On ne dirait pas, mais le mois de février vient tout juste de commencer. Avec lui, la promesse d’un printemps qui se rapproche et des beaux jours qui continuent de rallonger. Mais surtout, le début février est célébré par tous les gourmands de France et de Navarre, puisque aujourd’hui, jeudi 2 février, c’est la Chandeleur ! Une tradition célébrée en Alsace et ailleurs, que l’on vous raconte ici.
Tenir la chandelle
Commençons d’abord par notre amie l’étymologie : en latin, la fête de la Chandeleur a un lien avec la festa candelarum. Soit, dans la langue de Molière : la fête des chandelles. Entre les chandelles et les crêpes néanmoins, il y a une grosse différence, car éclairer avec une crêpe, ça reste assez complexe.
Néanmoins, la lumière revêt une symbolique importante dans cette fête. À l’époque, chez nos amis les Romains, en février, on fêtait les Lupercales. Les Lupercales, c’est une fête païenne, symbole de purification, qui a été cooptée par l’Église pour se transformer finalement en Saint-Valentin. Par ailleurs, les chandelles étaient également considérées comme des symboles de purification, avec la victoire de la lumière sur les ténèbres. Entre ces deux symboles de purification, il y avait sans doute un petit lien à faire. V’la la bonne idée, se dit en 472 le pape Gélase Ier, qui organisa des processions aux flambeaux le 2 février.
Le choix de la date
Bon ok, on aime tous les histoires du Bien qui triomphe du Mal. Néanmoins, cela ne nous avance pas plus sur le choix de la date du 2 février. En effet, si l’on sait que l’on fête la Chandeleur ce jour-là, la question qui demeure reste le pourquoi. À savoir : pourquoi le 2 février et pas, par exemple, le 17 août ?
Concrètement, il faut revenir en des temps bien anciens, et se fier à une certaine Égérie. Cette dernière, durant son pèlerinage à Jérusalem, raconte qu’on y organisait de grosses teufs en l’honneur de la Présentation au Temple d’un certain JC. Inutile de vous dire qu’à Jérusalem devait résonner du bon son. Historiquement, cette fête se déroulait 40 jours après la naissance du Christ. Cette dernière étant célébrée le 25 décembre, si l’on rajoute 40 en comptant sur ses doigts, on tombe bel et bien le 2 février.
D’ailleurs, pour la petite anecdote, ce bon vieux Jésus Christ avait l’habitude d’offrir aux pèlerins arrivant à Rome des galettes de céréales. Plutôt sympa.
Battre l’hiver une crêpe à la fois
À ces histoires de dates et de chandelles se rajoute la géométrie même des crêpes, dont la forme et la couleur parfaitement dorée représente on ne peut mieux le soleil. Ce qui explique que, symboliquement, à la Chandeleur, fête de purification et de victoire de la lumière, on se mette à cuisiner plein de petits soleils. Ainsi, les crêpes ont petit à petit elles aussi pris la symbolique du passage de l’hiver au printemps, février étant un mois où les jours s’allongent de plus en plus vite.
En plus de ce triomphe contre l’hiver, la morosité ambiante et le fait de vouloir oublier janvier pour passer la meilleure des années, les crêpes revêtent également une symbolique d’abondance. Février est généralement le mois des semailles, soit la période où l’on sème. La farine qui restait de cette période était donc utilisée pour confectionner de bonnes crêpes, qui signifiaient alors la réussite des récoltes à venir.
Et si vous voulez vous assurer de devenir le meilleur récolteur, ou plus simplement si vous voulez passer une bonne année, vous pouvez également essayer ceci : tenez la poêle de votre main droite – on n’aimait pas trop les gauchers à l’époque – et une pièce de monnaie dans la main gauche. Faîtes voler la crêpe – ce qui demande un poignet exercé, une poêle c’est lourd – et si elle retombe dans la poêle, c’est l’équivalent de gagner à un Astro.
L’occasion rêvée de se goinfrer de crêpes
Dans l’histoire, la Chandeleur est ainsi née comme une fête où l’on passe d’une période sombre à une période plus lumineuse, avec le renfort des crêpes qui signifient à la fois prospérité et abondance. Pas tout le monde aime les crêpes, puisque les États-Unis choisissent eux de n’en faire qu’à leur tête. à-bas, le 2 février est appelé le « jour de la marmotte » soit, pour les plus cinéphiles d’entre vous : Groundhog Day. Entre Bill Murray et les crêpes, le choix est cornélien.
Au-delà des traditions et des symboliques, la Chandeleur aujourd’hui, c’est surtout l’occasion de se goinfrer de crêpes. C’est le plat parfait pour se réunir en famille un dimanche après-midi, autour d’un petit jeu. Au Nut’Alsace, à la confiture de chez votre grand-mère, au caramel au beurre salé pour les Bretons ou simplement au sucre de canne, les crêpes ont ce pouvoir réconfortant de la nostalgie, qui vous ramène en enfance. Alors je vous laisse avec la recette de mon père, qui reste à mes yeux le champion incontesté, et celle de mon frère, qui a suivi dans les pas paternels :
PS : pour une recette 100 % mon père, ne lésinez pas sur le rhum.
Bonne dégustation les gloutons !