Dans le cadre de la comédie “En Liberté !”, projetée en avant-première au cinéma Star St-Exupéry, j’ai rencontré Pio Marmaï, qui y tient le rôle principal, aux côtés d’Adèle Haenel, de Vincent Elbaz ou encore d’Audrey Tautou. C’est à l’hôtel Hannong rue du 22 novembre que le rendez-vous a été donné. Pio arrive en gros sweat-shirt, lunettes de soleil sur la tête. Je lui dit : “Les lunettes c’est pour cacher la misère?”, il me répond: “Bien vu, j’ai pris cher hier soir. Viens on va se fumer une clope.”
Pio c’est une pile électrique. Il est spontané, drôle et complètement barré, un peu comme le personnage d’Antoine dans le film qu’il est venu présenter. Un film qui par ailleurs m’a fait pleurer de rire du début à la fin, de loin la comédie la plus intelligente et subtile de l’année.
Le rôle d’Antoine est-ce qu’il a été écrit pour toi ?
Pio Marmaï : Oui en fait j’avais fait le film « Dans la cour » avant, avec Pierre Salvadori. On est assez proches, on est très bons amis. Du coup, il a écrit le truc pour moi.
Et du coup toi t’as accepté le rôle tout de suite ?
Pio Marmaï : J’avais pas le choix.
Comment ça ?
Pio Marmaï : Non c’est une blague (rires). Quand il y a un mec comme Pierre Salvadori qui t’écrit un film, tu dis oui. Bon c’était pas facile, le film était long à financer, il coûte assez cher, et c’était pas évident de monter un film avec… si tu veux Adèle Haenel et moi on est pas des mégas stars. Donc c’était compliqué à financer, mais nos distributeurs ont suivis ce truc là, et c’est ce qui fait qu’il y a ce souffle aussi du coup, un peu frais, un peu jeune, je ne sais pas comment dire, un peu envolé, un peu sauvage. Dans la présence à l’image, on a des visages qu’on a pas l’habitude de tout le temps voir et … j’ai oublié la question. Ah oui le rôle ! Oui j’ai accepté de suite. Avec plaisir même. Et le prochain qu’on va faire avec Pierre, il va être dingue !
Y en a déjà un prochain de prévu ?
Pio Marmaï : Mais bien-sûr, on va en faire 15 ensemble, le prochain va être fou !
Est-ce que tu aurais une anecdote de tournage à me raconter ?
Pio Marmaï : Hummm… Je sais que la scène de la Ferrari c’était un truc assez dangereux.
C’est toi qui roule ?
Pio Marmaï : Ouais. Et en fait ça s’est fait un peu à l’arrache, et très tard dans la nuit. Il y a un mec qui devait nous filmer sur un quad, et j’ai failli renverser le mec, c’était vraiment ric-rac. Je me suis dit : “le prochain coup faudrait peut-être qu’on soit un peu plus préparés. C’était un peu dangereux.” Anecdote inintéressante au possible. Tu noteras ?
Je noterais. Un mot sur ta collaboration avec Adèle, c’était la première fois ?
Pio Marmaï : Non j’avais fait un film avec elle qui s’appelait “Alyah”. On est amis dans la vie, c’est la seule à peu près, la seule actrice qui est aussi une copine et que je vois régulièrement. Je pense que c’est un peu de l’amour qu’il y a entre nous, quand je suis avec elle je me sens heureux. Parce que c’est surprenant, parce que c’est quelqu’un de fragile aussi, un peu comme moi. On se repose un peu ensemble, et puis en même temps c’est excitant parce qu’on se surprend. Moi j’aime bien ça… Et puis on aime bien les fruits de mer, du coup c’est agréable tu vois.
( rires) Ah mais en plus dans le film tu l’attend pendant très longtemps dans un resto de fruits de mer où elle n’est jamais venu.
Pio Marmaï : Exactement (rires). C’est la province hein.
Est- ce que tu te trouves des points communs avec Antoine ton personnage ?
