« Poser les questions qui fâchent » afin d’« agiter nos cerveaux ». C’est le parti pris d’« Envisager la nuit », le rendez-vous nocturne annuel – et gratuit – du TNS (Théâtre national de Strasbourg). Un événement participatif et immersif rassemblant artistes, spécialistes et public, autour de questions de société. Et le vendredi 7 mars ? Focus – et réflexion(s) – sur « la cancel culture » qui divise et déchaîne les passions, des réseaux sociaux jusqu’à la scène. « Censure ou monstration ? » se demandera-t-on de 22h à 6h, entre : tables rondes, performances et DJ set. Présentation.
« On ne peut plus rien dire », entend-on ici et là. À l’heure des réseaux sociaux, de la libération de la parole et de la lutte contre les discriminations, est apparue une nouvelle pratique qui divise parfois : la « cancel culture » (ou « culture du bannissement »). Et le théâtre n’y échappe pas…

Après le succès de son premier chapitre en février 2024 (consacré aux « langues au plateau »), le TNS ouvrira cette fois les portes de l’Espace Grüber et écrira le vendredi 7 mars le chapitre 2 de son rendez-vous nocturne « Envisager la nuit » autour d’une nouvelle accroche : « Efface-moi si tu peux ».
Un nouveau thème, plus que jamais ancré dans son époque, articulé autour d’une question : « Cancel culture : censure ou monstration ? »
Plus encore : « Les sensitivity readers sont-ils le futur de l’écriture et de la dramaturgie ? Les histoires présentées sur nos plateaux doivent-elles nécessairement être racontées par celleux qui les ont vécues ? Est-ce à l’art de réhabiliter les vérités de l’histoire ? »


« Poser et penser les questions qui fâchent »
Ce rendez-vous, Caroline Guiela Nguyen l’a imaginé dès son arrivée à la direction du TNS en septembre 2023. Dès février 2024 naissait alors le premier chapitre d’« Envisager la nuit », devenu depuis un temps fort de la programmation, permettant de s’interroger sur les sujets politiques et sociétaux que rencontre le théâtre, aujourd’hui.
« Encourage[ant] partout dans le théâtre et l’École l’hospitalité de la pensée, y compris en favorisant les avis contradictoires », Caroline Guiela Nguyen parle de « poser et penser les questions qui fâchent […] pour envisager demain ».

Car si l’événement est ouvert et tourné vers le public, il s’agit également d’un colloque inscrit dans le cursus pédagogique de l’École du TNS : « une expérience de pensée et de recherche » qui prend la forme d’un exercice pour trois de ses élèves (en 2e et 3e année)… Linda Souakria (dramaturgie, Groupe 49), Louison Ryser (dramaturgie, Groupe 48) et Juan Bescós (mise en scène, Groupe 49) que l’on retrouve à la conception, l’animation et la modération de l’événement.

Gratuit, participatif et immersif
Si le rendez-vous est gratuit, il se veut aussi participatif, immersif et innovant. Saupoudré de pop-ups artistiques (pensés par des élèves, en lien avec la thématique), l’événement réfléchit à la notion d’horizontalité entre la scène et le public.
Outre les performances (avec la participation de la journaliste Sandra Onana, ainsi que de l’actrice, autrice et musicienne Alice Needle) et les tables rondes, on nous annonce d’ailleurs une nouveauté, « La table manquante ». Un espace où toutes les questions oubliées jusque-là (elles-mêmes « cancel », peut-être) auront le droit d’exister. Un format inédit que le public est invité à investir.


Des performances et des invité(e)s de référence
Pour le reste : « les règles de cette nouvelle édition restent les mêmes » nous dit-on, avec « des tables rondes au beau milieu de la nuit, une parole libre ».
Dans la première, on se penchera sur « Les mots de la « cancel culture » : écrire, traduire, éditer ». Avec Vanasay Khamphommala (artiste, metteuse en scène, dramaturge et chanteuse), Marie Marchal (libraire, éditrice, fondatrice des éditions engagées « Gorge Bleue » à Strasbourg), Émilie Notéris (autrice, enseignante et chercheuse) et la sociologue Gisèle Sapiro.
Dans la seconde (« Réhabiliter les absent·e·s. Politiques de la mémoire »), on y entendra Hajer Ben Boubaker (historienne, chercheuse indépendante et documentariste radiophonique), Eva Doumbia (metteuse en scène et autrice), Soa Ratsifandrihana (danseuse et chorégraphe) et Pierre Tevanian (philosophe, enseignant et essayiste).

S’interrogeant sur les effets de la nuit sur nos organismes collectifs de pensée, cette « Nuit » sera également supervisée par la neuroscientifique et autrice reconnue Samah Karaki (deux succès d’édition : Le talent est une fiction : déconstruire les mythes de la réussite et du mérite, sorti en 2023, et L’empathie est politique : comment les normes sociales façonnent la biologie des sentiments, paru en 2024).
Elle apportera son regard sur les fonctionnements de nos cerveaux – la nuit – face à ces « questions qui, en journée, nous divisent ».


Quant à conclure cette nuit de la plus belle des façons, le TNS nous réunira sur scène, au travers de la danse, en poussant une nouvelle fois le son.
De 4h à 6h, un DJ set assuré par la DJ strasbourgeoise Zhar ravira les plus fêtard(e)s. Et pour les plus résistant(e)s qui tiendront jusqu’à la fin : du café et des croissants.
Si l’on peut aller et venir tout au long de l’événement, ce programme alléchant (et les croissants) te motivera-t-il à « Envisager la nuit », jusqu’au petit matin ?
Événement
Envisager la nuit : chapitre 2 « efface-moi si tu peux ».
Quoi ?
Événement nocturne et gratuit organisé par le TNS avec : tables rondes, performances artistiques, DJ set, et petit-déjeuner le matin
Quand ?
Nuit du vendredi 7 au samedi 8 mars, de 22h à 6h
où ?
À l’Espace Grüber (annexe du TNS), 18 rue Jacques-Kablé à Strasbourg
Plus d'infos ?
Événement gratuit – entrée libre sans réservation
Snacking et bar (alcool jusqu’à 1h)