Active et militante, la jeunesse européenne investit aussi les scènes. Du 10 au 18 novembre, le Maillon lui consacre un Focus particulier : Premières, la suite. Quatre spectacles, une installation, ainsi que des rencontres, des tables rondes et un DJ set ! On te fait même gagner des places en fin d’article !
On la voit active sur les réseaux, en manif, mais elle remplit aussi les écoles de théâtre et d’art, et les universités : la jeunesse européenne propose une réelle relève artistique. « En quête de formes d’expression contemporaines, le spectacle vivant semble toujours attirer une jeune génération, malgré tant d’autres médias à sa portée » nous explique Barbara Engelhardt, directrice du Maillon dans l’édito.
Le théâtre strasbourgeois qui se dit aussi « scène européenne » porte d’ailleurs bien son nom. Avec une programmation à l’année faite d’invitations d’artistes européen(ne)s et internationaux, c’est avec un Focus comme Premières, la suite, que l’on prend toute l’ampleur de la mission d’ouverture du Maillon vers l’Europe.
D’abord projet commun avec le TNS de 2005 à 2015, le festival Premières a mis sur le devant de la scène de jeunes artistes européen(ne)s, qui présentaient alors « des propositions audacieuses et originales ». Après une pause de huit ans, le voilà qu’il nous revient dès vendredi 10 novembre, avec Premières, la suite. Et il nous promet « une vraie plongée, intense et festive, dans l’avenir du spectacle vivant ».
Sans vouloir en déceler des tendances qui agiteraient les jeunes dramaturges, collectifs, ou metteurs/euses en scène, il s’agit plutôt de se questionner sur ses pratiques actuelles, face à l’urgence climatique, aux conflits et à la mondialisation culturelle…
Pour apporter un début de réponse, le Maillon programme cinq propositions : quatre spectacles dont deux premières françaises, et une installation. Pour compléter ? Des rencontres et tables rondes, ouvertes au public comme aux professionnel(le)s du secteur. Et pour conclure dans la fête : un DJ set !
Quatre spectacles d'actualité
« Sauvez Bâtard ! » : une fable science-fictionnelle queer
Premières, la suite commence en force avec Sauvez Bâtard de Thymios Fountas, jeune auteur, metteur en scène et comédien belgo-grec (né à Copenhague en 1989).
Devant un tribunal que l’on nous décrit comme « loufoque et dérisoire », Bâtard est mis en examen « pour un meurtre dont lui-même peine à se souvenir s’il l’a vraiment commis »… Après la découverte d’un cadavre dans un terrain vague, par trois personnages tout aussi barrés : Clébard, Clochard et Cafard.
Sur scène, une langue crue, vive, métaphorique, mais aussi « hétéroclite, queer et musicale » avec un anti-héros dont le super-pouvoir est… la poésie ; dans « une fable science-fictionnelle qui se passe dans un monde où le ciel a disparu » explique Thymios Fountas.
Une première mise en scène pour ce dernier, qui parle ici d’amour et de création, dans un monde dystopique ; « un tableau vivant situé à la croisée du mélodrame et du cyberpunk, de l’absurde et du conte ». Une première française, à découvrir dès vendredi !
« Radvila Darius, fils de Vytautas » : plongée visuelle et musicale dans l'histoire de la Lituanie
Tout comme Sauvez Bâtard, Radvila Darius, fils de Vytautas, un voyage musical à travers les archives de la télévision lituanienne de Karolis Kaupinis fera sa première française dès vendredi.
Spectacle visuel et musical, il nous embarque dans l’histoire lituanienne. Le metteur en scène et réalisateur (et ex-journaliste d’actualité à la télévision lituanienne) a pioché dans les archives télé de son pays, des extraits d’émissions des années 1989-1991. Dates-clefs où la Lituanie recouvre à ce moment-là son indépendance, en se libérant de l’emprise de l’URSS.
Dans son spectacle, il fait dialoguer l’image et le son, avec quatre musiciens sur scène qui viennent s’ajouter aux extraits des voix de présentateurs/trices télé ou des anonymes enregistré(e)s.
Le résultat ? « Un portrait en creux de la société lituanienne, entre le poids de la tradition et l’aspiration à s’affranchir du passé », nous dit-on. « Avec une fine ironie, ce collage interroge, par-delà le cas de ce seul pays balte, la façon dont se construit une prétendue identité nationale, ici ou ailleurs ». …Si les images ont une trentaine d’années, le message reste d’actualité.
