Alors que la grisaille et le froid continuent d’envahir Strasbourg, on peut être tenté d’aller chercher du beau temps ailleurs, pour se ressourcer. Pour reprendre quelques couleurs, on a sauté dans un train direction Marseille et son Vieux-Port. L’occasion de (re)découvrir cette ville qui a énormément à offrir, entre mer, football, panisse et pastis.
Ici, c’est pas la capitale, c’est Marseille BB. À première vue, la cité phocéenne et notre bonne vieille capitale européenne n’ont pas grand-chose en commun. Le bouillonnement intense d’une ville immense contraste avec le relatif calme d’une cité parfaitement dimensionnée. Croyez-le, pour l’avoir testé : amer et pastis ne font pas bon ménage.
Mais elles ont tout de même plusieurs points communs : les deux sont considérées comme des villes d’accueil et ont été des points de passage majeurs du commerce mondial. En plus, d’un point de vue footballistique, Strasbourg et Marseille se sont régulièrement échangé des joueurs [bon, ça allait davantage de l’est vers le sud, ndlr] : Beye, Luyindula, Arrache, Pagis, Niang, Perrin, Sanson, Echouafni, Leboeuf, Bertin, Sauzée… La liste pourrait prendre une journée entière, signe de l’amitié qui lie les deux villes, qui vivent à fond, chacune à leur manière.



Mais surtout, Marseille, c’est le soleil : avec 2 950 heures d’ensoleillement en 2024, les Marseillais(es) voient leur ville briller 8h par jour en moyenne. Nous, à Strasbourg, c’est plutôt 4,5h. En manque de chaleur en plein hiver, on s’est donc jeté dans un train pour s’arracher au soleil.
Et bonne nouvelle : il y a une ligne directe reliant Strasbourg à la gare de Marseille Saint-Charles, avec trois trajets par jour. Appréciable, et, si on s’y prend suffisamment à l’avance, pas si cher, surtout en basse saison. C’est parti !




Jour 1 : arrivée au Panier et premières découvertes entre cours Julien et Vieux-Port
En descendant du train dans l’après-midi, le premier objectif est de rejoindre notre logement, situé dans le quartier du Panier, tout proche du Vieux-Port, et berceau de Massalia, l’ancêtre de Marseille. Véritable musée à ciel ouvert, c’est également lui qui a directement inspiré les intrigues de Plus Belle la Vie. Mais on prendra le temps de flâner au Panier plus tard, car là, tout de suite, on veut de la mer.
On se rend donc au Vieux-Port, en bande organisée. Véritable point de repère des Marseillais(es) [c’est un peu leur place Kléber à eux, en mieux, ndlr], on peut y aller pour faire des tours en bateaux, humer les effluves de poissons frais ou encore profiter d’un grand marché tous les dimanches. Autre truc très cool : l’Ombrière, une sorte d’abri de science-fiction miroitant, arrivé sur le Vieux-Port en 2013.




Il commence ensuite à se faire faim, et comme on est dans une ville qui respire le foot, pourquoi ne pas aller au Mercato ? Pour y aller, on passe par un coin réputé de Marseille : le cours Julien, quartier des artistes et du street-art et anciennement celui du marché de gros et de détail des fruits et légumes.
On se perd au milieu des différentes oeuvres de street-art, un art particulièrement présent dans tout Marseille, et on se pose même à la Traverse de Balkis, rue des Trois-Rois, un bar à cocktails de qualité, tout en tranquillité.





