Appelés par des syndicats, des Strasbourgeois ont défilé ce 1er mai pour les droits des travailleurs. Beaucoup dénonçaient la réforme de l’assurance chômage, “qui va précariser des millions de personnes dans un contexte où les licenciements de masse et l’ubérisation du travail augmentent”. Reportage.
Le rendez-vous de la manifestation intersyndicale CGT, CNT, FO, FSU et Solidaires est fixé à 10h, place du Maréchal de Lattre de Tassigny. Quelques centaines de manifestants sont déjà présents en ce 1er mai. Partout en France, des cortèges s’apprêtent à défiler pour “la journée internationale de lutte pour les droits des travailleurs”. Céline insiste sur le nom : “nous ne faisons absolument pas la fête du travail, qui a été inventée par Pétain après coup, pour tenter de rallier, sans succès, le mouvement ouvrier au régime de Vichy.”
Lentement, la manifestation s’élance rue de la 1ère armée. Une trentaine de salariés de Knorr, l’usine de soupe de Duppigheim, prennent la tête. Les 261 ouvriers de l’entreprise sont menacés par la fermeture du site voulue par Unilever, dont dépend Knorr. Max y travaille depuis 30 ans : “L’usine est bénéficiaire. Nous avons travaillé dur pendant toute la crise du Covid, mais malgré cela, ils veulent fermer. C’est une logique qui prône la maximisation des profits qui les pousse à délocaliser. J’ai plus de 55 ans, ça s’annonce extrêmement compliqué de retrouver du boulot.”
Contre la réforme de l’assurance chômage
La foule grandit au fil des minutes. En tout, plus de 2 000 personnes de très nombreuses organisations politiques de gauche manifestent. Patrick et Laurent du comité CGT chômeurs et travailleurs précaires de Colmar mettent l’accent sur “l’absurdité de la réforme de l’assurance chômage“ : “Des millions de personnes sans emploi se retrouveront dans une situation plus précaire qu’aujourd’hui, alors que la situation sociale est déjà préoccupante. Pendant ce temps là, les grandes entreprises touchent des aides et mettent tout de même en place des plans sociaux.”
Pour Philippe, de l’association bas-rhinoise des chômeurs et demandeurs d’emploi, “il faudrait interdire l’ubérisation du travail, voulu par les entreprises comme Deliveroo pour faire plus d’argent”. Les revendications sont toutes portées sur le droit des travailleurs, mais avec de nombreuses spécificités selon les groupes. Elif, de l’association des amis du peuple kurde en Alsace, manifeste aussi “contre la nouvelle attaque menée par le président turc Erdogan contre les kurdes, qui ont monté de nombreuses coopératives de travailleurs sur place qui ne répondent plus à la logique capitaliste”.
Les Antifas mobilisés
La CGT émet de la musique depuis son chariot. Plusieurs petits groupes de percussionnistes animent aussi le cortège. À l’arrière, la Jeune Garde Strasbourg et Action Antifasciste Strasbourg réunissent une petite centaine de personnes dans un “bloc antifa” très bruyant. Un militant explique que “le mouvement, qui prône l’autodéfense populaire contre les fascistes, est par essence lié à la défense des travailleurs contre les dominants, qui sont souvent d’extrême droite”.
Léo tient la banderole des Jeunes Communistes. Il est préoccupé par les réformes qui se succèdent : “on assiste à une grande dérive autoritaire et à une attaque des travailleurs précaires. Il faut impérativement une mobilisation pour empêcher la réforme de l’assurance chômage. Quand on fait pression, cela peut fonctionner, on l’a vu avec le report de la réforme des retraites.”
Ne pas dissocier crise climatique et crise sociale
Les rues de Strasbourg sont presque désertes en ce samedi matin. Le cortège passe, pour la première fois depuis des mois, par le centre-ville, place Kléber et Broglie. Olivier de Alternatiba est là aussi, avec quelques activistes écologistes : “Il ne faut pas dissocier la crise climatique et la crise sociale. Nous sommes notamment pour une régulation des échanges, une relocalisation de la production, et une transition des emplois nocifs vers des activités nécessaires comme l’agriculture paysanne, qui pourrait générer beaucoup de travail.”
Marine, référente locale de la France Insoumise, demande aussi la création de nombreux emplois stables par le biais de la fonction publique et de la transition écologique. Renan, de la section jeune des insoumis, réclament quant à lui, contre la précarité des 18-25 ans, le RSA à partir de la majorité et l’augmentation des logements étudiants du Crous.
Repenser le travail
Aux alentours de midi, la manifestation se clôture place d’Austerlitz. Une petite dizaine de stands y sont installés par des organisations : gilets jaunes, Nouveau Parti Anticapitaliste, France Insoumise… Il est aussi possible de créer des pancartes pour les prochaines mobilisations. La plupart des manifestants rentrent chez eux assez rapidement. Une petite partie assiste à un concert puis à un spectacle des étudiants qui occupent le TNS.
Un débat sur le travail est également organisé. Jacqueline, de la Brigade révolutionnaire insurrectionnelle féministe (BRIF) propose par exemple de remettre entièrement en cause la notion de travail pour produire de la valeur. Elle plaide pour “un autre modèle de société dans lequel la production est réfléchie démocratiquement, dans l’intérêt de tous”. La journée de mobilisation se clôture vers 17h.
© Martin Lelievre
Arrêter l’uberisation du travail… oui… mais c’est à cause de qui si ce phénomène se répand? Qui veut toujours payer moins cher? Qui favorise le développement de blablacar, uber, et Airbnb?
Eh ben oui, faire proliférer ce genre de boîtes, ça ne va pas maintenir les emplois dans les hôtels, taxis, etc etc en même temps, ça fait un bail que certaines personnes l’avaient annoncé !
C’est pas le gouvernement qui va changer tout ça, ce sont les femmes et les hommes.
Comme pour l’écologie… d’ailleurs…
L’état peut peut-être encore servir à quelque chose … réguler, orienter, légiférer … sans ça, ça ne sert vraiment à rien un gouvernement qui autorise toutes les sauvageries … ou alors ça ne sert à rien de voter ce qui est de plus en plus vrai.. c’est la sauvagerie qui est plus forte que les gouvernements … mais dire que c’est les citoyens qui sont responsables de uber, c’est y aller un peu fort !!! comme si c’était les citoyens qui avaient instauré les congés annuels, la sécurité sociale, les réductions de temps de travail… non non non … ce sont bien des volontés politiques qui orientent les choix de société. C’est le pouvoir politique qui nous infligent uber et airbnb et amazone et qui ne paient aucun impôt en France. Comme pour l’écologie: exactement c’est comme pour l’écologie …: ce n’est pas chacun dans son coin qui va réduire le réchauffement climatique … Il faut un état fort devant les barbares pollueurs et qui s’enrichissent …