Chez Pokaa, on aime vous faire visiter Strasbourg et ses alentours, de préférence d’une façon originale ou marrante. Cette fois, on a pris le pari du bus : du début à la fin de la ligne 50, on découvre notamment quelques perles de la Montagne Verte ou de Koenigshoffen. Allez, en route !
Pour celles et ceux qui ne connaissent pas trop Strasbourg et qui voudraient explorer ses quartiers périphériques, celui de la Montagne Verte peut paraître attirant. Rien qu’au nom, on se dit : pourquoi pas ? Alors on a choisi d’aller traîner notre stylo au départ de l’arrêt… (suspense) Montagne-Verte ! Ligne de bus : 50.
Il était une fois… La Montagne Verte, quartier entre béton et verdure
Pourquoi le bus ? Pour sortir un peu des sentiers battus touristiques, et se laisser aller à la glorieuse incertitude du voyage improvisé. Notre boussole ou Google ne seront pas nos guides, mais la carte CTS sera notre amie. La règle : l’exploration n’ira pas au-delà des 10 minutes de marche autour de chaque arrêt, histoire de rester dans le thème.
Arrêt Montagne-Verte : aucune montagne mais du vert, beaucoup de vert
Pour tuer le suspense, non, il n’y a pas de montagne verte à l’arrêt Montagne-Verte. Il y a en revanche un certain nombre de parcs naturels et forcément très verts, surtout au printemps. Le premier, assez discret, est d’ailleurs à découvrir juste derrière ce premier arrêt.
On s’y aventure en attendant le prochain bus, censé arriver dans une dizaine de minutes.
C’est le parc Eugène-Imbs, figure du socialisme strasbourgeois au début du XXe siècle et ancien charpentier de renom. Vous y découvrirez un mémorial assez particulier : une sculpture en forme de A, à la mémoire des victimes des deux guerres mondiales.
La zone n’est pas très grande mais les amateurs/rices de fleurs pourront y dénicher quelques spécimens aux 1.000 couleurs. Il y a aussi un sentier très pratique, et panoramique, puisqu’il longe la Muhlbach (cours d’eau) et permet aux cyclistes ET aux piéton(ne)s (précision importante) de circuler dans les méandres de cette partie du quartier.
Nous ne l’emprunterons pas pour le moment, car on aperçoit un peu plus loin, toujours dans le secteur du premier arrêt, une église qui semble bien originale.
Une église à colombages, rareté en Alsace
Et elle l’est : c’est la seule église à colombages d’Alsace avec celle de Kuhlendorf (Bas-Rhin). Elle s’appelle Saint-Arbogast et, comme le site Archi-Wiki nous l’apprend, ses architectes ont fait le choix des colombages car elle se situait dans le deuxième rayon des fortifications de Strasbourg. Elle devait donc être « rapidement démontable en cas de besoin ». Elle ne l’a finalement jamais été, malgré une sérieuse alerte pendant la Première Guerre mondiale.
Nous n’avons malheureusement pas pu visiter l’intérieur mais son aspect extérieur vaut à lui seul le détour. N’hésitez pas à faire un tour à l’arrière du bâtiment : les habitant(e)s du quartier (les Voisins de l’Ill et d’Arbogast) y ont construit une superbe boîte à livres – remplie de beaux bouquins le jour où nous sommes passé(e)s.
Arrêt Abbé-Lemire : jardins familiaux et moulin à papier
Ça y est, le bus 50 est là. Le prochain arrêt c’est Abbé-Lemire, et il donne déjà envie de descendre car on aperçoit de loin des parcelles de jardins ouvriers ou familiaux.
On reste dans le thème vert et on s’élance à travers les allées fleuries. On tombe très vite sur un jardinier en herbe. Il s’appelle Edrossian, il a 75 ans, et il nous explique globalement qu’il en a marre de son jardin (oui oui).
« C’est très bien les jardins familiaux de la Montagne Verte, mais surtout au début. Après quelques temps on se rend compte que c’est un trou financier, ça coûte cher pour pas grand chose. »
Bonjour l’ambiance ! Pour les curieux/ses, louer un jardin familial sur le territoire de l’Eurométropole coûte entre 48 et 162 €par an, selon le degré d’équipement fourni.
Un peu plus loin, et de manière inattendue, on tombe sur un moulin à papier – moulin à eau servant à la fabrication du papier. Très photogénique (surtout par beau temps et avec une bonne lumière), le Kupferhammer gagnerait à être plus connu.
On a d’un côté la magnifique villa de l’ancien brasseur Gruber. Et de l’autre, dans un discret écrin, le moulin à papier, qui fut tour à tour moulin à poudre puis à cuivre. Il s’agit du premier moulin de ce type à Strasbourg, construit en 1497.
Arrêt Kupferhammer : une « Tour merveilleuse » au détour d'un chemin
Retour au bus, et nouvel arrêt conseillé quelques centaines de mètres plus loin. Il faudra marcher un peu depuis la station Schnokeloch, mais l’effort sera récompensé. On se croirait un peu dans un village alsacien dans ce secteur, avec des maisons aux murs multicolores et aux pans de bois.
Vous pouvez également aller faire un tour du côté du cimetière juif, classé monument historique car premier lieu de sépulture de la communauté juive d’Alsace, construit au début du XXe siècle. Mais le clou de la balade se situe en contrebas : la « Tour merveilleuse du Schloessel » à Koenigshoffen.
Il ne faut pas vraiment se fier au nom du monument si on ne veut pas être un peu déçu(e) à l’arrivée. La tour du Schloessel était à l’origine un bâtiment de défense, une des 12 tours défendant l’entrée de Strasbourg au XIVe siècle. L’esthétique n’était donc pas la priorité. L’architecture n’en reste pas moins remarquable : il dispose d’un belvédère et d’un portique à quatre colonnes surmonté d’un garde-corps.
