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Du bois au violon : à Strasbourg, rencontre avec Guillaume, artisan luthier depuis 16 ans

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À quoi ressemble le quotidien d’un artisan qui fabrique, répare ou restaure des instruments à cordes ? Combien d’heures nécessite la création d’un violon ou d’un archet, et quelles sont les différentes étapes ? Guillaume Kessler, artisan luthier et archetier d’origine vosgienne, nous a accueilli dans son établi situé rue du Temple-Neuf à Strasbourg, pour répondre à nos questions sur un métier requérant à la fois minutie et force physique, solitude créatrice et sociabilité.

Avant d’arriver dans la pièce où Guillaume répare, restaure et fabrique des violons, des altos, des violoncelles, mais aussi des archets, nous traversons un couloir aux murs jonchés d’instruments à cordes.

Dans l’établi, de grandes fenêtres laissent entrer la lumière. Sur la table centrale, une lampe articulée, et sur les commodes, des ciseaux à bois, des gouges, des rabots, des pinceaux, et autres flacons remplis de vernis

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atelier violon luthier
© Léa Daucourt / Pokaa

Ce métier passion « n’est jamais exercé par hasard », nous explique Guillaume. En général, les luthiers/ères sont soit des musicien(ne)s à la base, soit originaires d’une famille ayant une ouverture sur ce métier. Violoniste à l’adolescence, l’artisan découvre le métier un peu par hasard en rencontrant des techniciens qui s’occupent des instruments.

« Je viens des Vosges, ça a aidé », nous confie-t-il. En effet, en France, l’art de la lutherie est resté concentré dans cette région pendant des siècles !

De plus en plus intrigué, il rencontre des artisan(e)s et certain(e)s lui tendent la main en l’encourageant à intégrer une école. Guillaume décide de partir étudier à l’étranger dans les années 2000 : « Quitte à apprendre un métier, autant le faire dans de nouvelles conditions et apprendre une autre culture en même temps. »

Atelier lutherie violons
© L.D / Pokaa

Alors âgé de 18 ans, il se lance pour quatre ans d’études en Angleterre, à la Newark School of Violin Making, et y obtient un diplôme spécialisé dans les métiers du violon. L’artisan commence sa carrière dans différents ateliers situés aux quatre coins de l’Europe, et se retrouve même à Chypre.

Il déménage à Strasbourg en 2017 après plusieurs expériences, et il crée son premier atelier de lutherie, rue Jacques Kablé. À l’époque, ils sont six collaborateurs, qui l’assistent sur la fabrication et la restauration des instruments.

Patience, persévérance, passion... et polyvalence

Comme dans beaucoup de professions, le plus dur reste l’écart entre la théorie et la réalité. Guillaume cite ce qu’il appelle « les trois P » : « Pour faire ce métier, il faut de la patience, de la persévérance, et beaucoup de passion, car il ne faut jamais abandonner. La création d’un violon peut prendre jusqu’à 200 heures par exemple. »

En plus de la fabrication de violons ou d’archets, Guillaume fait aussi de la restauration. L’idée est de retravailler complètement un instrument pour le remettre dans le meilleur état possible, à la différence de la réparation, où il faut régler un seul problème.

Atelier lutherie violons
© Léa Daucourt / Pokaa

Ce métier demande également de la polyvalence. En effet, Guillaume passe sans cesse d’une chose à une autre, ce qui nécessite beaucoup d’attention et de précision. Et s’il est souvent seul dans son atelier, pour travailler dans les meilleures conditions, l’humain reste au centre de son activité. Pourquoi ? Car sans hommes et femmes, il n’y a pas de musique, ni d’art ! 

Il faut donc également accompagner et conseiller les client(e)s. En fait, Guillaume est le lien entre l’instrument et la personne qui joue, celui qui doit trouver des solutions. C’est parfois évident, parfois plus profond, mais ça nécessite toujours de l’écoute. 

Atelier lutherie violons
© Léa Daucourt / Pokaa

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, un(e) luthier/ère ne reste pas seulement entre quatre murs : Guillaume part aussi régulièrement en déplacement sur des salons, parfois internationaux, vers l’Asie ou l’Amérique du Nord par exemple.

Beaucoup d’étapes, de la technique et une science du bois à connaître

Pendant notre rencontre, notre artisan du jour, qui connaît ses instruments sur le bout des doigts, nous transmet même son savoir. On apprend qu’un violon compte 80 pièces, que le corps et le manche sont ses deux grandes parties. Sur le corps : la table, la couronne d’éclisses, et le fond. Guillaume commence toujours par la couronne d’éclisses (les bords latéraux). Il s’inspire d’un modèle qu’il reporte sur un moule, qui va servir de base pour monter toutes ces pièces de bois.

À partir de ça, il sculpte la table et le fond. Elles sont ensuite collées en sandwich dessus, avec des planches massives qui sont sculptées. 

Atelier lutherie violons
© Léa Daucourt / Pokaa

Une fois que les trois pièces sont assemblées, on obtient une caisse de résonance qui a pour rôle de recevoir et d’amplifier la vibration produite par la ou les cordes. Ces étapes sont très importantes pour les sonorités. Le manche est fait séparément et est ajouté à cet ensemble. Il est très important pour la jouabilité, au même titre que la touche. La dernière phase, le montage, permet aux cordes de fonctionner correctement.

Concernant le bois, Clément préfère demander à des spécialistes : certains bois exotiques ou de bonne qualité sont difficiles à trouver. On apprend aussi que les violons sont fabriqués avec de l’épicéa, de l’érable et de l’ébène, et les archets avec de l’ébène et du pernambouc, bois exotique originaire du Brésil, classé en danger et soumis à des règles très précises depuis 2007. 

Atelier lutherie violons
© Léa Daucourt / Pokaa

L'importance de la lumière et des postures

Si les ciseaux et les gouges sont des outils emblématiques de la sculpture du bois, l’établi en lui-même, les étaux qui peuvent aller avec et même les lampes, sont tout aussi importants. « Sans la bonne lumière, on ne peut pas utiliser les outils correctement », explique l’artisan. Certains détails apparaissent en fonction de sa direction : il y a des tas de façons de regarder. 

Les mains aussi jouent un grand rôle. Sur des choses précises et avec des outils très coupants, le bout des doigts suffit largement. Sur des pièces plus importantes, on se rend compte que tout le poids du corps est utilisé. « La posture peut faire toute la différence », à l’instar de celle d’une sportive qui, grâce à celle-ci, gagnerait en performance. 

Guillaume utilise aussi ses jambes et le reste de son corps : juste avec des flexions, des petits mouvements. Ce métier est donc très physique !

Atelier lutherie violons
© Léa Daucourt / Pokaa

Alors, que vous ayez besoin d’acquérir un nouvel instrument ou de donner un second souffle à celui qui vous suit depuis vos débuts, n’hésitez pas à faire appel aux services de Guillaume Kessler, qui saura vous accueillir avec professionnalisme et écoute. 


Pour en savoir plus sur Guillaume Kessler :

Son site internet
Sa page Facebook


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