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rue de la Division Leclerc Strasbourg © Camille Balzinger / Pokaa

Rue de la Division Leclerc : les commerçants déçus par la décision des élus

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Rue de la Division Leclerc à Strasbourg, le tram côtoie les piétons qui évitent les vélos à côté d’une voie en sens unique dédiée aux voitures. En sus, des terrasses sur les trottoirs, mais peu de verdure – pas du tout, en fait. De ce constat naît une idée chez les commerçant(e)s de la rue : celle de la végétaliser. Après un accueil enthousiaste de la Ville de Strasbourg autour de ce projet, un an plus tard, les commerçant(e)s déchantent.

Ils sont plusieurs, rue de la Division Leclerc à Strasbourg, à ne plus en pouvoir d’occuper une rue 100% faite de goudron et de véhicules. Depuis le deuxième confinement les commerçant(e)s s’organisent et montent l’association Division Verdure, qui regroupe les utilisateurs de la rue. Ils proposent ensemble, spontanément, un projet de végétalisation à la Ville de Strasbourg.

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Leur but est de faire d’une pierre plusieurs coups, avoue Christophe, patron et propriétaire du bar Le Gustavia : « On veut mettre des plantes, supprimer 19 places de stationnement et agrandir un peu nos terrasses”, explique-t-il. Dans son cas, ajouter trois tables de quatre personnes. Son bar a pâti des confinements successifs, quelques tables de plus l’aideraient peut-être à sortir la tête de l’eau.

Un accueil enthousiaste par la Ville

Au début, les élus semblent conquis, rapporte Christophe. C’est donc sans arrière-pensées qu’il se met à solliciter un cabinet d’architecte pour proposer des plans tentant de concilier les intérêts de tous les utilisateurs de l’artère. Déplacer les arceaux à vélo, penser un cheminement piéton ludique et vert, ajouter de la verdure, agrandir les terrasses, conserver les places de livraison…

En février 2022, un an et demi après la création de l’association, est organisée une réunion publique. Une quarantaine de personnes y participent, certains en présidentiel et d’autres à distance. “Chaque commerçant avait ses intérêts. Malgré ça, nous nous sommes bien entendus sur le projet final”, précise Christophe. Après cette réunion, les services de la Ville “moulinent” et étudient ce qui est “techniquement réalisable”.

rue de la Division Leclerc Strasbourg © Camille Balzinger / Pokaa
Les pots vert qui accueillent des arbustes servent parfois plutôt de cendriers que d'agréments fleuris. © Camille Balzinger / Pokaa

Mais un an plus tard en février 2023, lorsque la mairie présente en exclusivité les plans qu’elle prévoit, après avoir travaillé avec ses services, le patron déchante : “Nos terrasses ne sont pas agrandies, et en guise de végétalisation ils prévoient des bacs à fleurs”, résume-t-il. Bacs à fleurs qu’il qualifie immédiatement de “cendriers géants”, comme les grands pots verts dans la lesquels poussent de petits arbustes et dont la terre est jonchée de déchets.

Ces “espaces plantés” dessinés sur les plans de la ville correspondent a des plantations en pleine terre, comme ceux installés rue Gustave Doré, nous précise de son côté Pierre Ozenne, adjoint à la maire en charge des espaces publics partagés, des voiries et de foires et marchés, joint par téléphone. Pas des arbres, mais pas des bacs à fleurs non plus.

rue Gustave Doré Strasbourg © Camille Balzinger / Pokaa
Rue Gustave Doré, des plantations ont été effectuées dans des bacs de terre à même le sol. © Camille Balzinger / Pokaa

De la coopération à l'incompréhension

Bacs à fleur ou plantation en pleine terre, là n’est finalement pas la question. Christophe ressent surtout que la Ville n’est pas prête à faire de concessions. « On a l’impression que c’est ça ou rien », regrette-t-il.

L’élu de la majorité nuance : une prochaine réunion est prévue le 10 mars et le plan présenté début février serait ouvert à discussion, “c’est une proposition qui sera une base de travail”. Il dit vouloir mener avec l’association et les commerçants des échanges constructifs.

Discuter oui, mais néanmoins sous contrainte, car le champs des possibles aménagements dans cette rue est “plus restreint que prévu”. En cause : la ligne de tram qu’il n’est pas possible de recouvrir de gazon, à cause des véhicules de secours qui pourraient d’y embourber – un projet citoyen sur la plateforme en ligne de la Ville a déjà été refusé pour cette raison.

Reste donc uniquement la partie Est de la rue qui peut être végétalisée, mais tout en permettant aux voitures et aux vélos de circuler ou de se stationner et aux piétons de circuler. Et aux terrasses, d’exister. Impossible de piétonniser la zone : les voitures sortant du parking Gutenberg doivent passer par la rue pour sortir de la Grande Île.

