Pour la deuxième fois, les Bibliothèques Idéales arrivent à Strasbourg pour leur édition hivernale. Du 18 au 22 janvier, le festival de littérature nous prévoit encore de nombreuses rencontres gratuites, avec des invités pas piqués des hannetons. Parce qu’à Strasbourg, comme ailleurs, “la vie a besoin de livres”.
Cette année 2023 s’avère importante pour la littérature à Strasbourg. En effet, notre ville deviendra Capitale Mondiale du Livre en 2024, et il va falloir se préparer à assumer ce statut. C’est pourquoi il est très agréable de voir arriver la deuxième édition hivernale des Bibliothèques Idéales, qui s’ouvrent ce mercredi.
À chaque édition, les Bibliothèques Idéales permettent de se réunir, de confronter nos idées, mais surtout de se poser et d’écouter. Elles offrent l‘opportunité de réfléchir collectivement sans contrainte de l’immédiateté. Que l’on soit d’accord ou non avec les discours des invité(e)s, c’est l’occasion de prendre le temps de les écouter vraiment, pour entendre ce qu’ils/elles ont à nous dire, en chair et en os, loin du brouhaha d’internet. Et cela permet, ensuite, d’aiguiser nos pensées.
C’est en cela que « la vie a besoin de livres », sous-titre du festival cette année. Remède contre la morosité et le sentiment de perte de sens, ils permettent l’évasion, nous forçant, dans nos existences hyper connectées à prendre le temps. Le temps de lire, mais finalement aussi, le temps de vivre, comme le chantait Georges Moustaki. Le tout, toujours gratuitement !
"La littérature précède le réel" : cet hiver, les Bibliothèques Idéales sont les vôtres
Cette année, les Bibliothèques Idéales montreront que, plus que jamais, « la littérature précède le réel », selon François Wolfermann. Le directeur du festival développe le thème de l’édition : « C’est la force du débat, le point de départ de nouvelles pensées. Ce festival, c’est le nôtre, mais surtout le vôtre ».
Au programme, 30 rendez-vous et près de 50 artistes et auteurs. « On y parlera de vous, de votre bibliothèque idéale, d’amitié, de consolation, de résilience, de liberté intérieure, de secrets de famille, de société vraiment féministe, d’histoire identitaire, de l’armée des ombres, de résistance, du communisme, de l’esclavage, de musique classique, du slam, du rap, du gospel, de la nuit de la lecture, de Bobin, des livres qui font bouger les lignes… ».
Comme tous les ans, la force des BI réside dans le fait que le festival n’est pas que littéraire mais aussi artistique : « Nous souhaitons mettre en valeur les mots et les émotions sous toutes leurs formes : l’écrit, la musique, le dessin ».
Et cette année, il y a une nouveauté. Les Bibliothèques Idéales 2023 recueilleront les avis des Strasbourgeois(es) : « Ces 5 jours seront également l’occasion de vous écouter au mieux pour imaginer ensemble la prochaine édition ! ». Les Strasbourgeois(es) pourront également monter sur la scène de la Cité de la Musique et de la Danse « lors de la nuit de la lecture, pour lire des textes de Christian Bobin et partager un instant de poésie ».
Nos recommandations pour cette édition hivernale des BI
Si certaines têtes, déjà aperçues lors de précédentes éditions font leur retour, cette année encore la programmation s’avère riche en personnalités. Et comme toujours dans le festival, pas besoin d’être un/e écrivain/e pour parler de littérature ; c’est même ce qui en fait sa richesse. S’il n’est pas possible de parler de tous les événements de cette édition, voici cependant quelques unes de nos recommandations !
Du 18 au 20 janvier : des rencontres littéraires en musique, des concerts et des combats
Les BI version 2023 démarrent sur les chapeaux de roue. La soirée inaugurale du 18 janvier aura en effet exceptionnellement lieu dans l’écrin du Palais de la Musique et des Congrès. Et pas avec n’importe qui : Ben Mazué et Grand Corps Malade viendront présenter leur livre Les Correspondants dès 17h. On vous en parlait ici, cette œuvre épistolaire permet une contemplation d’un instant T, le confinement, dans une époque où tout bouge très vite. Et on n’est pas à l’abri d’une petite lecture !