C’est surtout le cadre, assez idyllique et pas loin de la Muhlbach au beau milieu d’un joli bois, ainsi que son usage contemporain, qui la rendent « merveilleuse ». « Pendant deux ans, on en a fait un café participatif, avec des spectacles, des rencontres, des événements conviviaux pour les gens du quartier », explique Justine Joly, coordinatrice du lieu.
« À partir du printemps, ce sera une autre version du lieu, avec des ateliers réguliers et une volonté de cultiver les liens intergénérationnels, notamment auprès de l’Ehpad qui se situe juste à côté. » Ce tiers-lieu citoyen accueille, qui plus est, plusieurs associations et start-ups locales, toutes s’inscrivant dans des projets à vocation écologique ou solidaire.
Arrêt Gruber : toujours plus de parcs avant une fin de ligne plus résidentielle
Retour dans le bus avec, cette fois, des arrêts beaucoup moins fréquents. D’abord à la station Grüber, sur la longue route des Romains et toujours dans le quartier de Koenigshoffen. Il faut marcher un peu pour apercevoir la résidence « Les Capucins », une belle et grande demeure aujourd’hui utilisée pour l’accueil de réfugié(e)s.
Il était à l’origine un lieu de calme pour les chartreux (au XIVe siècle) puis est devenu un couvent pour les frères capucins, une congrégation religieuse de Rhénanie-Westphalie, vers la fin du XIXe siècle. C’est aujourd’hui un joli exemple de bâtiment de style néogothique pour les amateurs/rices d’architecture, mais qu’on ne peut malheureusement explorer que depuis l’extérieur.
Suivez le discret sentier situé en face pour déboucher sur l’un des principaux parcs de cette partie de Strasbourg. Lieu de promenade des habitant(e)s, le parc naturel urbain du Niederholz vous amènera le long du canal de la Bruche et autour de petits lacs ou étangs assez photogéniques.
Il y a même une petite curiosité à découvrir : les « Folies végétales du Muhlbach ». C’est un espace expérimental où plusieurs associations locales ont « mis en scène » différentes structures végétales : haie sauvage, haie fruitière, espace d’osiériculture, bosquets, labyrinthes. Ce n’est pas très impressionnant de prime abord mais on finit par distinguer de petites subtilités.
Arrêt Saint-Antoine : une église un peu spéciale
La suite de la ligne 50 vous emmènera successivement dans les quartiers de Hautepierre, de Cronenbourg et d’une partie de Schiltigheim. À moins de vous arrêter pour une visite à l’Hôpital de Hautepierre, le plus grand de Strasbourg (pour notre part, nous avons passé notre tour), rendez-vous directement à l’arrêt Saint-Antoine, dans le quartier de Cronenbourg. Pile en face de la station se trouve une église peu commune. Construite en 1961, elle est constituée de multiples motifs géométriques.
Sa nef est équilatérale, et se resserre au niveau de l’autel. Nous n’avons pas pu en visiter l’intérieur, elle était fermée lors de notre passage, mais d’après leur site web, les portes sont ouvertes chaque samedi et dimanche.
De l'arrêt Copernic à Schiltigheim : un marché petit mais convivial
La ligne 50 est ici en plein dans sa partie la plus résidentielle. Pokaa vous invite donc à descendre mesurer le pouls du quartier de Cronenbourg, notamment à l’arrêt Copernic. D’un côté, vous avez la possibilité d’aller à la rencontre des habitant(e)s les mercredis et les vendredis à l’occasion du marché de Cronenbourg, place de Haldenbourg.
Petit mais convivial, il vous permettra non seulement de faire le plein de fruits et de légumes frais, mais aussi de taper la discute avec des habitué(e)s, et de découvrir plus en profondeur ce coin de Strasbourg. Par ailleurs, si vous poursuivez un peu le long de la rue du Rieth (ou jusqu’à l’arrêt Lavoisier), vous tomberez sur le parc de la Bergerie, où les jeunes du quartier se retrouvent pour de grosses sessions de street workout quand il fait beau.
Intrigué(e)s par ce que Google Maps appelait le lac Mohanjo (noté 4,1 en moyenne s’il vous plaît) situé à une grosse dizaine de minutes de l’arrêt Saint-Junien, juste avant Schiltigheim. On avait de l’espoir… avant de tomber sur un étang entouré d’hôtels et de résidences étudiantes….
C’est le propre des paris qu’on se lance : risquer de perdre notre temps, mais souvent, de belles surprises nous attendent. Rendez-vous au prochain épisode et on vous laisse avec la fresque murale de la cité du Marais à Schiltigheim (et son arrêt éponyme) !
Merci pour ce parcours découverte.J’ai trouvé passionnant.J’ai hâte de connaître la suite!
Mais c est merveilleux cette promenade que vous proposez
Les photos sont très belles.
Où est l arrêt du bus 50 au centre ville. Peut-on prendre un seul tiquet pour tout le trajet ?
Bonjour Véronique 😉
Merci pour ce retour, l’arrêt de bus 50 commence à Montagne-Verte pour ce parcours. Depuis la place Kléber vous pouvez prendre la ligne B direction Lingolsheim et descendre à l’arrêt Montagne-Verte.
Pour le ticket, je pense que le plus simple et de prendre un billet « 24 solo » à 4,60€. Vous pouvez avec ce billet prendre les trams et les bus pendant toute une journée !
Bonne journée,
Anthony Jilli
Journaliste pour Pokaa