Comme la plupart des consommateurs européens, vous avez constaté une baisse de votre pouvoir d’achat ? Félicitations : vous êtes, vous aussi, victime des conséquences de l’inflation. Et celle-ci risque de se faire encore davantage ressentir : à l’issue de négociations entre grande distribution et fournisseurs, c’est une hausse des prix d’environ 10% qui devrait impacter nos paniers dans les semaines à venir. Mais hors de question de se résigner : on est allé vous demander vos astuces pour gérer au mieux votre budget, histoire de survivre à cette mauvaise passe sans avoir à vendre un rein.
En novembre dernier, Oxfam faisait état de 11 millions de français(es) sous le seuil de pauvreté, parmi lesquels la moitié vivait avec 885 euros mensuels ou moins. Dans le Grand Est, ce sont les moins de 30 ans qui sont les plus concernés puisque 24,2% d’entre eux vivent sous le seuil de pauvreté (données de 2020, Insee).
Pour avoir un petit aperçu de vos meilleurs tips gestion de budget, on a utilisé une méthode à faire pâlir l’Ifop : la story Instagram. Et vous avez été nombreux et nombreuses à nous répondre, en nous confiant tous vos bons plans pour terminer le mois dans les meilleures conditions.
Mais pour aller encore plus loin, on a également posé nos questions à Cécile Brendel. Responsable régionale de l’association Finances et Pédagogie (qui réalise des actions de sensibilisation et de formation sur le thème de l’argent dans la vie), elle a accepté de réagir à vos astuces et de les enrichir de ses conseils avisés.
“Faire ses courses malin”
La gestion de budget, ça se retrouve très concrètement au moment de remplir son panier ! Et s’il y a bien un réflexe qui est souvent revenu, c’est le fait de privilégier les rayons “anti-gaspi”. Discrets il y a quelques années, ces rayons se sont généralisés au point de concerner désormais presque toutes les grandes surfaces.
Vous y trouverez des produits dont la date limite de consommation est courte, mais à des prix souvent imbattables. Pensez également à être attentifs aux éventuels “paniers pouvoir d’achat” mis en place récemment.
Cécile Brendel développe le concept de “faire ses courses malin”. Plusieurs réflexes sont alors à adopter, à commencer par la base : toujours regarder les prix au kilo.
Si l’on ne va jamais faire ses courses le ventre vide, on pense également à toujours lever ou baisser la tête : les produits les plus chers sont au niveau des yeux : “Il faut bien faire attention aux fausses promos et au marketing : la tête de gondole n’est pas forcément avantageuse !”.
Attention aussi aux achats pulsion ! Elle recommande alors un petit tour de supermarché : “histoire de voir si vous en avez toujours envie une demi-heure plus tard”.
Concernant les lieux d’achats, vous avez beaucoup évoqué le repli vers Lidl ou encore Aldi. D’un point de vue purement économique, c’est validé : “le hard discount reste souvent une valeur sûre. En fait, le principal reste de faire jouer la concurrence, mais ces comparaisons prennent du temps”.
À l’inverse, certains d’entre vous évoquent davantage un retour aux petits producteurs. Marchés, vracs, produits de saison… on se tourne alors vers une consommation plus responsable et durable : “au marché du coin, les prix peuvent être plus élevés mais cela peut pousser à consommer de façon plus raisonnée, comme prendre une bonne viande, mais une fois par semaine.”
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“Réussir à ne pas être pris au dépourvu”
Sortons un petit peu du supermarché : on a eu pas mal de réponses qui insistaient sur une planification globale. Gérer son budget, c’est finalement pouvoir prévoir. Alors vous avez été nombreux à nous faire part de votre culte de la liste de courses précise ainsi que d’un goût prononcé pour la planification des menus de la semaine.
