À Strasbourg, l’une des villes les plus à l’est de France (en vrai c’est Lauterbourg déso), les saisons ne se vivent décidément pas comme partout ailleurs. Le printemps a fait des petits avec l’hiver, leurs enfants illégitimes ont eux-même ken avec l’automne après une nuit cheloue avec l’été… Une vraie orgie incestueuse comme on peut voir dans Games Of Thrones et dans certains villages (lorrains, bien sûr). Résultat : on a crée des monstres météorologiques. Y’a plus de limite, plus aucune cohérence. Comme disent les anciens : YA PLUS D’SAISON ! Alors, si votre famille lointaine vous appelle et vous demande : il va faire beau à Strasbourg cette semaine chaton ? Ne lui mentez pas : dites lui qu’il va falloir ramener une veste de pluie, des moufles et pourquoi pas un masque et un foutu tuba. Alors qu’est ce qui se p***** de passe en Alsace pour que la météo nous les brise à ce point ? Essayons d’y voir plus clair sur ces “saisons”, et plus largement sur une météo qui se fout très largement de notre gueule.
Alors qu’est-ce qui se passe en Alsace ? Un expert dans la salle ?
Selon Dominique Landais, directeur régional (Nord-Est) de Météo France, Strasbourg et sa région ont effectivement des caractéristiques météorologiques particulières. : “Le fossé Rhénan, bordé par la forêt noire et le massif des Vosges, forme un couloir soumis à l’influence océanique et en même temps aux perturbations venues du nord”.
De plus, Frédéric Decker de MeteoNews nous raconte que l’Alsace profiterait d’un climat de tous les extrêmes avec des pics de chaleurs et de périodes très sèches, avec des températures très basses qui varient assez brutalement au cours de l’année. Le premier semestre étant particulièrement arrosé, puis le second souvent très sec. Pour l’année 2016 par exemple, il est tombé 896 mm de précipitation, mais sur ce total 652 mm sont tombés au cours du seul premier semestre. L’Alsace, de par sa situation géographique particulière, une vaste pleine bordée de plusieurs massifs montagneux, est donc en proie à des variations importantes de températures influencées par le vent et la pluie venue du nord et des régions de l’Est. Les saisons sont donc habituellement très marquées dans notre région.
Néanmoins depuis une dizaine d’années et plus particulièrement depuis l’année 2014 et ses records de chaleur, les températures annuelles ont tendance à se lisser progressivement, à s’homogénéiser au fil des mois. Une situation qui se répète désormais chaque année. Cette situation a également tendance à rendre les saisons moins extrêmes et plus nuancées, les hivers sont globalement moins froids et les étés plus humides par moments presque frais.
Mais ce lissage des températures est désormais situation courante en France et en Europe. Le vieux continent qui est également plus tempéré qu’il y a quelques années, avec des variations de températures désormais également moins marquées.
C’est un fait, les hivers sont presque doux, les étés ne sont plus ce qu’ils étaient et le ciel bleu estival peut à tout moment laisser apparaître brutalement de froides et soudaines pluies bien rafraîchissantes. Désormais on se pose en terrasse aussi bien en juillet qu’en janvier, chose impensable il y a une quinzaine d’années.
On parle donc non pas de réchauffement climatique mais bien de dérèglement climatique. Un dérèglement global qui impact l’ensemble des régions du monde (et donc l’Alsace aussi), qu’elles soient froides, tempérées, qu’elles profitent d’un climat continental, tropical et même désertique. L’ensemble de la planète est donc concernée par ces changements qui modifient très largement les paysages, déplacent des populations… pas besoin de vous faire un dessin vous connaissez les conséquences désastreuses du dérèglement climatique… Les saisons forment donc un joyeux bordel météorologique totalement imprévisible. Là on peut vraiment le dire : Y’a plus de saisons !
Notre top 4 des meilleures saisons alsaciennes
1- Le printemps : quand on se prend des rafales de grêle entre deux Gin-to
Le printemps, c’est maintenant. Une période heureuse et pleine de couleurs. Le moment de l’année où les peaux se dorent et où sortent les fleurs. Mais c’est aussi la saison de toutes les contradictions météorologiques. La saison qui te fait essayer toute ta garde robe en une seule journée, parce qu’il fait entre 5 et 600°. Celle qui te fait courir vite, très vite entre les intempéries de différentes natures. Mais si mais si… on a tous vécu ce moment où tu t’installes en terrasses avec un bon vieux Ginto, que tu entends une rafale de vent arracher la parasol et tout ce qu’il y a sur les tables. Une scène classique souvent suivie par de légers cris de frayeur “ahhh” et par de belles déferlantes de gros grêlons qui arrivent en plein dans ta tronche au teint fraichement halée. Alors tous les clients se retrouvent debout à l’intérieur des bars, trempés, avec dans la main le gin-to un peu trop glacé qu’on vient juste de sauver. Une scène qui se répète jusqu’à ce que tu décides d’enfin rentrer pour te sécher, mais c’est sans compter sur la météo bien reloue. Et bim les 30 degrés sont de retour, tu sèches finalement tout seul sur ton vélo.
Y’A PLUS D’SAISONS !
2 – L’été subsaharien : quand on croit qu’on peut sortir de chez soi avant 17h00 : baliverne !
