Il y a quelques jours en parcourant Grand’Rue je suis tombé sur un panneau m’invitant à entrer dans une cour intérieure. Ce dernier portait le nom plein de mystères de “OPEN YOUR EYES” et semblait être un atelier d’artiste. Ayant du temps devant moi et adorant les petites impasses secrètes, il ne fallait pas m’inviter d’avantage pour que je franchisse le pas !
Au bout du chemin, une magnifique cour du 16ème siècle s’offrait à moi : des murs décrépis, des volets percés de coeur, une tour exigue, des vignes grimpantes … le cadre était posé et il donnait envie d’y rester.
Dissimulé entre de la végétation et les quelques voitures stationnées, je trouve le fameux OPEN YOUR EYES, une devanture simple et épurée mêlée à cet ensemble d’époque. J’entre, c’est ouvert. Face à moi je vois un canapé, des fauteuils, des toiles, un ordinateur et au loin j’entends les bruits de quelqu’un.
C’est là que Daniel est venu vers moi et m’a accueilli comme si l’on se connaissait déjà.
Le temps de parler de quelques banalités et un rendez-vous pour une interview était pris pour la semaine suivante.
Une semaine plus tard me revoilà, mais pas seul, c’est toute notre petite équipe qui vient avec pour investir les lieux.
Daniel, alias Dan23 était entrain de travailler de l’acrylique sur deux guitares.
Une fois que nous avions fini de zigzaguer dans son atelier, nous nous sommes installés dans les canapés pour commencer à questionner un peu cet homme qui a su laisser sa marque dans le paysage urbain strasbourgeois.
Bonjour Dan, pour commencer, peux tu nous dire quel âge tu as ?
J’ai 42 ans.
Peux tu nous décrire un peu ton parcours ?
(Rires) Je vais essayer oui …
Pour commencer je me suis un peu cherché. J’ai fait un BTS Design dans la creuse et ai laissé tomber dès le lendemain.
Ensuite je me suis dis que je pouvais devenir professeur d’arts appliqués, mais même chose, j’ai arrêté dès le lendemain. Ce n’était pas pour moi. C’est alors que j’ai décidé de m’éloigner pour avoir les idées un peu plus claires.
J’ai pris mon sac à dos et je suis parti seul en Asie pour 4 mois. Principalement au Vietnam, c’est là que j’ai commencé à beaucoup dessiner et à me dire que je pourrais vivre de ma peinture.
À mon retour j’ai passé une dizaine d’années à me former en travaillant dans mon appartement. En même temps, l’informatique commençait à se démocratiser et internet offrait de nouvelles possibilités : on pouvait être indépendant, sortir des schémas traditionnels entre le galériste et l’artiste, et créer son propre modèle de fonctionnement.
C’est à ce moment, il y a de ça environ 10 ans que j’ai ouvert ma propre galerie avec ma copine : “Le Passage”. Ma première expo était sur place et le reste de mon temps je le passais à faire du live painting aux différents festivals ou j’étais invité.
Cela m’a permis de pratiquer dans toute l’Europe et de rencontrer de nombreux autres artistes.
Doucement j’ai commencé à faire un peu moins de live painting et me suis d’avantage tourné vers la peinture de rue. Une rencontre dans une exposition à Paris m’a permis de participer au projet de la Tour Paris 13. C’était une expo éphémère où des artistes du monde entier se rassemblaient pour repeindre les appartements d’une tour vouée à la destruction.
L’évènement a été hyper médiatisé, ce qui a fait que je me suis retrouvé sous les projecteurs d’un coup.
Une galerie parisienne a alors pris contact avec moi, la galerie Mathgoth, et j’expose chez eux depuis. Je continue aussi a exposer ici à Strasbourg, où “Le Passage” est devenu “Open Your Eyes”.
Mais au fait, depuis combien de temps fais tu ça à temps complet ?
Je dirais que ça fait 7/8 ans pour le dessin et vraiment 2 ans que je ne fais que du street art et des expos.
Peux tu nous parler de ta technique ?
Ça fait environ 20 ans que je fais de l’aquarelle. Après je fais aussi beaucoup de bombes et j’essaie un peu tout ce qui me passe sous la main. À Paris 13 par exemple, je n’ai que fait de l’aquarelle en version XXL, c’est une technique que les autres n’utilisent pas du coup j’attirais la curiosité et mon travail était plus difficile à confondre.
Ton style ou ta zone de confort selon toi ?
C’est vraiment l’aquarelle où je me sens le plus à l’aise : dans le style croquis, des couleurs seventies et chaudes.
Où aimes-tu manger à Strasbourg ?
Le Fossil ! Ils ont un onglet à l’échalote qui déchire ! Le meilleur de Strasbourg je pense.
Où aimes-tu boires ?
Pour une bonne bière, je dirais aux Frères Berthom. J’aime l’ambiance cosmopolite qui s’en dégage. Des touristes, des strasbourgeois, des étudiants et travailleurs étrangers, tous ces gens réunissent pour déguster la même chose et passer un bon moment.
Quel endroit aimes-tu le plus à Strasbourg ?
Sans hésiter je dirais les Ponts Couverts et la Petite France en général. J’ai toujours l’impression d’être dans un conte de fées quand j’y suis.
Que changerais-tu à Strasbourg si tu le pouvais ?
J’aimerais pouvoir faire plus de grandes façades pour apporter de la couleur à la ville.
Et pour finir, si je te dis “Pokaa” ! Tu dis ?
Hontas !
Cette rencontre avec Dan23 est partie d’une simple curiosité au détour d’une rue pour se transformer en la découverte d’une personne complète et intéressante. Finalement, tout comme ses peintures de rue, c’est un petit peu le message que cet article devrait faire passer : Prenez le temps de vous arrêter.
Toute l’équipe Pokaa le remercie de rendre chaque jour Strasbourg plus beau.
DAN 23
Galerie Open Your Eyes
120 Grand Rue
67000 STRASBOURG
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Photographies : Maria Fernandes