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1er mai à Strasbourg : on vous a demandé de résumer votre rapport au travail en 3 mots

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Le départ était annoncé à 10h depuis le Palais Universitaire de Strasbourg. La marche du 1er mai, journée internationale de lutte pour les droits des travailleur(se)s, s’est élancée cette année en deux cortèges : l’intersyndical – qui allait rejoindre nos voisin(e)s allemand(e)s aux 2 Rives – et le « Carnaval des colères », plus jeune et intersectionnel.

« Quelqu’un a des pinces ? ». Il est presque 10h devant le Palais Universitaire de Strasbourg et l’un des chars du « Carnaval des Colères » refuse catégoriquement de démarrer. De travailler, en fait. Pour lui, aujourd’hui il ne s’agit pas d’un jour férié et ce 1er mai 2024 ne sera pas chômé. Un ouvrier de voirie SNCF, syndicaliste FO (Force Ouvrière) arrive en renfort, branche le tout et démarre le char avec fracas. Le groupe électrogène prend le relais et la musique emplie la place, toutes basses dehors !

Placée sous le signe des festivités, cette manifestation du 1er mai n’en reste pas moins un jour de luttes. Scindée en deux cortèges : celui de l’intersyndicale et celui du « Carnaval des Colères ». À la moyenne d’âge sensiblement plus jeune. Tou(te)s sont pourtant réuni(es) pour la même occasion : « La fête internationale des travailleuses et travailleurs ». Sillonnant les cortèges, on a demandé aux participant(e)s de nous définir la notion de travail. En trois mots.

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manifestation 1er mai travail carnaval festif cortege
© Mathilde Cybulski / Pokaa

Le travail, c’est « gagner sa croûte »

Florent, 56 ans, est le premier à jouer le jeu. « Pour moi, le travail c’est subvenir à ses besoins, gagner sa croûte et avoir une place définie dans la société », lance -t-il. Cet employé en restauration travaille depuis son plus jeune âge : « j’ai commencé à 14 ans et attends la retraite avec impatience ».

La voix couverte par les bruits de pas et des roues de chars sur les pavés, au départ du Palais Universitaire, il hausse le ton et affirme, catégorique : « On peut aimer son métier, mais sans jamais aimer cette obligation de travailler ! ».

À l’avant du cortège syndical, chez l’UNSA, Mohamed Sylla, secrétaire général de la délégation bas-rhinois assène un autre trio : « dignité, plaisir, nécessité ». « Pour moi, travailler et être en capacité de satisfaire ses besoins primaires (manger, se loger, s’éduquer etc.) c’est garder sa dignité et son honneur ».

Exerçant dans l’administratif chez Lidl, ce syndicaliste avec une dizaine d’années d’engagement à son actif rappelle au passage que l’origine du 1er mai se trouve dans la lutte et les actions menées par les travailleur(se)s (ndlr : notamment dans les mouvements de 1986 aux États-Unis pour la journée de 8h).

manifestation 1er mai travail carnaval festif cortege
© Mathilde Cybulski / Pokaa

Pour Albert, 34 ans, « travail » rime avec « salaire, exploitation, congés ». Un choix de mots plutôt transparent ! Habitué du 1er mai, qui en est devenu une tradition familiale, il a rejoint le cortège jeune pour le son et l’ambiance.

« Pour l’instant, rien ne nous ramène à Hegel », rit un professeur d’Université devant nos notes. Celui-ci interprète en effet le travail comme ce qui permet à la conscience de se changer en quelque chose d’objectif, et ce quelque chose d’objectif, c’est d’abord bien sûr « le produit » du travail. Ce dernier est pensé comme œuvre. Le travail … une œuvre ?

« Le travail est une contrainte »

« Contrainte, soumission, esclavagisme », assène François, retraité de l’Armée de Terre de 64 ans. Engagé dans l’associatif, ce dernier milite pour la gratuité des transports en commun sur l’Eurométropole de Strasbourg. Il s’est aussi impliqué dans le développement du réseau S’Cargo, des vélos cargos.

Quelques centaines de mètres plus loin, le son de cloche est similaire avec Fabienne, 62 ans. « Je suis retraitée de la fonction publique : infirmière puéricultrice. Et aujourd’hui, avec nos contraintes, le rythme de travail imposé, les gardes, les remplacements et autres aléas liés au domaine de la santé publique en France, je ne vois pas comment on peut arriver jusqu’à 67 ans ! ».

Venue pour rendre hommage à une collègue, décédée d’un cancer « sans avoir eu l’occasion de vivre sa retraite », Fabienne marche non seulement pour les droits des travailleur(se)s mais également avec l’espoir d’une meilleure considération pour les générations futures.

manifestation 1er mai travail carnaval festif cortege
© Mathilde Cybulski / Pokaa

« Aliénation, obligatoire, pas toujours payé ». Une pensée pour les indépendant(e)s qui travaillent « pour les vues et la publicité ». Heidi, 30 ans, et en tenue d’apparat digne d’une nymphe des bois parle de « corruption par le travail ». « Nous aliénons nos esprits et nos corps vers un but à destination du capital : produire toujours plus. Alors que nous ne devrions pas avoir à nous détourner de ce qu’on aime faire, manger ou vivre… ».

Il est 11h15, et à hauteur de l’Église Saint Maurice, le cortège de l’intersyndicale et le « Carnaval des Colères » se scindent. Le second groupe oblique à droite, dans la rue de l’Observatoire. Les basses de fin de cortège heurtent les demeures de la petite rue derrière les Jardins. Le but est d’ensuite rejoindre les Ponts Couverts en passant par les quais.

manifestation 1er mai travail carnaval festif cortege
© Mathilde Cybulski / Pokaa

« So-so-solidarité, avec les femmes […] et les sans-papiers ». Banderoles et slogans font échos à cette volonté d’unir les luttes en ce 1er mai. Après avoir traversé les quais, le cortège finira par s’immobiliser aux Ponts couverts. Il est 11h45 et le chant de la « Rue des Lilas », (ndlr : chant révolutionnaire et anti-guerre) s’élève au niveau du premier char du « Carnaval des colères ».

Comme une dernière note de chaleur sous le soleil venu réchauffer les manifestants de ce premier jour de mai.

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