Impossible également de planter des arbres. Il n’y a pas assez d’espace sous terre pour qu’ils développent leurs racines. “On a réfléchi à déplacer les réseaux [câbles électriques, gaz, eaux usées…, ndlr], mais ce n’est pas possible”, poursuit Pierre Ozenne. Car les fameux réseaux sont étalés sous le bitume un peu partout sur la largeur de la rue.

tram transport cts
© Hugo Favre - Napoli / Pokaa

Une contrainte patrimoniale de taille

Autre contrainte : la zone est classée au patrimoine mondial de l’Unesco et est concernée par le Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur (PSMV), qui vient ajouter aux contraintes du Plan local d’urbanisme. L’avis de l’Architecte des bâtiments de France est donc contraignant pour toute modification. Pour le moment, celui-ci a remis des recommandations aux services de la Ville. Pour que le projet soit accepté, il faut que le “rythme” de la rue ne soit pas “décousu”.

Agnès Blondin est architecte des bâtiments de France pour le Bas-Rhin. “Notre avis est obligatoire, nous intervenons assez tôt avec la police du bâtiment pour conseiller les porteurs de projet avant le dépôt du permis de construire”, précise-t-elle. Elle rend des avis dès qu’une modification de l’espace public est envisagée.

Même pour les installations temporaires, comme les brumisateurs place Kleber, Mme Blondin doit donner son avis. Les enjeux de végétalisation font partie des promesses de campagne de la municipalité. Un nouveau règlement est d’ailleurs en préparation pour y répondre et les concilier tout en préservant le patrimoine.

oasis de fraîcheur ville de strasbourg hautepierre 10
© Nicolas Kaspar/Pokaa

Des intérêts en conflit

Le coût total du projet tel que proposé par la mairie est de 160 000 euros, déjà votés. 60 000 pour la déminéralisation, 100 000 pour transformer l’éclairage public. “On va fixer des consoles, un dispositif sur les façades pour retirer les mâts, qui sont gênants”, explique Pierre Ozenne. Comprendre retirer les réverbères.

Quant aux terrasses, l’élu précise que certain(e)s habitant(e)s ne seraient pas pour, étant donné les nuisances sonores qu’elles pourraient théoriquement entraîner. Un argument qui ne convainc pas Christophe. “J’ai un bar de trentenaires qui ne font pas beaucoup de bruit, on n’est pas un club”, explique-t-il.

Pour lui, l’enjeu de l’agrandissement de sa terrasse est crucial. Il soupçonne qu’en tant que “petit” commerçant, sa voix n’est pas autant entendue que d’autres plus grands… À l’évocation de ce soupçon, Pierre Ozenne garantit qu’en ce qui le concerne, “les demandes de terrasses sont traitées de manière équitable quelle que soit la taille de l’établissement”.

rue du 22 novembre Strasbourg © Camille Balzinger / Pokaa
La partie ouest de la rue du 22 Novembre a été largement repensée en 2019, laissant la part belle aux terrasses et au mobilier urbain. © Camille Balzinger / Pokaa

Mais la déception de Christophe trahit surtout une incompréhension. Lui a ses intérêts, légitimes, de vouloir agrandir sa terrasse pour donner une chance à son bar de devenir rentable tout en la végétalisant.

La Ville a ses intérêts de végétaliser les rues très minérales du centre ville et d’améliorer la cohabitation entre usagers de l’espace public. Car Pierre Ozenne est catégorique : “on ne dépense pas l’argent public juste pour faire des terrasses”.

Résultat, Christophe a l’impression d’avoir travaillé pour rien et de voir ses intérêts ignorés. “À ce compte je préfère encore qu’ils ne fassent rien”, assène Christophe, qui envisage d’attendre les prochaines élections pour re-proposer son projet initial s’ils ne venaient pas, avec cette majorité là, à tomber d’accord.

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Commentaires (4)

  1. Strasbourg et ses alentours devraients’inspirer d’autres villes en France comme Antibes ou Nice où les plantes sont de partout. C’est bien dommage et faite apelle à des paysagistes. Quand on voit la route des Romains ou haute pierre c’est affreux à part donner des autorisations sur des nouvelles résidences sans âmes et aucune harmonie, je plein Strasbourg dans 20ans.

  2. L objectif de l association était bien d étendre les terrasses. Or les nuisances sonores sont évidentes. Les établissements concernes sont sous les fenêtres de chambres à coucher. La rue fait caisse de raisonnance avec les arcades en face. Tout ce qui est gagné c est la suppression de places de parking lesquelles servent de desserte pour les commerçants de la rue. Il n y a pas assez de places handicapés une place pour plusieurs personnes qui ne peuvent accéder à des parking en sous sol. Réunion du 8 mars pas informés…

  3. Pas d information concernant cette reunion. Avec qui pour quoi faire? Je vous invite à passer la nuit au dessus du bar de trentenaires silencieux….
    Entre les nuisances olfactives des restaurations rapides les bars silencieux…. Des bacs à fleurs qui n apporteront rien pour le climat..du stationnement de desserte qui sera supprimé…et des places handicapés notoirement insuffisantes…on fait comment pour être écoutes et entendus..

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