On arrive alors au Mercato, rue de la Loubière. Quelques écharpes de foot s’occupent de la déco de ce restaurant aux murs grattés, qui propose inspirations du chef et quilles de qualité. Lorsqu’on y était, les inspirations étaient japonaises et c’était simplement une tuerie. D’ailleurs, pour accompagner nos plats, on s’est fait servir un riesling… sans même dire qu’on venait de Strasbourg. L’Alsace influence donc le monde. Pour ne rien gâcher, les prix étaient très corrects. Pleine lucarne.
Pour terminer la soirée, passage incontournable vers le Carry Nation, un bar secret marseillais un peu dans la veine de l’AEDAEN [ou le Mr. Black pour celles et ceux qui se seraient laissé(e)s tenter par les délices de Cracovie, ndlr]. Il nous ramène à l’époque de la prohibition, avec une sélection de cocktails pas piquée des hannetons. Pour la peine, on en a même repris un deuxième. Retour à pied vers le Panier, où l’on profite encore du Vieux-Port sous les lumières de la nuit.


Jour 2 : gros brunch près de l’Opéra, pastis au Vallon des Auffes et pâtes à l’encre de seiche
Au réveil, grand soleil. On prend nos petites pattes direction le Vieux-Port, mais cette fois-ci côté Mucem, le Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée. On passe par de belles fortifications, qui baignent dans le soleil, jusqu’à se rendre à l’esplanade du J4 et son architecture à dentelle qui fait passer la lumière.
Vous y ferez vos meilleures photos dès qu’un rayon de soleil fera son apparition ! Juste à côté se trouve la cathédrale La Major, assez impressionnante avec son parvis dénué de toute assise.






Puisque la marche ouvre l’appétit, on repasse de l’autre côté du Vieux-Port dans le quartier Opéra, devenu piéton depuis quelques années. Signe des bienfaits de telles mesures sur l’activité commerciale, les commerces et restaurants fleurissent à chaque coin de rue.
Et puisqu’il n’y a pas de jours particuliers pour faire un brunch, on se dirige vers Cali Kitchen, rue Haxo. On prend une belle petite claque devant les plats salés et sucrés, très généreux, proposés dans la formule principale. Le ventre ragaillardi, on va combattre le food coma par le bon café des Cafés Debout, rue Francis-Davso, adresse de quartier hyper sympa, ainsi que le dirty chaï de Lauca, rue Grignan.




Alors que le soleil commence doucement sa descente dans le ciel, l’envie nous prend de profiter de son coucher face à la mer, comme dirait l’autre. Direction le Vallon des Auffes, petit port de pêche au milieu de nulle part, coincé entre deux falaises, auquel on accède uniquement grâce à des escaliers étroits. Dans ce havre de paix, et de bateaux, le temps s’arrête, le bruit marseillais s’estompe et on peut prendre un moment pour souffler. Malheureusement, vu qu’on est encore en hiver, aucune adresse n’était ouverte pour se poser un peu.
On remonte alors au bord de l’eau, pour se poser dans un bar face à la mer et profiter de la lumière rouge sang du soleil qui se pose sur Marseille. Pour ne rien enlever au panorama, on prend un, puis deux, puis trois pastis, indissociables de l’identité marseillaise.








On termine la soirée en prenant un bus vers Bambino, boulevard Eugène-Pierre. Dans le quartier du Camas, c’est un restaurant italien tout ce qu’il y a de plus classique… mais qui sert des pâtes à l’encre de seiche à tomber par terre. Les plats sont en plus très bien servis et on en ressort avec l’envie de rouler jusqu’à notre logement. Problème : contrairement à Strasbourg, à Marseille ça grimpe, et plutôt fort. Bien repus, on s’endort, pour reprendre des forces avant une nouvelle journée chargée.


Jour 3 : découverte du Panier, déjeuner sur la Corniche, balade de jour et séjour culinaire express en Italie
Cette fois-ci, c’est la bonne : il est l’heure de découvrir le Panier. Plus vieux quartier de Marseille, on l’a dit, c’est donc un vrai témoin de l’histoire de la ville. Il fait bon se perdre dans ses nombreuses ruelles, avec toujours du street-art pour colorer le paysage.
Et à chaque coin de rue, on hésite entre entrer dans une petite terrasse de café, ou une boutique de créateurs/rices. Personnellement, le choix s’est porté sur le café, avec Aux Deux Moulins, rue du Refuge, avec une part de tarte, puis Le K, rue du Panier, avec un cake au citron. La gourmandise, péché (et plaisir) capital.






