Tu es tout groggy dans ton lit à te demander si le thermomètre en veux à ta vie. Cette année pourtant, un remède se trouve à portée de verre : le Glögi. Derrière ce doux nom de déglutition glairée se trouve le cousin nordique de notre vin chaud, le frère éloigné de nos cuites hivernales, le breuvage qui donne aux finlandais des envies de convivialité.
Vin chauffé : Les origines
L’histoire du vin aux épices remonte au temps des banquets de la Rome Antique lorsque faute de méthode de conservation efficace, on ajoutait du miel, du poivre, du laurier, des noix et même des dattes pour masquer le goût oxydé et rance que le vin prenait alors rapidement. Sexy alcoolémie.
C’est à l’époque médiévale que de nombreuses variantes vont ensuite faire leur apparition dont l’hypocras, le vin épicé médiéval. Très sucré, ses principales ingrédients étaient le clou de girofle et la cannelle et c’était un peu le cocktail royal par excellence de par ses épices très onéreuses que l’on y ajoutait comme le musc ou la cardamome. Je vous parle là d’une époque où l’on clôturait un festin avec une dizaine de cuisses de biche, 4 pieds de cochons, un groin de sanglier et deux trois autres friandises dans la panse, une époque où diététiciens et digestifs n’existaient pas, une époque où le vin aux épices par la force des choses, l’hypocras, se consommait en fin de repas pour faciliter la digestion.
Conclusion, on oublie la tisane et les fibres et on boit du vin chaud pour un transit de qualité et un ventre plat même après 3 litres de bière, Kapish ?
Quant à l’idée de chauffer le vin, elle nous viendrait d’Europe du Nord et de l’Est. Une tradition devenue très populaire dans les pays germaniques et scandinaves. Pratique aisément justifiable parce qu’a coté, notre hiver strasbourgeois et c’est -5° c’est de la gnognotte. Le vin chaud est ce qu’est la Guinness aux irlandais : LA boisson pour supporter avec le sourire l’injustice d’un temps parfois rude et capricieux.
Comme de nombreux mets à leur genèse, le vin chaud était réservé à la haute société. Louis XIV en raffolait parait-il mais sa démocratisation vient de Suède avec le roi Gustave Ier, en 1600, qui en était complètement fana. En grand amateur de vin chaud, Gustave Ier se le fit préparer avec un vin du Rhin (coucou l’Alsace on ne nous oublie pas), du sucre, du miel et des épices (cannelle, gingembre, cardamome et clous de girofle). C’est à lui que nous devons la recette actuelle du vin chaud qui berce notre hiver.
Mais son amour pour le vin chaud alla bien au delà de l’élaboration de la recette. À partir de 1600, cette boisson aristocratique se démocratisa. Le roi Adolphe-Frédéric, son sucesseur, tenta de mettre un frein à sa consommation, un combat perdu d’avance car en 1766 il autorisa la production de vin chaud chez les particuliers devient légale en Suède (on dit merci à papa Gustave). C’est le prélude de la démocratisation du vin chaud qui s’est progressivement inscrit dans les traditions scandinaves. Ainsi, le vin chaud pris le nom de Glögg (vin chauffé) et se répandit dans la Scandinavie, pays germaniques et chez nous. Glögg en suède, Glögi en Finlande, toi même tu sais, tout ce qui est glögi est mignon. À ta santé mon bon !
Glögi de Gutenberg VS vin chaud de tes ancêtres ?
Le vin chaud, votre foie et vous le connaissez bien, plus besoin de le présenter. Le Glögi par contre, c’est une autre histoire. Installé place Gutenberg depuis le 23 novembre, le marché finlandais propose sa recette nationale de vin chauffé. Un cabanon dédié à la boisson y trône fièrement et propose même d’en acheter en bouteille. On l’a testé pour vous et on vous partage de suite nos premières impressions :
- Moins sucré que le vin chaud
- Plus épicé, poivré
- Le Glögi vendu à Gutenberg n’a ni dépôt, ni tranches d’oranges ou morceaux d’épices. Il est très clair et ne semble pas artisanal ou fait sur place.
- Le récipient proposé sur le cabanon est en verre et donné avec une consigne de 2€ (1€ sur le reste du marché pour les gobelets plastiques)
- Le staff sur place semblait plus français que finlandais.
- Le prix est de 3,50 € hors consigne pour 3€ sur le reste du marché.
Glögi sous le charme ?
Glögi mitigé. En Finlande, le produit est très certainement comme notre vin chaud : fait avec le coeur et comprenant autant de petites recettes que d’individus. Sur le cabanon de la place Gutenberg par contre, on ressent davantage l’étalage d’un produit bien marketé au concept bien lissé : le Glögi est tiré par des becs dissimulés sous de faux tonneaux en plastique, on y voit ni fruits ni épices et pourtant le prix est au-dessus de la moyenne du marché de Noël. Glögi pas conquis. Glögi pas déçu non plus, ça reste du vin chaud, mais la magie du glögi n’aura pas pris cette fois ci.
Et vous, déjà testé ? Vous en avez pensez quoi ?
Article écrit avec l’aide de Léa Huiban et de son addiction au vin chauffé.