Mais la planification ne s’arrête pas là : “On insiste beaucoup sur la gestion des imprévus, réussir à ne pas être pris au dépourvu. Il s’agit d’identifier les aléas : une réparation sur la voiture ou le vélo, de l’électroménager à changer, une facture non prévue… pour pallier ces imprévus, il faut essayer d’épargner. Il n’y a pas de petite économie.”
Pour développer une vision globale et pouvoir ainsi anticiper, Cécile Brendel évoque deux outils qu’elle recommande régulièrement en formations et qui ne sont autre que… des applications.
La première s’appelle Pilote Budget et calcule votre reste à vivre en déduisant toutes vos charges fixes de vos ressources. La seconde, Pilote Dépenses, vous permet de pointer quotidiennement toutes vos dépenses pour avoir une vision claire et en direct de l’état de votre compte en banque.
Gratuites, les deux applis marchent parfaitement hors-lignes et ont été développées en partenariat avec la Banque de France. Rien n’empêche toutefois de s’en tenir aux bonnes vieilles méthodes : “Sinon, n’hésitez pas à tenir un carnet de comptes, l’important est de faire ça régulièrement pour suivre ses dépenses en direct et éviter le découvert.”
De votre côté, vous nous avez aussi conseillé quelques applis ! On a vu passer Jow (qui vous accompagne du choix des recettes jusqu’à la livraison de tous les ingrédients) ; To Good To Go (qui vous permet de récupérer des invendus de la restauration ou des commerces de bouche) ; ou encore Plum (qui économise pour vous).
“Ce qui fait du bien à la planète fera souvent du bien à votre portefeuille”
À la maison aussi, il existe des leviers d’action pour économiser sans sortir de chez soi ! Tout commence au niveau du frigo, dans lequel le givre sera votre pire ennemi : “cinq millimètres de givre augmentent de 30% la consommation de l’appareil”.
Jetez enfin un coup d’œil à l’arrière de votre réfrigérateur : si de la poussière s’accumule sur les grilles, votre consommation augmente aussi ! Donc on dégivre, et on dépoussière.
Votre consommation d’eau se verra également fortement réduite à l’aide de réflexes élémentaires, tels que l’installation de mousseurs sur les robinets. Et quant à la vaisselle : “paradoxalement, l’utilisation du lave-vaisselle est moins énergivore que de faire sa vaisselle à la main, mais encore faut-il qu’il soit plein”. L’économie se retrouve alors tant sur la consommation d’eau que d’électricité.
En bref, ces petits réflexes –une fois adoptés– feront de vous un consommateur averti : “On a un constat, c’est que ce qui fait du bien à la planète fera souvent du bien à votre portefeuille”.
En outre, on pourra également porter sa vigilance sur des petites choses qui semblaient anodines : et si on passait par exemple en revue nos abonnements multiples ? Dans la même idée, on peut aussi remettre en question certaines petites dépenses du quotidien qui, sur l’année, font tourner la tête.
Ainsi, si vous avez l’habitude d’aller chaque matin chercher un croissant, un café et un jeu à gratter, ce seul poste de dépense vous coûte plus de 2000€ par an. Ajoutez à cela un paquet de clopes, et vous culminez à plus de 5600€.
Enfin, Cécile Brendel attire notre attention sur la fausse bonne idée des crédits renouvelables : « ils permettent certes de débloquer de l’argent d’une heure à l’autre, mais ils coutent très cher ne s’arrêtent pas”. Un maitre-mot : vigilance.
Un accompagnement social sur les questions financières est possible : n’hésitez pas à contacter le Centre Médico-Social le plus proche. Toutes les infos ici.
Vous avez moins de 30 ans ? Allez donc jeter un coup d’œil aux différentes aides auxquelles vous avez droit, sur www.1jeune1solution.gouv.fr
Enfin, pour toute question ou difficulté financière, Cécile Brendel conseille de ne pas avoir peur de se tourner vers son banquier. Loin de l’image négative dont il peine à se détacher, c’est avant tout un professionnel qui saura vous conseiller et vous accompagner.