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Il y a bien longtemps… dans un pays lointain… très lointain… qui n’existe déjà plus sur la carte du monde politique…
Star Wars ne sortait pas au cinéma.
Alors qu’aujourd’hui, les foules du monde entier se pressent pour voir le dernier épisode de Star Wars, rappelons-nous qu’en 1977, quand sortait le premier film de la saga, le monde était en pleine Guerre Froide.
Et de l’autre côté de la frontière, seul 14 films américains par an sont autorisés à la projection en URSS… Star Wars n’en faisait pas partie ! Ainsi, les seules personnes à avoir accès au cinéma occidental étaient les membres des missions diplomatiques soviétiques, les hauts fonctionnaires et les artistes autorisés à se rendre en mission à l’étranger. Le seul moyen légal pour les citoyens soviétique d’appréhender les modes occidentales était de se plonger dans les articles de la presse d’état.
Voici quelques coupures de la presse soviétique des années 1970 et 1980 (traduites par les soins de Kevin Limonier) abordant le phénomène :
« L’été dernier, une nouvelle psychose cinématographique a envahi les salles obscures américaines.
Selon la presse, le film du réalisateur américain George Lukas a battu tous les records : 60 millions de dollars en seulement un mois de diffusion. Du matin au soir, on projette « la guerre des étoiles » dans des salles combles. Pour voir le film, il faut soit faire la queue pendant des heures, soit acheter un billet à la sauvette pour la somme fabuleuse de 50 dollars.
C’est ainsi que des horreurs d’une ampleur cosmique et des tyrans monstrueux terrorisant notre galaxie sont venus remplacer les « forces obscures », les catastrophes et les requins géants. La lutte contre ces tyrans est menée par une sorte de princesse au visage rondelet, un jeune paysan, un vieux chevalier de la Table Ronde, un homme-singe et deux robots. L’un d’eux, un énorme robot doré appelé tripio (3PO), est doté de parole. Un autre, Artu-Detu (R2D2), ressemblant à une automobile, s’exprime par des signaux. Selon l’hebdomadaire français « l’Express », l’intrigue est assez primitive.
Mais pour intimider encore plus le petit-bourgeois, les réalisateurs ont recours aux armes les plus sophistiquées : un rayon laser, avec lequel les personnages se battent à la manière d’une rapière. A l’écran, d’horribles monstres : hommes-lézards, gnomes sans visage, momie vivante dont la tête est parsemée de tubes de caoutchouc, animaux fantastiques …
En parallèle du tournage de ce « chef d’œuvre » – que son réalisateur George Lukas qualifie de « western futuriste » – les Etats Unis ont connu une vague d’opérations commerciales liées au film. (…) Suite à cela, les attributs classiques de la « culture de masse » sont apparus : badges, t-shirts, affiches, disques. Avec la nouvelle année, les jouets pour enfant devraient arriver dans les magasins (…)
Dans les prochaines semaines sortira donc sur les écrans américains la nouvelle série « la guerre des étoiles », qui promet d’être aussi médiocre que rentable. Ce n’est pas surprenant. Le spectateur de masse « béquette » de bonne grâce à de tels spécimens « artistiques » afin de ressentir, en sortant de la salle que, malgré tout, à l’extérieur tout est calme … »
Literaturnaja Gazeta, 7 septembre 1977.
« Le cinéma occidental n’est jamais loin des maisons d’éditions, et ces fabricants de produits chimiques ont à peine le temps de livrer la bobine de leurs films horribles sur les exploits de « surhommes ordinaires », dans un programme qui inclut certainement toutes sortes d’aventures amoureuses. »
De l’errance éternelle et de la Terre. Moscou : Pravda, 1987
Pour pouvoir regarder Star Wars légalement, il fallut attendre 1990. Soit 13 ans après la sortie du film, où une chaine de télévision proposa à ses téléspectateurs la trilogie par épisode de 5 minutes par jour… à partir d’une cassette de contrebande… réalisé par un traducteur seul… et donc avec la même voix pour tous les personnages…
Tout un programme !
Pour ceux qui n’auraient pas peur de passer 2 heures et 13 minutes devant le nouvel épisode d’une « horreur cosmique », Star Wars Rogue One, ce dernier est projeté au Cinéma Vox et à l’UGC de Strasbourg depuis hier, sa date de sortie.
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PEDRO
J’ai une fine moustache… Tout est dit.
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source : http://villesfermees.hypotheses.org/395 Kevin Limonier
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