L’été, c’est de juin à septembre. Habituellement une période de chaleur constante où tu te dis que rien ne perturbera la quiétude de tes douces soirées d’été. Et ben si il y a bien quelque chose qui peut faire bien chier et niquer la soirée : dans les pays tropicaux on appelle ça la mousson. Un exemple précis : la fête de la musique et ses intempéries ça vous parle ? Combien de fois a t’elle été annulée pour cause d’arbres qui se déracinent et qui tournoient dans un ciel noir fendu de terribles éclairs ? Elle est loin l’image de serviettes étendues sous le soleil et sur l’herbe fraiche de la Balastière. C’est simple, en été il fait 40° quand tu te fais chier et il pleut quand tu décides de faire quelques chose de ta journée. Mais si on pouvait le prévoir ce serait presque trop simple non ? Alors tu t’aventures à l’extérieur et il fait trop chaud, tu rentres donc à l’ombre accompagné de ton seule pote qui ne te trahi jamais : le seum.
Y’A PLUS D’SAISONS
3- L’automne de la déprime : la saison où tu peux te casser le bras en glissant sur des foutues feuille mortes.
L’automne, c’est de septembre à décembre. “Moi c’est ma saison préférée, avec ses forêts qui changent de couleurs, ça a quelque chose de tellement romantique !”. Et ben…vaut mieux entendre ça que d’être sourd ! L’automne c’est la saison de la tristesse infinie, celle de la pluie qui est tellement fourbe qu’elle préfère te cracher dessus par petit paquets plutôt que de te mouiller une bonne fois pour toute. Aller mon pote là haut, Zeus c’est ça ? Mouille moi arrête de te faire ta flipette ! (D’ailleurs on appelle cette pluie le “crachin”, si c’est pas pour se foutre de notre gueule et bien nous humilier ça!?). L’automne c’est le vent, la pluie, la nuit à 16h30 et le jour qui n’est pas vraiment le jour, les maladies comme le rhume qu’on arrive pas à combattre alors qu’on arrive à envoyer des robots sur mars et à greffer des visages… elles sont où les priorités hein ? À Strasbourg l’automne doit être la seule saison qui respecte ses engagements : il fait froidmochepluvieuxdégeu pendant trois mois et tout le monde s’en accommode, c’est normal. Alors on met son écharpe moche et son bonnet qui fait une tronche ridicule même au plus canon des tops modèle et on ferme bien sa petite bouche en attendant la prochaine saison qui… ah non elle va faire chier celle là aussi.
Y’A PLUS D’SAISONS
4 – L’hiver indien : quand on prend des coups de soleil entre deux flocons
L’hiver, c’est fin décembre à fin mars, et quand on pense à ce qu’il y a entre décembre et mars, on a envie d’aller chez brico machin et de s’acheter une corde à noeud coulissant. On se dit qu’il va faire si froid, qu’on peut espérer que les transports soient bloqués : “oh non monsieur je ne peux pas venir travailler les transports sont arrêtés, quelle tristesse je suis vraiment désoléééé”. On s’attend naturellement à ce que les vielles du quartier fassent porter des pulls moches à leurs bichons frisés. Et ben non, ces idées font parties du passé. Fini les défis débiles de tes potes du genre : ” je pari un grec que tu lèches pas le panneau gelé juste là ?”. Terminé les matins où tu fais des 8 dans la neige juste pour entendre tes godasses faire ce merveilleux bruit en voie de disparition “scroinch scroinch”. Ciao les soirées arrosées où tu fais des concours de celui qui fera fondre le plus de neige avec sa pisse. Désormais on a plus peur de rien parce qu’il fait presque chaud. En hiver on sort de chez soi sans même avoir mis sa main par la fenêtre pour “toucher l’air”. Chose qui n’a jamais permis de prévoir la météo les gars faut arrêter. On fait les oufs, on sort de chez soi comme ça sans pression, au pire on a “un petit gilet” dans le sac. Un petit gilet !? Quand nos parents étaient gosses des “petits gilets” ils en fourraient 4 dans le slip et 2 dans chaque chaussette pour aller acheter leur baguette sans attraper la muerté. De nos jours en février on s’installe en terrasse et on prend des putains de coups de soleil s’il vous plaît (histoire ridicule mais vraie). Comment voulez vous qu’on croit en la vie après tant d’épreuves ?
NON SANS DÉCONNER LA Y’A VRAIMENT PLUS D’SAISONS !
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Notes de l’auteur :
Blagues à part et sans moralisation, si les saisons partent à ce point en sucette ce n’est que le fruit du dérèglement climatique, de l’action de l’ Homme sur la nature. Alors on se marre bien à voir les saisons changer, on va à la plage en avril et on écrit des articles qui tendent à “sourire”. Mais le dérèglement climatique et les catastrophes qu’ils engendrent sont dramatiquement palpables. Alors essayons de respecter le bout de planète qui nous reste, au moins à travers nos actions quotidienne et notre consommation courante.
A lire : Un article tout frais sur la sixième extinction de masse et les conséquences du dérèglement climatique (National Geographic)
Amusante photo d’illustration qui aurait pu servir egalement pour l’article parlant de l’augmentation du tarif des transports ,…
La NB m’a faite pleurer.