En 2027, le gouvernement veut atteindre les 800.000 ventes de véhicules électriques. L’occasion de voir comment l’Eurométropole de Strasbourg accompagne ce changement de mode de déplacement, à l’aune de la Zone à faibles émissions (ZFE), et comment les habitant(e)s jugent ses actions en la matière.
Le 6 mai dernier, le tribunal administratif de Strasbourg a validé le calendrier de déploiement de la ZFE, interdisant les véhicules Crit’Air 2 en 2028 dans certaines communes de l’Eurométropole [Strasbourg, Holtzheim, Ostwald et Schiltigheim, ndlr]. Une information qui a son importance, puisque cela force les habitant(e)s du territoire à se doter d’ici 4 ans d’un véhicule moins polluant.
Parmi les options existantes pour changer son véhicule, il y a la solution des voitures électriques, les Crit’Air E. Si celles-ci ne représentent que 1.76 % du parc automobile de l’Eurométropole en 2023 (4.029 véhicules sur 239.080 au total), leur nombre a augmenté de 453% en 5 ans. Une flotte qui grandit donc très rapidement, et qui représentera une bonne partie des véhicules dans le futur.
Néanmoins, une voiture électrique, ça a un coût, entre 30.000 et 50.000 € hors modèle haut de gamme selon le média spécialisé rool.fr. Il faut donc que l’État, et l’Eurométropole (EMS), puissent bien accompagner ce changement de véhicule.
Par ailleurs, l’EMS doit également faire sa part concernant le déploiement de bornes de recharge, indispensables. Est-ce que c’est le cas ? On a demandé à 5 habitant(e)s de l’Eurométropole ce qu’ils/elles en pensaient (Arnaud, Gianluca, Marie*, Gabrielle et Kévin).
Des aides de l’Eurométropole qui existent… mais encore peu connues
On l’a dit : une voiture électrique ça a un coût. Heureusement, les personnes qui souhaitent en acquérir une peuvent avoir recours à des aides. En effet, l’État propose plusieurs primes : une prime à la conversion allant jusqu’à 6.000 euros, avec près de 3.000 € de surprime si le/la bénéficiaire réside dans une ZFE-m, et une prime écologique allant jusqu’à 7.000 €.
L’Eurométropole propose elle aussi des aides, à travers son Agence du climat. L’aide à la conversion automobile va jusqu’à 4.000 € selon les conditions de revenus, « dans le cadre de sa politique réglementaire ZFE » selon Pia Imbs, la présidente de l’Eurométropole. Elle annonce également que « 80 % des ménages de la métropole sont concernés ». Pourtant, seulement 15% des aides demandées l’ont été pour des véhicules électriques.
Il faut dire que, parmi les 5 personnes que nous avons interrogées, seule Gabrielle connaissait l’existence de ces dispositifs, cumulables avec celles de l’État.
Strasbourg va créer une Agence pour le climat
Un déploiement des bornes électriques sur le territoire satisfaisant mais qui va devoir s’intensifier
Si le nombre de voitures électriques ne cesse d’augmenter sur le territoire, qu’en est-il des bornes de recharge ? Des projets privés essaiment, comme la création d’une infrastructure de recharge pour véhicules électriques en lieu et place de l’ancienne station service de l’Observatoire.
Au niveau de l’Eurométropole, celle-ci a passé un contrat dans le dernier mandat avec Elsass Énergie, qui regroupe Engie et Freshmile. Aujourd’hui, 121 bornes électriques se trouvent sur le territoire eurométropolitain selon Pia Imbs. L’objectif final est de déployer 250 bornes d’ici l’année prochaine, et au minimum une par commune, quelle que soit sa taille.
Une augmentation remarquée par Kévin : « Il en pousse de plus en plus, comme dans notre quartier, Cronenbourg. En comparatif par rapport à d’autres villes nous sommes à l’abri, même s’il en manque encore dans les parkings-relais et dans certains quartiers. »
Gianluca loue la qualité de service : « Globalement, elles sont accessibles et disponibles dans la plupart des zones utiles. Ces derniers mois, la qualité du service s’est améliorée et je n’ai pas eu de problème pour trouver une borne de recharge fonctionnelle. »
De son côté, Arnaud salue « un gros effort fait il y a 2 ans » sur les bornes Freshmile, ajoutant : « Il y en a quasiment partout. Une fois sur la place et prêt à charger c’est très bien, très rarement un panne et en cas de problème l’assistance nous aide 24h/24 et 7j/7. » Il regrette néanmoins leur prix, « assez élevé ».
Enfin, si Gabrielle souligne l’entretien des bornes et leur côté abordable, elle prévient : « C’est quand même de plus en plus compliqué de charger parce que le parc automobile de l’électrique s’agrandit de jour en jour sur Strasbourg. »
Là-dessus, Pia Imbs compte sur « des initiatives privées des entreprises » pour augmenter le nombre de bornes, et annonce également qu’avec le nouveau Plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi) « pour chaque construction neuve d’immeuble, il sera obligatoire d’installer des bornes de recharge ».
Quelques difficultés qui émergent
Enfin, quelques problèmes émergent pour les propriétaires de voitures électriques. La principale ? Les difficultés à se garer, mais également à recharger son véhicule. Pour Arnaud : « Se garer c’est casse tête, les places de parking sont ridiculement petites, alors que les voitures électriques sont en général de gabarit SUV/Berline. »
Une problématique également remarquée par Gabrielle : « Durant ces deux dernières années, j’ai pu voir que les bornes gratuites de la Ville ont toutes été saccagées et/ou squattées par des gens qui ne chargent pas. » Arnaud regrette alors le manque de verbalisation de la police municipale : « Lorsque j’appelle la police municipale pour contravention ils ont jamais « d’équipage », du coup il ne se passe rien… »
De son côté, Gianluca appelle à une meilleure sensibilisation des automobilistes : « Les propriétaires de véhicules thermiques occupent illégalement les places de recharge sans respect pour les autres. En plus, certains conducteurs de voitures électriques ne libèrent pas les bornes lorsqu’ils ont fini de charger, et prennent parfois trop de temps pour recharger. »
Depuis quelques années, le nombre de voitures électriques augmente à Strasbourg et dans l’Eurométropole et ce n’est pas prêt de s’arrêter. Une réalité à laquelle se prépare l’Eurométropole en accompagnant celles et ceux souhaitant avoir un véhicule électrique avec différentes aides, tout en déployant 250 bornes de recharge d’ici 2025.
*Le prénom a été modifié