Pio Marmaï : Oui complètement, je suis un peu comme ça dans la vie. Mais si tu veux j’ai mis dix ans avant de travailler avec des metteurs en scène qui arrivent à me cerner … J’avais besoin d’un mec comme Pierre Salvadori qui sache voir comment j’étais dans l’existence, un peu complètement chtarbé, enfin chtarbé, je suis pas chtarbé mais un peu excessif quoi. Il faut être surpris, il faut se surprendre un peu soi-même sinon y a une sorte d’ennui qui s’installe. Même si les gens vont crier au scandale de ce que je dis en mode « au moins t’as du boulot ». Je m’en fous de ça, mon travail j’essaye de le faire de manière consciencieuse et exigeante, j’ai beaucoup d’exigence, pour retrouver cette énergie là, cette excitation il faut aller vers des projets un peu singuliers, et Pierre il a réussi à choper ce truc là. C’est pour ça que je suis très heureux de cette collaboration.
Oui puis il est attachant Antoine. Ils disent qu’il déraille parce qu’il sort de prison, mais perso je crois que je lui ressemble beaucoup alors que j’étais pas en prison. Genre quand il se parle à lui-même, moi ça m’arrive tout le temps.
Pio Marmaï : (rires) Mais oui, mais c’est complètement ça. Tu sais moi je chantonne tout seul, bon je ne vais pas manger les oreilles des gens, mais il y a cette sorte d’étrangeté, je suis très sensible à ça. J’ai toujours été attiré par les gens fébriles, où tu ne sais pas si ils vont te poignarder ou te prendre dans les bras. J’aime bien ce sentiment d’insécurité et en même temps d’amour profond. C’est un peu tiré par les cheveux ce que je dis, mais j’ai besoin de ça, de surprise, de gens qui me surprennent. Quand je ne sais pas ce qu’il va se passer.
Oui des gens qui flirtent un peu avec les limites.
Pio Marmaï : Oui c’est ça !! Sans être destructeur, parce qu’Antoine n’est pas quelqu’un de destructeur, c’est quelqu’un qui cherche la normalité et qui n’y arrive pas, parce qu’il y a cet événement qui l’a bousillé. J’adore ce type de caractère là. Les gens qui essayent de retrouver une normalité alors qu’on sait profondément que ça n’arrivera pas. Cette démarche là je la trouve vraiment extrêmement louable, elle génère de l’empathie, j’ai de l’empathie pour ce mec. Je me dis tiens comment j’aurais vécu un truc pareil? je n’en sais rien, mais en tout cas ça m’atteint quand un mec de 35 ans traverse ce genre d’épreuves… Nan tu penses pas ?
Moi j’ai beaucoup ri du début à la fin, je l’ai trouvé très touchant. Y a des moments où j’étais entrain de rigoler et en même temps j’avais envie de pleurer. Ca fait un peu bipolaire ? Antoine, il est extrêmement touchant. Finalement, quand il arrache l’oreille du type, c’est lui qui est en tort, c’est lui qui a volé l’argent mais on est de son côté quand même. Parce qu’il a quelque chose d’attachant et on se dit, un peu comme il le dit tout le temps dans le film « J’y ai droit non ? ».
Pio Marmaï : Oui exact, « il vaut mieux être un salaud qu’une victime”, ou c’est quoi déjà? « la tendresse j’y ai droit » ? Emma… Goûte ce cervelas immédiatement. Il faut que tu le goûtes ! Dis moi si il est bon.
Bah oui il est bon. T’en as pas chez toi ?
Pio Marmaï : J’en ai pas des comme ça.
Si tu devais donner un titre de film à ta propre vie ?
Pio Marmaï : Je dirais… Un feu d’artifice sans fin, ou sans limites, ou alors … Mad Max.
Du coup, c’est positif.
Pio Marmaï : Bah oui carrément, t’as vu la vie que j’ai ? Tu ne t’en rends pas compte, c’est un luxe de dingue. J’ai vraiment le cul bordé de nouilles, mais je m’en rend compte, ça je te le dis, c’est assez rare.
Si tu pouvais organiser ton propre festival de cinéma ?
Pio Marmaï : Moi je ferais un festival que de nanars, que des films d’actions des années 80, avec des mecs bodybuildés qui tirent à la mitraillette sur les terroristes, et aussi des ninjas ! J’adore les ninjas.
Les films sur C8 très tard le soir.