Pour la suite du festival, les BI retrouveront la Cité de la Musique et de la Danse. On pourra notamment y entendre Hugo Clément le jeudi 19 janvier à 17h30. De retour à Strasbourg, le journaliste viendra présenter son nouveau livre Les Lapins ne mangent pas de carottes, sur le bien-être animal. Qu’on apprécie le personnage ou non, cette rencontre sera un bon moyen de confronter nos idées et nos perspectives sur le sujet, de plus en plus essentiel.
Mais ce qui fait la force des Bibliothèques Idéales, c’est cette alliance de la musique et de la littérature, ce mélange de deux arts faits pour s’entendre… littéralement. Pour la sortie en Europe du livre Black Church de l’Américain Henry Louis Gates, un concert est organisé à partir de la playlist du livre. Une occasion unique d’écouter des musiques, ressentir des rythmes et des émotions que l’on ne connaît pas forcément. À coup sûr un grand moment à vivre le jeudi 19 à 20h.
Enfin, dernier moment musical à ne pas rater, la lecture musicale de Rouda et Calbo le vendredi 20 janvier à 20h. Le premier, rappeur et slameur, présente en musique son premier roman, Les Mots nus. Slam, rythmes et poésie seront au programme. Le second, moitié du groupe Ärsenik, promet un autre moment intime et en chansons, avec Quelques gouttes de plus, un ouvrage très personnel.
Le week-end du 21 et 22 janvier : comprendre les rouages de l’histoire, voir la vie en rose et lutter pour un monde sans danger pour les femmes
Le week-end du 21 et 22 janvier, les Bibliothèques Idéales nous invitent à nous poser calmement, en se remémorant chaque instant. On commence d’abord avec du très lourd : Christiane Taubira, femme aux mille combats, viendra présenter ses Frivolités à 11h le samedi 21 janvier. Contrairement à ce que le nom de l’ouvrage indique, celui-ci fait dialoguer 13 femmes à bâtons rompus. Aux cœurs des hommes se substituent alors le chœur des femmes, où l’Histoire passée est interrogée, permettant de mieux comprendre le présent et de se révolter.
Le même jour, Boris Cyrulnik nous invitera à invoquer notre Piaf intérieure et voir la vie davantage en rose. Avec sa joie de vivre communicative, le neuropsychiatre veut croire qu’il existe une alternative à se focaliser sur les nuages noirs qui ne cessent de s’amonceler au-dessus de nos têtes.
On terminera la soirée par un hommage collectif à Christian Bobin, le romancier et poète auteur de la phrase « La vie a besoin de livres ». Tout(e) Strasbourgeois(e) qui le souhaite pourra lire un texte de l’auteur, en laissant son nom et numéro de téléphone à l’adresse [email protected].
Le dimanche 22 janvier à 14h, Éric Emmanuel-Schmitt reviendra aux BI pour nous plonger à l’époque des pharaons dans son troisième volet de « La Traversée des Temps ». Une rencontre d’actualité, puisque le cercueil de Ramsès II va être présenté à Paris en avril lors de l’exposition « Ramsès et l’or des pharaons ».
Pour terminer, Lauren Bastide, Alice Géraud et Nesrine Slaoui nous invitent à 17h à imaginer à quoi ressemblerait une société vraiment féministe, sans danger.
Loin d’en faire un idéal qui s’obtiendrait tout seul, les auteures discuteront de nombreux sujets : traitement des agressions sexuelles par la police et la justice, ce qu’on a fait des plaintes des victimes, mais également de l’intériorisation des comportements genrés et de l’addiction aux réseaux. Pour terminer sur une réflexion: et si c’était avec le féminisme que l’on sauvera le monde ? Un combat sans concession, qui demande une lutte de chaque instant.
En ce début d’année 2023, les BI reviennent dans nos vies avec toujours plus de rencontres et d’événements musicaux. Un festival qui continue de nous faire réfléchir et confronter nos idées préconçues, mais qui a surtout le mérite de mettre les livres au centre de nos préoccupations. Car comme chaque Strasbourgeois(es), Strasbourg a besoin des livres.
Avant les grands orgues de 2024, ces Bibliothèques idéales vont être un moment plus intime, mais on l’attend avec autant d’intérêt et même d’impatience ! Vive la lecture, partout et à toute date !