« La Taïga court, première cérémonie » : fresque climato-poétique
Production locale, pour celui-ci… Puisqu’il s’agit d’un travail de fin d’étude de l’école du TNS (Théâtre national de Strasbourg) pour le metteur en scène (et comédien) Antoine Hespel diplômé en 2022, et ses partenaires du collectif La Volga.
Avec La Taïga court, première cérémonie, ce dernier nous « donne à voir et à entendre » le texte de Sonia Chiambretto, « qui dresse le tableau de l’aveuglement du monde, mais aussi celui d’une incompréhension entre celles et ceux qui vivent l’écroulement des équilibres et celles et ceux qui les regardent… ou pas ».
Un spectacle poétique qui n’en oublie pas l’humour, pour parler des bouleversements climatiques, et celles et ceux qui les subissent. On nous cite le film Don’t Look Up d’Adam McKay…Après les 17 et 18 novembre, on ne pourra plus dire qu’on ne savait pas.
« Jusque dans nos lits » : décolonialiser la scène
Avec Jusque dans nos lits, c’est dans un cadre intimiste que nous convoque l’activiste (« artiviste »), performeuse et metteuse en scène décoloniale Lucile Saada Choquet, pour nous faire entendre la parole de ses invitées.
Derrière les voilages, uniquement des personnes racisées (perçues comme noires, arabes, berbères, asiatiques, latinas ou métisses, ou d’autres qui « passent pour blanches »/« white-passing »).
S’enchaînant sur trois heures chaque soir, cette performance accessible en continu, nous présente des têtes-à-tête d’une trentaine de minutes, où les invité(e)s se confient en compagnie de Lucile Saada Choquet.
L’artiviste qui aime « créer de la fiction à partir du réel » les interrogent ainsi sur leur rapport aux origines, à leur corps, leurs héritages ou la charge raciale. Une façon de nous éclairer sur « l’empreinte du colonialisme [sur notre] société » et nous questionne sur son européocentrisme. À découvrir les 17 et 18 novembre.
Les autres rendez-vous
« En vol » : envolée d'oiseaux dans le Patio
Tout au long de Premières, la suite, avec En vol, s’exposeront les « immenses corneilles, fabuleuses et redoutables » de la plasticienne Maëva Longvert (Le Polymorphe). Projetées sur le parvis et dans le hall, elles nous parleront « d’histoires réelles et fictionnelles, de brèches, de luttes heureuses et victorieuses, d’histoires de survie, de rêves d’envol ».
Le samedi 11, Maëva Longvert nous invite même à prolonger son œuvre, et à la rejoindre pour un atelier participatif… Afin de créer notre propre oiseau. Une création ornithologique et philosophique collective.
Pour aller plus loin : tables rondes et réflexions collectives
D’ailleurs, les rendez-vous ne s’arrêteront pas à cet atelier… Il s’agira aussi de réfléchir collectivement autour de plusieurs tables rondes. Sur les enjeux de la « programmation et transition écologique », ou autour de « La formation artistique à l’épreuve du présent ».
Premières, la suite réunira également Thymios Fountas et Karolis Kaupinis pour un « Regards croisés », une discussion autour de leurs parcours respectifs.
Place à la fête : le DJ set de KA-RABA (Okra collective)
Basée à Bâle, la DJ anime la scène locale de sets « décrits comme une sorcellerie sur les platines, un voyage flamboyant à travers les sons percussifs et électroniques ». Une belle manière de fêter ce retour de Premières !
Qu’on y parle de questions d’identité, d’environnement, de représentations queer ou de diversité, Premières, la suite s’inscrit dans ce qui nous agite et nous meut aujourd’hui. La jeunesse s’affirme dans les rues, sur les réseaux ou sur scène ! …Viens la découvrir !
Jeu-concours : gagne tes places pour « Sauvez Bâtard » !
Nous te le présentions en début d’article… Sauvez Bâtard introduit ce Focus, avec force et fracas (dès vendredi) ! Et à cette occasion, Pokaa et le Maillon te font gagner 3×2 places pour sa représentation du samedi 11 novembre à 20h (au Maillon). Une bonne manière de découvrir Premières, la suite !
Pour tenter de gagner, rien de plus simple. Il te suffit de :
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On tire les gagnant(e)s au sort très rapidement, reste connecté(e) !
Événement
Premières, la suite
Quoi ?
Focus du Maillon sur les jeunes scènes européennes avec spectacles, DJ set, rencontres et tables rondes
Quand ?
Du vendredi 10 au samedi 18 novembre
où ?
Au Maillon, Théâtre de Strasbourg – Scène européenne
1 boulevard de Dresde à Strasbourg
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