À Strasbourg, certains endroits sont indéboulonnables et font partie de l’identité de notre ville. C’est le cas du Snack Michel, ou plutôt du Michel Café. Avec l’aide de Fabien Romary, le co-fondateur du site collaboratif Archi-Wiki, nous avons tenté d’en savoir plus sur l’histoire de ce lieu que tout le monde connaît, une véritable fenêtre sur le passé très loin d’être déconnectée du présent !
Avec sa façade au style néo-baroque en pierre de taille et sa toiture mansardée, ses ornements taillés dans la roche et ses grandes vitrines, le bâtiment qui abrite le Michel a de l’allure au milieu de l’avenue de la Marseillaise. Pourtant, il reste presque discret dans ce quartier ou l’élégance des constructions a fait lever les yeux de plus d’un(e) passant(e).
Construit entre 1902 et 1903, ce bâtiment de quatre étages a été imaginé par l’architecte Ferdinand Kalweit, un natif de Sarrebourg. C’est lui qui a également signé les magnifiques locaux du CEAAC (Centre européen d’actions artistiques contemporaines) rue de l’Abreuvoir, un lieu qu’il faut absolument aller visiter !
Au fil des années, le très prolifique architecte allemand a imaginé les plans de 33 bâtiments majeurs entre Strasbourg et Colmar, comme le relate avec précision la très complète page qui lui est consacré sur Archi-Wiki.
Mais ce qui nous intéresse aujourd’hui, au-delà de l’élégante enveloppe du bâtiment, c’est l’histoire de cette adresse qui abrite aujourd’hui le célèbre Snack Michel.
Un lieu qui a vécu de nombreux changements au siècle dernier
À l’origine, au tout début du XXe siècle, le café tel qu’on le connaît aujourd’hui était séparé en deux adresses distinctes, le numéro 20 et le numéro 18.
Deux lieux où on pouvait trouver, respectivement, un magasin de thé (Messmer, thé et café) et une épicerie fine (l’enseigne Meyer). C’est elles qui ont marqué le début du va-et-vient des commerces à cet emplacement-là !
Dès l’année 1906, toujours selon Archi-Wiki, l’épicerie Meyer cède sa place à un magasin d’instruments de chirurgie (Walb & Heerlein), qui tiendra la barre jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale.
Le vendeur de thé disparaîtra à son tour pour laisser sa place, successivement, à la société commerciale Lambert-Rivière, spécialisée dans les produits chimiques et les engrais, mais aussi à R. Reichmann, un fabricant de lingerie.
Dès 1922, c’est un commerce de vins et de spiritueux qui débarque à cet emplacement, d’abord sous le nom d’Eugène-Vial, puis de Raymond-Grégoire, et enfin sous l’appellation Georges-Wust.
Le numéro 18 sera, de son côté, occupé par le commerce Alsace carreaux, puis par la parfumerie Helios, dévouée aux soins masculins.
Au fil des années, d’autres enseignes vont encore et encore se succéder : blanchisserie, débit de vins… Inutile de tous les citer, mais le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il y a eu du mouvement dans le quartier jusqu’à l’arrivée de notre bon vieux Snack Mich’.
Un café de quartier mythique
Toujours selon les informations des rédacteurs/trices du site Archi-Wiki, c’est en 1962 qu’un certain Michel Spehner installe son débit de boissons à cette adresse.
Monique et Raymond Vonesch, qui reprennent le commerce en 1968, décident de conserver le fameux prénom Michel. La raison ? Il est déjà affiché en grand sur la façade. C’est eux qui vont créer le véritable Snack Michel !
Bien que le Michel ouvre officiellement en 1968, ce n’est qu’en 1975 que la brasserie telle qu’on la connaît commence à exister.
C’est à cette date-là, un moment clé dans son histoire, que les propriétaires poussent les murs et unissent les numéros 20 et 18 de l’avenue de la Marseillaise pour créer l’espace tel qu’il existe actuellement.
Depuis, ce lieu populaire n’a pas vraiment changé, il est resté une brasserie pleine de vie, immense, où l’on croise une belle diversité de populations et où l’on peut manger à toute heure.
Sur les banquettes en moleskine des quatre salles principales, les étudiant(e)s du coin viennent réviser leurs cours, les personnes âgées observent le pas des serveurs/ses, les touristes s’installent timidement, les habitué(e)s parlent fort comme à la maison… En fait, c’est un lieu qui vit dès les premières heures du jour (6h30) jusqu’à la tombée de la nuit, et différents événements y sont organisés toute l’année, souvent par des associations !
Dans son jus, à la fois rétro et attachant, le Snack Michel est une institution, quoi qu’on en dise.
Sa longévité (entre autres) prouve bien que les Strasbourgeois(es) sont attaché(e)s à ce lieu : une brasserie qui a conservé à la fois un style d’antan et des tarifs vraiment pas déconnants, loin des grands chemins touristiques.
Merci à Fabien Romary et à toute l’équipe d’Archi-Wiki, ils font un travail de recherche incroyable et c’est eux qui ont déniché la plupart des informations citées dans cet article.
Snack Michel
20 avenue de la Marseillaise,
à Strasbourg
Autant le Café BRANT a des prix prohibitifs au regard de la qualité du service et de la nourriture proposée, autant le snack MICHEL a su garder des prix corrects et accessibles !
Leur patisserie est délicieuse !
Les meilleurs gâteaux aux framboises de la ville ! (Le patron était pâtissier de formation !
Mr et Mme VONESCH sont toujours aux « commandes malgré leur âge !
Mais la relève est assurée !
Heureusement !!!
Bravo pour votre article, M. Pietronave. Tout y est, et fidèlement restitué.