Après 6 années passées à la régie son de la Laiterie, le vésulien d’origine et le strasbourgeois d’adoption Guillaume Rehany sortait en décembre dernier son premier EP avant de décoller vers l’Australie pour une année de fruit-picking. À l’écoute des cinq titres d’Égérie passagère, ce voyage longue-durée prend des allures de nouveau départ pour le musicien qui y raconte le deuil d’une relation amoureuse entre colère, dépression, fuite et acceptation. Aujourd’hui apaisé, gYhaner revient sur son aventure électro-pop à l’occasion de la sortie de son premier clip, Troisième étage.
Alors que son professeur de physique franc-comtois le voyait prothésiste dentaire, Guillaume, passionné de musique et de spectacle, choisit de se former aux métiers du son dans une école nancéienne. Au terme de deux ans de BTS, il débarque à Strasbourg où il intègre la régie de la Laiterie. Dans cette célèbre salle de concert alsacienne, ce fan de rock développe une affection pour l’électro orchestrale, la pop mélancolique et le folk voyageur qui sont autant d’influences perceptibles dans sa musique aujourd’hui.
Sa musique, il la développe fin 2015 à la suite d’une rupture difficile qui le plonge dans une période sombre : « J’ai essayé de fuir en sortant souvent et en buvant beaucoup… Mais il fallait que je me confronte à ce que je ressentais en bien et en moins bien, et la musique s’est imposée pour exprimer ces sentiments délicats. » À l’origine, il ne considère sa production musicale que comme un moyen de se libérer pour se reconstruire : « Ce sont mes proches qui m’ont encouragé à en faire quelque chose, d’où cet EP en ligne. La première fois que j’ai fait écouter mes sons c’était horrible, j’avais l’impression de me foutre à poil ! Chaque composition est provoquée par un événement que j’ai vécu… Mais les retours ont été hyper positifs et ça m’a aidé à assumer. »
Après un an de gestation, Guillaume sort son EP, Égérie passagère, qu’il a intégralement autoproduit à l’exception du mastering, une étape qui consiste à rendre homogène l’ensemble des enregistrements, et de l’identité visuelle : « Je me suis entouré de professionnels en qui j’avais confiance, au son de Christophe Pulon, fondateur du label Deaf Rock Records, et à l’image de Bartosch Salmanski, photographe à 128db. J’ai des idées, mais eux ont l’expérience pour dire ce qui va et ce qui ne va pas, ce qui est de bon goût. » Guillaume a donc investi de ses économies dans la sortie de cet EP, pour un retour sur écoute de « 0,00… Je ne sais même pas vraiment combien de pourcent, j’ai dû me faire trois euros en écoutes ! Le but c’était de le sortir, de l’assumer, de boucler la boucle, pas de faire de l’argent. » Malgré les retours positifs des magazines avec lesquels il a partagé son travail, dont les Inrocks et Tsugi, et les propositions de concert à son retour d’Australie, Guillaume reste humble : « J’ai six morceaux, je n’ai pas de groupe… La scène m’attire, mais je n’en suis pas encore là. Je vais me concentrer sur la composition, développer mon répertoire, et puis on verra ! »
Aujourd’hui, Guillaume sort justement un nouveau titre, Troisième étage, avec le chanteur australien Oscar qu’il a rencontré à Sydney et un clip réalisé par son ami vidéaste Lincoln : « C’est une histoire très personnelle, cette chanson… J’ai expliqué à Lincoln de quoi elle parlait et puis je l’ai laissé faire sa mise à scène avec des acteurs. Je n’avais pas envie de rejouer ce moment. » Si on peut reprocher au clip une mise en scène très premier degré, on peut aussi choisir d’y voir l’aspect universel du processus de rupture face auquel on est tous égaux… Pour jouer les peines mais aussi les joies de gYhaner, tantôt fils de Rone et Moderat, tantôt fils de Lescop et Stupeflip, rendez-vous sur l’une des nombreuses plateformes qui le diffusent.
gYhaner : Son site – Sa page Facebook