Elles sont souvent totalement anodines au point qu’on ne les remarque plus. Mais parfois, elles peuvent se révéler surprenantes, poétiques ou franchement nulles. Dans tous les cas, les dénominations des voies strasbourgeoises méritent qu’on s’y attarde. Noms loufoques, anecdotes historiques ou erreurs de traduction… on fait ici le tour des petits panneaux bleus strasbourgeois.
On a tous déjà vu Daniel Prevost en reportage à Montcuq. Depuis, plusieurs classements des noms de villes les plus étonnants ont fleuri sur internet et on a pu découvrir les charmantes bourgades d’Angoisse, Mouais, Deux-Verges ou encore Hébécrevon. Et puis l’exercice s’est étendu et concerne maintenant les noms de voies.
À Strasbourg, on est bien loin de certains chefs-d’œuvre du reste de la France (à l’instar de la rue de la Verge-D’or à Toulouse ou de la rue des Crottes à Marseille). Mais certains noms de nos rues strasbourgeoises méritent toutefois qu’on s’y attarde.
Les noms enfantins de Hautepierre
C’est du côté de Hautepierre que l’on retrouve une forte concentration de noms clairement bizarres. On commence par emprunter le chemin Yoko-Tsuno, du nom de la célèbre héroïne de bandes dessinées. À partir de là, on traverse le parc Sindbad et on peut rejoindre à pied le chemin Peter-Pan en un rien de temps !
Mais si vous vous lassez du parc Sindbad, rien ne vous empêche d’aller plutôt du côté du square Gribouille, lui aussi juste à côté.
Ces petits noms enfantins datent de presque dix ans. À l’époque, le fait de baptiser des lieux ainsi n’avait pas fait l’unanimité. Là où certain(e)s habitant(e)s se réjouissaient, les oppositions n’avaient alors pas manqué de qualifier cela de « stigmatisant ».
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La déformation historique
Les noms strasbourgeois sont pour beaucoup le résultat d’un match de ping-pong entre la France et l’Allemagne. En effet, lorsqu’il s’agit de nommer une rue, on ne saurait mettre de côté son nom historique… ou plutôt, ses différents noms au fil des siècles. Sauf que dans tout ce bazar, on a vite fait de se planter dans les traductions.
C’est par exemple le cas de la rue de l’Ail, sur la Grande Île. Longtemps nommée Klobelouchesgasse, du nom de la famille Klobelouche – des aristo propriétaires de plusieurs immeubles, le nom est déformé avec le temps et Klobelouche devient Knoblauch. Sauf que Knoblauch, en allemand… ça désigne cette plante en bulbe utilisée comme condiment. Et c’est ainsi qu’une famille richissime a vu son nom confondu pour des siècles… avec une gousse d’ail.
Et vous l’aurez remarqué : chez nous, on peut bien souvent lire les panneaux des rues en français ET en alsacien. C’est ainsi que la rue de l’Aimant devient la Magnetgässel (oui, comme sur le frigo). Aussi, la ruelle de la Cuiller-à-Pot (pourquoi nommer une rue de la sorte ?) devient la Kochlöffelgässel.
Quant à elle, la rue du Renard-Prêchant devient « Wo d’r Fuchs de Ente predigt », qui signifie littéralement et un presque poétique : « Là où le renard prêche auprès des canards ». S’il est clair qu’on pourrait clairement consacrer tout un article à cette unique rue, on se contentera ici de résumer l’histoire hypothétique de ce nom.
C’est celle d’un cordonnier nommé Fuchs (renard) qui dérobait des canards pour nourrir sa famille. Les voisin(e)s auraient alors imaginé une histoire dans laquelle c’est grâce à des prêches que le cordonnier réussissait à capturer les canards. Une imagination digne de celle d’un(e) client(e) du Kalt en after.
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Ces rues qui ont de la gueule
Il existe aussi des voies qui nous donneraient presque envie de déménager !
Il y a bien sûr la place des Bosquet-des-Poètes, tout au fond de l’allée des Chuchotements. Ou bien si vous êtes plutôt du genre à vous la péter, vous pouvez emménager rue du Miracle, ça vous correspond si bien.
Pour les plus raffiné(e)s, il reste le cours du Soleil ou la ruelle de l’Esprit. Enfin, pour asseoir votre prestance et votre charisme, rien ne vaut le plaisir de demander une carte de fidélité pour annoncer fièrement à un(e) hôte(sse) de caisse désabusé(e) : « J’habite chemin du Chat-Sauvage » ou « rue du Dragon », selon votre mood.
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Et il en reste plein
La ruelle du Fumier
On troquera volontiers la lettre d’amour parfumée par un snap si ça peut éviter d’écrire cette adresse sur une enveloppe.
L'impasse de la Bière
Le qualificatif d’impasse dépend souvent du nombre de pintes.
La rue du Péage
À l’angle de la rue de l’Urssaf et du boulevard Darmanin. On adore…
La rue Tacite
Une rue dans laquelle on se fait reconduire.
La rue du Poumon
Tout plaquer pour y ouvrir un bureau de tabac.
La rue Moll
Une rue qui porte bien mal son nom puisqu’elle abrite une backroom. La vie est mal faite !
La rue Déserte
Pour une fête des voisin(e)s réussie.
La ruelle de la Farine
Il se raconte que Cyril Hanouna y détiendrait un pied-à-terre.
La rue des Trois-Gâteaux
Franchement good vibe, même si on ne comprend pas vraiment l’idée.
Et( a Cronenbourg il y a une rue de la Licorne (ruelle près de Rotonde)
J’adorerais connaître l’histoire de la rue de la boîte à bougies…
https://www.archi-wiki.org/Adresse:L%27Hermitage_(Strasbourg)
Je crois que, comme pour la rue de l’ail, le nom de la rue des balayeurs à la Krutenau, relève d’une erreur de traduction ou de déformation