre portée par la marque d’Hélène, une initiative artisanale et locale… La question n’est donc pas de savoir si vous allez lui passer commande, mais qu’est-ce que vous comptez lui commander pour vous offrir une pièce unique, à prix cassé, en soutenant l’économie de votre région !


Les arts domestiques
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www.lesartsdomestiques.com
facebook.com/pg/lesartsdomestiques/
instagram.com/lesartsdomestiques/
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Retrouvez Hélène les 19 et 20 mai lors des Ateliers ouverts,
et les 26 et 27 mai lors de la Mini Maker Faire !

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