Pio Marmaï : Ils sont quand même un peu trop de qualité ceux-là, moi je te parle vraiment du fond du fond du fond du fond, ça, les films de kung-fu. De toute façon, tout ce qui est action, bodybuilding, je trouve ça fantastique, je suis très friand de ce genre de choses, et toujours en VF. Toujours. Après comme acteur invité, comme président du jury, restons dans quelque chose de vraiment profond. Bon j’adore Christopher Nolan, ça c’est sûr, c’est vraiment un mec que je trouve fascinant. Mais je dirais Dolf Lundgren, tu vois qui c’est? Le mec qui joue dans Rocky 4, qui joue le russe, lui ce serait le président du jury. Et je pense que ça va comme réponse non ?
Et t’as quelques acteurs qui devraient être là absolument ?
Pio Marmaï : Huuuum… Non, y aurait que lui.
(rires) C’est le président du jury mais y a pas de jury.
Pio Marmaï : (Rires) c’est ça, y a que lui. Non mais, moi je donne carte blanche, en fait ce serait un festival “Carte blanche films d’actions et de ninjas des années 80” avec Dolph Lundgren. C’est lui qui décide. Tu verras c’est un blond qui a fait que de la merde, que des films de baston, de coups de couteau.
Un conseil que tu donnerais aux gens qui veulent se lancer dans le cinéma ?
Pio Marmaï : Arrête direct, c’est mort. C’est foutu. C’est l’horreur. C’est très dur, je pense qu’il faut voyager et profiter de l’existence. Le cinéma c’est énormément de travail, de chance aussi, moi mes enfants je ne veux pas qu’ils fassent de cinéma.
T’as des enfants ?
Pio Marmaï : Non mais ça va venir.
Quoi ca va venir ? C’est en cours là ?
Pio Marmaï : Non. Ça je le dirais à “Vedettes magazine” ou une merde comme ça.
Paris Match
Pio Marmaï : ( Rires), mais oui, où je ferais des photos avec mon enfant et ma femme, regardez comme il est beau. Voilà.
Qu’est ce qui te manque de Strasbourg ?
Pio Marmaï : Le cervelas. Et c’est quand même plus calme ici. Paris les gens sont complètement chtarbés, trop agressifs. J’ai grandi ici, du coup j’ai un attachement à cette ville, je connais tout, j’ai fait toutes les conneries qu’il fallait faire, et je suis parti assez tôt, mais j’ai adoré cette ville. Il y a une bonne énergie, les arts déco c’est super, y a quand même un vivier de création fantastique, culturellement c’est hyper dense. Et puis les gens sont à vélo.
Quand tu rentres à Strasbourg tu vas dans ta famille ?
Pio Marmaï : Non souvent c’est pour les tournées, alors je suis dans des hôtels. Mais quand je viens dans un cadre plus familial je vais chez ma grand mère oui. Là c’est pour le travail, il faut qu’on fasse la promo du film, c’est pas l’horreur hein, je mange du cervelas, je suis ivre à longueur de journée, mais tu vois faut quand même faire un minimum d’efforts.
Et du coup c’est quoi les endroits où il faut sortir à Strasbourg ?
Pio Marmaï : J’avais été dans un bar à cocktails à coté d’une pizzeria, un truc un peu caché.
L’Aedaen place.
Pio Marmaï : Ouais voilà, j’avais bu des cocktails là bas, bon bah j’étais complètement bourré, mais je m’étais bien entendu avec le barman du coup il me faisait des cocktails, c’était cool. Sinon, plus jeune j’allais à la Laiterie ou à la Taverne française. Après je suis parti quand j’avais même pas vingt ans, j’ai vécu à Paris, un peu en Italie. Là aujourd’hui j’ai 35 ans même si j’en paraît 23, surtout avec cette lumière. Je vivrais différemment à Strasbourg, que quand j’avais 16 ans. A 16 ans, t’es avec tes parents, t’es flippé. Maintenant, j’irais, je sais pas. Là on est bien non ?
>> Propos recueillis par Emma Schneider <<
Merci aux équipes du cinéma Star, de l’UGC et de l’hôtel Hannong pour leur accueil.
>EN LIBERTÉ !<
De Pierre Salvadori
Avec Pio Marmaï et Adèle Haenele
Sortie le 31 octobre 2018
S’il vous plaît, relisez vous…. et vérifiez les noms des personnes mentionnées. Un coup d’oeil à l’affiche vous aurait mis la puce à l’oreille (ou a l’oeil 😉😉) pour ne pas écrire 5 ou 6 fois Adèle HaenelE plutôt que Haenel…
N Parisot, journaliste qui aime bien qu’on n’écorche pas la grammaire et l’orthographe