Le 11 février prochain, le club afro-caribéen le Sacrilège organise la première édition de son nouveau concept de soirées, uniquement réservées aux femmes cisgenres et trans. À travers ces événements qui auront lieu tous les deux mois, le couple à la tête de l’établissement a l’ambition d’offrir un espace safe aux Strasbourgeoises qui veulent danser et faire la fête sans se sentir en danger ou devoir constamment se protéger.
C’est un concept qui existe déjà dans d’autres villes françaises et européennes. Les soirées réservées aux femmes remportent un franc succès et commencent à se faire une place dans le monde de la nuit. Parmi les plus connues, les soirées de La Bringue lancées il y a près de quatre ans à Paris, sont aujourd’hui organisées à Lille, Bordeaux, ou encore Marseille.
Mais à Strasbourg, Ornella Samir-Becker est la première à tenter d’implanter de façon régulière ces soirées où l’entrée est interdite aux hommes. La patronne du Sacrebleu a récemment repris le Sacrilège situé rue des Couples et s’apprête à y lancer les soirées M.A.P (Men are the problem). La première édition est prévue le 11 février prochain dans le club afro-caribéen et une nouvelle sera dévoilée tous les deux mois.
Une réponse aux violences sexistes et sexuelles dans le monde de la nuit
Épaulée par sa chargée de communication Tiffany Sery dans ce projet, Ornella est partie d’un constat : “En soirée, j’adore danser et j’adore me sentir bien. Et c’est vite un casse-tête pas possible si tu ne veux pas trop de problèmes et pas trop être emmerdée en tant que meuf. Dans les bars, même du point de vue du staff, malgré les affiches de prévention, le fait de prôner la tolérance 0, ça n’empêche pas les comportements incorrects. C’est triste, mais c’est ingérable.”
Un sentiment que partage sa chargée de communication, qui ajoute : “En tant que femme, on ne peut pas sortir sans faire gaffe à tout ce qu’on fait. Préparer des baskets dans mon sac si je sors en talons, surveiller mon verre pour ne pas qu’on mette du GHB dedans, etc.” Après avoir découvert les soirées réservées aux filles à Paris, elles décident donc de lancer la même chose à Strasbourg.
De plus en plus de Strasbourgeoises droguées à leur insu en boites de nuit
L’objectif, c’est de se retrouver entre amies sans se poser de questions : “Dans une ambiance à la fois safe et sexy, sans que ce soit un appel à venir se faire draguer.” Les soirées M.A.P, c’est une proposition du Sacrilège, pour tenter de répondre en partie aux violences sexistes et sexuelles qui s’exercent dans le monde de la nuit.
Les deux Strasbourgeoises s’attendent à ce que certains se sentent mis de côté. Mais Ornella tient à les rassurer : “On se retrouve dès le lendemain !” Alors qu’il travaille habituellement dans le club, son conjoint ne sera pas non plus présent ces soirs-là. “On est un club ouvert à tout le monde. Je ne vois pas pourquoi pour une soirée tous les deux mois, on offre la possibilité aux femmes de s’amuser comme elles le veulent, les hommes qui peuvent tous les temps venir chez nous seraient gênés.” précise également Tiffany.
Un staff et une prog’ 100% féminin
Pour rester cohérent avec le concept, l’ensemble du staff sur place sera également féminin, hormis le videur à l’extérieur, pour des questions de sécurité. Pour les organisatrices, les femmes qui se rendent aux soirées M.A.P doivent également adhérer aux valeurs défendues, comme le fait que les femmes trans sont des femmes comme les autres, et être en accord avec les notions de respect et d’inclusivité.
Tiffany ajoute : “On va vraiment essayer de créer un endroit où tout est permis. À partir du moment où tu déposes tes affaires au vestiaire, si tu veux être en string par exemple dans le club, tu peux. Tu vas être entourée de femmes qui vivent la même chose que toi. Donc que ce soit en couple, entre amies, seule ou accompagnée, tu es la bienvenue.” Ces soirées sont aussi l’occasion pour les femmes qui souhaitent sortir seules, de sauter le pas.
Côté prog’, seules des femmes se produiront. Le Sacrilège compte accueillir aussi bien des artistes locales que parisiennes, marseillaises ou encore étrangères. Toutes les éditions comprendront une performance comme du voguing, du siren dance, du pole dance ou du strip tease, et un show case. Pour la première édition, c’est la danseuse Hilda, du collectif Dame-s qui présentera une performance de Waacking, qui mêle house musique et step pour un show qui oscille entre le défilé et la danse.
Interdit aux hommes trans, mais ouvert aux personnes non-binaires
Si certaines soirées du même genre autorisent parfois l’entrée aux hommes trans, les événements M.A.P leur restent interdits. Tiffany tient toutefois à préciser : “Ce n’est pas parce qu’on les compte dans le problème social et donc dans notre slogan “Men are the problem”, mais parce qu’on part du principe que si on interdit l’entrée aux hommes, et que tu te sens et te considères comme un homme, tu n’y as pas ta place et tu ne te sentiras pas à l’aise.”
Selon elle, la porte n’est pas fermée et le concept peut être amené à évoluer : “Pour les premières éditions, ça reste un positionnement qu’on prend et si ensuite, on voit que notre clientèle est à l’aise avec ça et que les personnes trans-masculines le sont aussi, on pourra envisager un concept où on partagerait l’espace oui.”
Le respect de ces directives repose évidemment aussi sur la bonne foi de la clientèle. “Personne ne va regarder dans la culotte de personne, de toute manière, ça nous permettrait pas d’en conclure quoi que ce soit. Notre rôle, c’est de faire comprendre que la soirée est pour une catégorie de personnes. Si tu en fais partie, tu es la bienvenue, sinon, ta place n’est pas encore là.” rappelle Tiffany.
Pas d’inquiétude donc pour les femmes cis ou trans qui auraient une apparence catégorisée comme “masculine”. Quant aux personnes non-binaires, elles sont cordialement invitées si elles le souhaitent : “C’est un questionnement à avoir avec elles-mêmes, pour voir si elles sont à l’aise avec le concept.”
Contente de voir ce genre d’événement se produire sur Strasbourg.
Si jamais, je peux proposer de mixer à ces soirées de la techno.
https://instagram.com/a.ngel.a.dj?igshid=ZDdkNTZiNTM=
Au plaisir de poursuivre les lectures de vos articles.
Prenez soin de vous 🙏
Bonjour ! Ça ne vous dérange pas de créer un événement sexiste sous prétexte de vouloir l’éradiquer ?