Le temps passe vite à se perdre dans le Panier, il est donc bientôt l’heure de manger. On se redirige alors vers la corniche Kennedy qu’on avait empruntée en bus la veille, mais cette fois-ci à pied pour profiter de l’un des plus beaux points de vue sur Marseille.
On profite aussi du banc le plus long du monde [3 mètres de long quand même, ndlr], idéal pour s’asseoir cinq minutes. On s’arrête alors aux Bords de Mer, pour une gastronomie française qui fusionne avec les saveurs thaï. Un poil cher, mais la vue magnifique sur la mer rattrape le tout.



On refait le chemin inverse, et à nouveau, l’envie d’un café se fait sentir pour contrer l’assoupissement qui arrive. On se pose alors à Deïa, rue Molière : adresse réputée pour ses brunchs, elle permet aussi de s’attabler pour un petit café. On se pose le temps de reprendre des forces, avant d’aller à nouveau explorer le cours Julien et d’autres recoins typiquement marseillais.
En rentrant vers le Panier, on passe alors par le deuxième commandement de la bande organisée : la Canebière. Un des nombreux surnoms de Marseille, c’est l’avenue la plus connue de la ville, longue d’un kilomètre, qui s’étend de l’église des Réformés au Vieux-Port. Désormais piétonne, elle invite les touristes et les Marseillais(es) à flâner entre les différents restaurants, cafés et commerces.




Pour terminer la journée, on se pose à Trattoria Partenope, rue de l’Évêché. Une fois dans le restaurant, on se téléporte en Italie : adresse d’habitué(e)s, ça se parle fort, parfois mal, mais toujours de façon familiale. On entend presque que de l’italien, les pâtes sont ultra généreuses, tandis que les pizzas font honneur au fait d’avoir les yeux plus gros que le ventre. Le tiramisu prendra ensuite bien soin de nous achever, pour une expérience qui était pour ma part le must de ce que j’ai pu manger à Marseille. Gros coup de coeur.


Jour 4 : se faire les cuisses à Notre-Dame de la Garde, brunch et découverte des Docks
Pour la dernière journée de notre périple, on a décidé de mettre notre corps, et nos cuisses, à contribution. Déjà, par rapport à Strasbourg, Marseille grimpe énormément. Rien que de se balader au Panier fait buguer notre montre connectée, habituée au plat de la topographie strasbourgeoise. Alors autant se lancer un défi : courir du Panier jusqu’à Notre-Dame de la Garde.
Si, à Strasbourg, nous avons notre Môman avec la cathédrale, les Marseillais(es) ont leur bonne mère, avec Notre-Dame de la Garde. Figure emblématique de la ville de Marseille, la basilique veille sur les marins, les pêcheurs/ses et surtout sur les Marseillais(es). Si l’ascension n’est clairement pas aisée, la vue sur Marseille rattrape tout. En revanche, prévoyez de l’eau, parce que la crampe est vite arrivée.





Bien fier de nous, une fois revenu du running, on enchaîne avec un petit thé et une part de tarte dans le Panier, chez Cup of Tea, rue Caisserie, une librairie salon de thé qui invite au calme et au repos. Un vrai petit plaisir. Il est ensuite temps de se faire un nouveau brunch, et cette fois-ci, on est dimanche !
En prévision de notre visite de l’après-midi, on part sur MAB Brunch, rue Vincent-Leblanc, dans le 2e arrondissement. Dans un lieu à l’architecture un peu bizarre, on profite des grosses (très grosses) portions proposées par la maison, et on prend un malin plaisir à se gaver de bonnes choses.




