Il y a quelques jours nous avons eu la chance de recevoir dans nos locaux les deux jeunes créateurs du jeu de plateau Strascendance. Elle c’est Maria Paloma Sanchez et lui c’est Luc Anuszewski. Deux jeunes architectes qui ont mis en commun leurs compétences pour créer du bout de leurs crayons tout un univers, un style graphique et une ambiance autour d’un seul et même jeu inédit et 100 % local. Un jeu de plateau qui prend place dans le Strasbourg d’aujourd’hui. Strasbourg qui, comme en 1518 est victime d’une épidémie de danse. Sans explication les habitants dansent et deviennent fou, l’épidémie se propage de quartiers en quartiers, à vous de protéger le vôtre à l’aide de tous vos atouts amassés au fil de la partie. Un peu de chance et beaucoup de stratégie. Mais attention vos amis les plus proches peuvent devenir vos pires ennemis. On a testé le jeu tous ensemble et on vous raconte notre expérience, pétage de tympans garanti.
Maria et Luc ont débarqué chez Pokaa pour un premier test grandeur nature de leur toute nouvelle création un peu barrée : un jeu de table mêlant stratégie, conquête de territoires, sournoiserie et alliance avec l’ennemi. On a posé le jeu sur notre table en bois pour savoir ce que la boite noire et blanche avait dans le ventre.
Autour de cette table certains maitrisent les jeux de plateaux et en sont des experts, d’autres sont de pathétiques challengers qui n’y connaissent quedal en jeux de société (moi). D’autres encore font semblant de savoir jouer en criant très fort (Phil). Alors on a mis tous ces zigotos ensemble, on a fermé les portes et les fenêtres et on leur a donné des armes. Ni flingues ni couteaux ni arbalètes en vue mais de “simples” cartes, des dés et de petits pions tout mignons (ils sont en forme de Kouglof et un Kouglof c’est forcément mignon).
C’était bien suffisant pour que les insultes fusent et que l’on se prenne rapidement au jeux. La boite est ouverte, on peut découvrir son contenu. On met tout en place et on lance l’offensive.
L’univers du jeu
Dans l’Univers de Stracendance on retrouve de jolis clin d’oeil à la ville et au folklore de notre région (l’Homme de fer, le cycliste ou l’alsacienne en tenue traditionnelle), une partie de ce qui fait son identité historique profonde mais aussi certains aspects d’une ville disons… plus contemporaine (promis on ne parlera pas de Calme Gutenberg mais presque).
La thématique directrice du jeu (la folie dansante de 1518) est bien aidée par une charte graphique pleine de noirceur, elle intrigue. Entre sorcellerie et magie noire, récits maléfiques et mysticisme local, on ressent que le sujet du jeu a passionné ses créateurs qui doivent passer des soirées sacrément étranges, et nous on aime ça. On retrouve toujours des références à Strasbourg on l’a compris, mais aussi à sa partie sombre, à ses histoires les plus farfelues.
Le but du jeu :
Le jeu se joue de 2 à 5 joueurs pour des parties d’environ 60 minutes.
“Chacun leur tour, les joueurs posent un pion, appelé “pion cohue”, sur la carte de Strasbourg (le plateau) et jettent 4 dés. Une partie de ces dés va alors activer les “pions cohue” présents sur le plateau, ce qui fera apparaître des danseurs sur les lieux à proximité. L’autre partie des dés va permettre au joueur actif au choix, de faire se propager encore un peu plus l’épidémie chez ses adversaires, ou de se débarrasser des danseurs qui envahissent son territoire. C’est donc un jeu dont le but est de trouver la nuance entre attaquer son adversaire et se protéger suffisamment pour être le dernier à ne pas avoir cédé l’entièreté de ses lieux à la fièvre dansante.”
On résume pour les novices comme moi qui comprennent R aux règles
Avec subtilité et un bel humour décalé, Strascendance permet donc aux joueurs de lancer des épidémies bien perfides sur ceux que tu détestes le plus autour de la table (qui aime bien châtie bien). Ce genre de jeu dans lequel personne n’est vraiment ton ami, et c’est peu dire. En gros il faut marcher sur les platebandes de tes adversaires (mais pas trop sinon on te prend par derrière) afin de freiner l’avancée des danseurs fous dans le Neudorf, l’Orangerie ou encore le quartier Esplanade. Et si vous êtes des gamins comme nous la bataille commence ici : non moi je veux le Neudorf, non c’est moi… (je me tape la paume de la main sur le front). Ça gueule, ça cri à la trahison et aux faux semblant, ça dessine des sourires de façade et pointe les doigts du milieu. C’est aussi ça un peu le but du jeu.
Il est tout nouveau mais n’est pas encore disponible. Strascendance devrait sortir prochainement. Le projet en est arrivé à sa version finale. Sobre et volontairement minimaliste, l’univers visuel du jeu intrigue et fait quelque peu penser à celui du jeu “Les Loupe Garous de Thiercelieu”.
Strascendance, en plus d’être un jeu 100 % local est un projet qui a demandé des mois voire des années de travail. Un long cheminement sur le le graphisme et la réflexion (notamment des énigmes et des intrigues) qui n’a finalement qu’un seul but : se retrouver entre potes et se marrer autour d’un événement historique tout en déclarant son amour pour Strasbourg, ses bizarreries et tout ce qui fait son identité.
Lorsque nous avons entendu parler du projet Strascendance nous avons été conquis par l’étendue du travail qui avait été réalisé, au niveau du graphisme, de l’esprit du jeu et sur la thématique global en rapport avec la ville et ses plus folles histoires. Mais un projet aussi difficile soit-il peut aboutir à une belle bouse, et là ce n’est pas le cas, mais alors pas du tout. Avant de recevoir Paloma et Luc dans nos locaux nous ne savions rien du jeu mais après un test grandeur nature qui a réveillé tout l’immeuble nous avons été fixé.
Strascendance est un jeu complet, ludique, intelligent et subtile. Il mélange plusieurs aspects de jeux connus et d’autres moins connus dans un produit fini qui ne ressemble à aucun autre. Qu’on vienne d’ici ou d’ailleurs on prend plaisir à lire les cartes, à observer le graphisme minutieux et aussi beaucoup à faire preuve d’un machiavélisme manifeste. Tout le monde s’est pris au jeu, du plus novice au moins concerné, je pensais qu’on allait bailler et écourter la partie, mais nous en avons complètement oublié de prendre notre repas de midi. Strascendance est une très belle surprise, un vrai bon jeu de plateau, alors de la part de toute l’équipe : bravo !
On vous tiendra informé de la date de sortie du jeu 😉