Alors que l’inflation ne ralentit pas sur tous les produits alimentaires, les étudiant(e)s et autres petits budgets cherchent à faire des économies là où ils le peuvent, notamment sur leurs courses. On a testé une appli imaginée par un Strasbourgeois, qui se propose de comparer les prix des supermarchés. Verdict : si on s’y met tous, elle pourrait être un moyen très efficace d’organiser ses courses en fonction des différents prix.
Reprice. C’est le nom de l’application (dispo sur Apple et Android) qu’a créé Carl Smith, jeune Strasbourgeois créateur d’applis de conso, pour les petits budgets. Le principe est simple : les utilisateurs et utilisatrices relèvent les prix des produits qu’ils achètent en supermarché sur l’appli, ce qui permet une cartographie plus ou moins précise (en fonction du nombre d’utilisateurs actifs) des valeurs pour chaque item.
On se retrouve ainsi avec une sorte de Google Maps des produits, avec les prix affichés de chaque supermarché pour chaque bien ou même pour une liste de course entière. Plutôt pratique alors que les prix de l’alimentation enregistraient encore, en juillet dernier, une hausse de 12,3% sur un an d’après le dernier rapport de l’Insee. Nous avons testé l’appli en situation, au supermarché Auchan de la place Kléber.
Pour le Nutella, le lait ou le café : pas de problème, on a la réponse
On s’est souvenus des scènes d’émeute qui avaient suivi une promo sur le Nutella dans plusieurs hypermarchés de France, et on a commencé notre recherche par là. Hop, on scanne le code-bar du pot de pâte à tartiner, à la manière de l’appli Yuka. Une carte apparaît.
Chaque supermarché du centre-ville et de la banlieue strasbourgeoise apparaît avec le prix du pot Nutella affiché sur une étiquette. En haut de la carte, on trouve la valeur la moins chère et donc le supermarché “gagnant” en vert, et en rouge le supermarché le plus cher sur le Nutella. Ici c’est donc le Super U situé vers la place du Corbeau qui l’emporte avec 4,75 euros, là où notre Auchan se situe 5,64 euros.
Pour le lait et le café, même processus. Attention, le supermarché le moins cher pour le Nutella n’est pas forcément le même que pour le lait. Ici, c’est le Carrefour City du Neudorf qui emporte la palme avec 0,95 euros la brique de lait Grandlait d’1 litre. Le bémol non-négligeable est que les prix sont ajoutés par les utilisateurs, ce qui veut dire que certains d’entre eux l’ont été il y a plusieurs semaines, voire plusieurs mois.
Les 0,95 euros de ce Grandlait sont-ils toujours valables aujourd’hui, alors qu’on le sait, chaque enseigne procède à des promos régulièrement ? “Cela peut être une limite, en effet, mais il faut savoir que toute l’appli repose sur l’importance de la communauté d’utilisateurs, explique Carl Smith. Plus on aura de gens qui relèvent les prix régulièrement, plus la carte sera affinée et les prix justes.“
...mais les prix de notre paquet de pâtes ne sont pas (encore) relevés
On s’empare d’un autre produit de base essentiel : les sacro-saintes pâtes. On essaye avec un paquet de spaghetti Panzani…et surprise, aucun prix ne s’affiche.
“Certains produits sont dans la base de données mais leur prix n’ont pas encore été relevés. Aucun membre ne l’a encore fait. Personnellement j’essaye de le faire un maximum quand je fais mes courses pour qu’il y ait le plus de prix possibles à Strasbourg, mais là encore, si la communauté grandit ce sera plus simple.“
Dans le cas des pâtes il faudra alors se reporter sur la marque qui a été relevée dans tous les supermarchés et qui s’affiche tout en haut de la liste des produits les plus vus, les Farfalle Panzani (même si vous prévoyez d’acheter des macaronis). Verdict : le moins cher est le Auchan situé en face de la gare avec 1,51 euros. On précise que de nombreux supermarchés se situent juste au-dessus, avec 1,52 ou 1,55 euros, potentiellement des variations dues aux différentes dates de relève.
“J’ai parfois un même utilisateur qui va se motiver et ajouter le prix du même produit dans tous les supermarchés de la ville, note Carl Smith. Récemment quelqu’un l’a fait pour une marque de serviettes hygiéniques.” Ainsi on se retrouve souvent dans ce cas : pour un produit donné, le prix de certaines marques ne sont pas présentes sur un territoire alors que d’autres le sont. Mais il existe des options permettant de contourner cette limite.
Des options qui ne demandent qu'à être développées
Plutôt que de faire comme nous et de scanner des produits au supermarché, vous pouvez aussi effectuer une recherche en amont, taper “pâtes”, trouver la marque qui a été le plus répertoriée (ici les Farfalle Panzani) et obtenir le comparatif voulu.
Autre option, et non des moindres, celle de la “Liste de courses”. Vous entrez un à un les produits que vous prévoyez d’acheter, et le logiciel calcule le montant de la liste pour chaque supermarché. Résultat, vous avez une cartographie personnalisée des supermarchés du coin à un instant T. Là encore, plus il y aura d’utilisateurs actifs, plus cette carte sera affinée.
En attendant, les petites variations de prix liées aux promotions ou à l’inflation qui varie d’un mois à l’autre ne sont pas systématiquement prises en compte dans les prix affichés. “Aujourd’hui j’ai environ 500 utilisateurs très actifs sur les 100 000 téléchargements de l’application. On en trouve particulièrement à Strasbourg, où j’ai axé ma communication pour l’instant, et à La Réunion, où les prix sont si chers que les gens ont cette habitude de comparer les supermarchés“.
Un Uber des prix ?
Conscient de cette limite, Carl Smith a imaginé un système de récompenses pour les utilisateurs les plus actifs, avec des points attribués à chaque produit ajouté. On peut ainsi gagner des bons d’achats en fonction de notre activité. “J’envisage de mettre en place un vrai système de rémunération pour la relève des prix. Ça permettra aux étudiant(e)s, par exemple, de se faire un peu d’argent facilement et ça alimentera la base de données de l’appli de manière efficace.”
Aujourd’hui, ce sont d’ailleurs les étudiant(e)s qui sont les plus actifs…aux côtés des mamans. Le “public cible” de Carl Smith, certainement celui qui a le plus besoin de faire des économies.
Le bilan de notre test est donc contrasté. Reprice a le potentiel pour devenir la référence en matière de comparatif des prix de supermarchés, mais il lui manque pour l’instant la communauté suffisante pour fonctionner idéalement.
Quelques améliorations sont également à faire du côté de l’ergonomie de la carte, où il est parfois difficile de zoomer sur les détails des supermarchés. L’appli a été lancée il y a trois mois, c’est donc compréhensible. A terme, l’objectif de Reprice est “d’élargir le comparatif des prix aux commerces et services, comme les salons de coiffure ou les pharmacies”. Chaque chose en son temps.
