Le changement c’est maintenant paraît-il. Pour moi, c’est évident, depuis aujourd’hui, je n’exerce plus le métier d’avocat, je suis officiellement « sans emploi ». Plus j’avance dans l’âge adulte, moins j’envie d’être cet adulte. En plein no man’s land de vie, je vais redistribuer les cartes.
En bonne trentenaire, coeur de cible de la génération « Friends », j’ai toujours vécu en coloc’. Je fais pleinement partie de cette génération « Y », qui n’a pas connu de monde sans sida mais avec des ordinateurs, qui change de métiers, d’appart’, de mecs, de meufs, ou les deux, rapidement et spontanément.
J’aime bien la signification de ce « Y », on pourrait bêtement penser qu’étant après la génération « X », il était logique de nous appeler « Y ». En fait cela proviendrait surtout de la prononciation du « Y » en anglais, « why », la génération « pourquoi ». Ca en dit long et ça me rassure en même temps.
L’instabilité chronique de Joey Tribbiani n’a jamais angoissé personne. Comme en plein Manhattan, Geoffrey était d’ailleurs mon voisin de palier, lui aussi en coloc’. C’est comme ça qu’on s’est rencontré et on a gardé le même rythme, en couple et en coloc’. How I met your « Friends » : on a tout mélangé.
Pour la multitude de choses à régler avant le départ, il nous aura fallu trois mois pour tout plier. On n’a rien lâché, jusqu’à organiser un vide appart’ sur Facebook pour liquider meubles, décorations, jusqu’à la moindre cassolette à nos amis. Objectif ? Ne garder que les fringues, enfin les fringues d’été et rien d’autre !
On n’a gardé que les tongs ! Ou les espadrilles pour Geoffrey. Il n’aime pas les tongs, la tige du milieu, qu’il nomme lui-même le string, « lui fait mal entre les doigts de pieds »… impensable.
Le plus fastidieux dans l’histoire restait encore de quitter nos jobs respectifs.
Nous étions chacun à nos comptes, Geoffrey devait liquider sa boite de communication, quant à moi, je devais quitter une clientèle que j’avais mis quatre années à constituer, pour la plupart, à laquelle je m’étais attachée. Les étapes « Au fait, t’as résilié la Box ? Et l’assurance habitation t’as fait le courrier ? » n’étaient pas non plus des plus comiques.
C’est à ce moment qu’on se rend compte qu’en ces temps modernes, on sait se compliquer la vie !
Avec Bali, j’espère grandir, je vais enfin m’investir dans un « chez nous » et arrêter l’imbrication d’Ikea de plusieurs vies différentes. Passer enfin d’un service à couverts composé de huit fourchettes, deux couteaux, cinq petites cuillères et trois paires de baguettes chinoises, à un service entier et identique. Je crois que c’est ça, devenir une grande.
C’était cool comme été. Grâce à ce « vide appartement » publié sur Facebook, on a revu pleins de potes, d’ères différentes, passés jeter un oeil à nos meubles et à notre vie.
« Alors ça y est vous partez, c’est sûr…? »
Cet appart’, siège de tous les squats, adorés par tous nos potes, lieu sacré de toutes les soirées, rendait l’âme… Oui les amis, on part vraiment…
Tout est en train de devenir très léger, nos corps au boulot, notre esprit à Bali, sans appart’, en squat’ chez ma « cousine-copine » (ma grand-mère nous a toujours appelé comme ça, Ohhh voila les cousines-copines ! qu’elle disait) jusqu’à notre départ, nos fringues un peu partout, nos vies dans des valises, et pourtant nous respirons la coco H24 (noix de coco bande de nigauds).
Le soir, nous rêvons de notre quotidien là-bas, bizarrement je m’imagine faire pleins d’activités qui ne m’auraient jamais traversé l’esprit ici.
« On va se faire un potager ! Je rêve d’apprendre à faire les beignets de bananes ! Pendant que toi tu seras au surf, j’irai pêcher le poisson pour le barbeuq’ du soir. »
Improbable. Et pourtant, on le ressent, ce besoin de nature, de refaire des activités simples, à l’air libre. Apprendre à être autonome pour être plus libre, savoir déjà se débrouiller tout seul, je ne sais rien faire de mes dix doigts !
Sur Koh-Lanta je n’aurais pas tenu une semaine, 4H selon Geoffrey.
Mais voilà, vous l’aurez compris, on a envie de mangues fraiches et de riz bio !
Bali, l’île des Dieux peut-être, notre maison, c’est sûr même ! Et c’est pour bientôt !
Saïmpa Jumpa !
« J’ai quitté Strasbourg pour Bali », vous venez de lire le deuxième article de la série. Le troisième et dernier sera mis en ligne demain à 19h.
Si l’envie de lire ou relire la première partie vous dit, il vous suffit de cliquer ici :
– J’ai quitté Strasbourg pour Bali : l’envie d’ailleurs ✈ 1
Ex-avocate devenue la proie des moustiques.
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