Le maire socialiste de Strasbourg, Roland Ries, a subi deux nouveaux revers judiciaires ces derniers mois. L’un lié à une affaire vieille de dix ans, l’autre à propos du marché de Noël. Dans les deux cas, il est accusé d’une forme de favoritisme envers la société d’un de ses amis, Roland Boehler. Selon le média en ligne indépendant Médiapart, il aurait été mis en examen en juin par une juge nancéenne, Mélina Buquant.
L’ancien Sénateur PS n’a plus grand-chose à perdre. La fin de son deuxième mandat de maire arrive lentement mais surement, et il en aurait peut-être profité plus que raisonnablement. En 2008, la Ville de Strasbourg cherche à « redynamiser le marché de Noël ». Pour cela, elle fait appel à un cabinet de conseil qui doit réfléchir au sujet. La boite choisie pour effectuer cette « note de réflexion » est celle de l’ami rocardien (proche des réseaux de feu Michel Rocard, ancien premier ministre socialiste sous Mitterrand) de Roland Ries : Roland Boehler.
Problème : pas d’appel d’offre, ni de mise en concurrence, ce qui permet à la note de quatre page d’être facturée 30 000€, peut-être un peu cher pour l’expertise fournie… La Ville aurait trouvé le moyen de récupérer plus des deux tiers de cette somme, poussé notamment par la publication de la note par le journal satirique indépendant, le Canard Enchainé.
La deuxième affaire se passe en 2009. Un an après, le maire commence à tisser des liens avec le président du Mali. Ce dernier serait tombé sous le charme du Tram strasbourgeois (on le comprend) et aurait voulu en implanter un similaire dans sa capitale, Bamako. Pour étudier la faisabilité du projet, Roland Ries a demandé a trois sociétés d’y réfléchir, notamment (encore) celle de son ami Roland Boehler (je vous l’accorde, il y a beaucoup de Roland), toujours sans appel d’offre.
Ces sociétés ont rendu un rapport de 49 pages de recommandations, facturées un peu moins de 50 000€, dont 8000€ pour la société de Mr. Boehler pour la mise en forme du rapport (powerpoint, reliure et impression du rapport…), toujours selon Médiapart.
Dans les deux cas, il s’agit d’une forme de flou juridique et d’une « querelle de juristes » selon Roland Ries. Pour Bamako, le Maire estime qu’il ne s’agit pas de marchés publics, malgré le fait que la ville ait facturé le rapport. Pour le Marché de Noël, « les faits remontent à 10 ans » et la note de réflexion aurait été rédigée par deux personnes ayant déjà travaillé sur le sujet du Marché de Noël dans passé, ce qui justifierait qu’il n’y ait pas eu de mise en concurrence… selon les propos du maire rapportés par Médiapart.
A priori, Monsieur le maire reste serein. Enfin, c’est ce qu’il indique dans un communiqué suite à l’article de Médiapart. Et sa démission « n’est pas à l’ordre du jour » quand bien même l’opposition semblerait la demander à demi-mot. Avant ce rebondissement juridique, le dossier avait été clos, jugé sans suite par la précédente juge et plusieurs acteurs strasbourgeois avaient été entendus (dont Roland Boehler), mis en examen, mais lâchés rapidement. Il est toujours important de rappeler le principe de présomption d’innocence et qu’une mise en examen ne signifie pas condamnation, loin de là, sinon notre maître à tous, expert en la matière, Nicolas Sarkozy, serait depuis longtemps derrière les barreaux. Bref, affaire à suivre donc.