Nourris comme il faut, on entame notre visite de l’après-midi : le quartier de la Joliette. Sorte de mix entre les secteurs strasbourgeois Danube et Archipel 1, il mélange nouvelles constructions et quartier d’affaires, avec notamment la transformation des anciens Docks en lieu de shopping et en centre d’affaires. Sans oublier la construction des Terrasses du Port, grand centre commercial avec vue sur la mer.
On y trouve également la tour CMA-CGM, mais aussi La Marseillaise, une tour qui ne laisse personne indifférent avec ses couleurs étranges. On n’est pas sur quelque chose d’incroyable en termes de patrimoine, mais ce type de nouveaux quartiers est révélateur de l’urbanisme des grandes villes : un peu plus froid et impersonnel.






Enfin, en revenant vers le Vieux Port pour une des dernières fois de notre séjour, on s’arrête quartier de l’Opéra à Bière Academy, rue Beauvau. Une adresse à la cool, pour siroter de très bonnes mousses, qu’elles soient alcoolisées ou non. Le temps de s’en enfiler deux dans le gosier, il est l’heure de la dernière activité du séjour. Et non la moindre, puisque l’on va entrer dans une autre cathédrale marseillaise…


La dernière étape : le match du Racing face à l’OM au Vélodrome
Pour bien clôturer ce voyage, comment ne pas passer par la deuxième maison de bien des Marseillais(es) : le Vélodrome. Avec plus de 67 000 places, c’est l’un des stades les plus mythiques de France, animant les passions les plus brûlantes de la part des supporters/rices marseillais(es), poussant l’amour jusqu’à parfois la folie. Rien qu’en se baladant dans la ville, on peut se rendre compte à quel point le club est présent dans les rues, avec de nombreuses oeuvres de street-art.
On y était le 19 janvier dernier, à l’occasion d’un OM-Strasbourg pas piqué des hannetons. À ce moment-là, le Racing avait été la seule équipe à battre l’OM lorsque celle-ci jouait à l’extérieur. Voulant continuer à croire en ses rêves de titre, Marseille attendait Strasbourg de pied ferme. Mettant un bon gros coup de clim’ dès la 23e minute, Emegha met le Racing en tête. Avec une équipe quelque peu remodelée en l’absence de Moreira, les hommes de Liam Rosenior tiennent ensuite bon face aux assauts marseillais.



Mais poussés par leur public, les Olympiens font finalement craquer la défense strasbourgeoise à la 68e, provoquant un penalty transformé par Mason Greenwood, recrue phare de l’été marseillais et accusé de violences conjugales et de tentative de viol en 2022 [les poursuites ont été abandonnées depuis, ndlr]. Malgré l’insistance des joueurs de l’OM, les Strasbourgeois tiennent leur point du nul, et auraient même pu l’emporter sans un poteau arrêtant le tir d’un Emegha intenable. 1-1, Strasbourg reste invaincu depuis 6 matchs face à Marseille. Pas mal.
Côté stade, rien à dire, il est absolument magnifique et c’est tout simplement l’un des plus beaux de France, si ce n’est le plus beau. Côté ambiance, bien que ce ne fut pas celle d’un grand match, l’ambiance au Vélodrome est toujours particulière. Deux kops chantent chacun de leur côté, ne se coordonnant pas mais créant ainsi un bourdonnement perpétuel qui impressionne. Par ailleurs, supporter/rice de l’OM ou non, quand les deux kops se répondent sur le « Aux Armes », des frissons vous prennent des poils de bras jusqu’à ceux des oreilles. Il faudra revenir sur un match de gala pour en prendre encore plus dans les tympans.




Il est ensuite temps de rejoindre une dernière fois le Panier, avant de repartir le lendemain. On a pris un gros shoot de mer et de soleil, en plus des panisses et des pastis. On a (re)découvert une ville qui vit à mille à l’heure, avec ses défauts mais surtout ses qualités. Et on a déjà hâte d’y retourner.