Parmi nos belles institutions strasbourgeoises, notre ville a l’honneur d’abriter le prestigieux Orchestre philharmonique de Strasbourg (OPS) : un des plus anciens du territoire (fondé en 1855), et reconnu depuis 1994 en tant qu’« orchestre national ». Mais que nous réserve-t-il pour ces prochains mois ? Entre une représentation gratuite, des apéros musicaux, des invité(e)s prodigieux/ses, des concerts pour enfants, et un joli Sacre du printemps… Si elle a déjà bien commencé, mettons-nous au diapason du reste de sa saison.
À chaque saison, 100 000 spectateurs/rices s’y pressent. Avec son statut d’« orchestre national » obtenu en 1994, l’Orchestre philharmonique de Strasbourg (OPS) rayonne aujourd’hui jusqu’à l’international (avec une tournée qui l’a entraîné l’an dernier au Royaume-Uni, et en Corée du Sud en 2023).
La clé ? L’excellence de ses 110 musicien(ne)s permanent(e)s et de sa programmation. Et l’ambition de dépoussiérer toujours plus la musique classique. Il serait donc bien dommage de ne pas lui prêter oreille.

Des prodiges
Dès ce mois-ci, on retrouvera l’OPS dans la grande salle Érasme du Palais des congrès, aux mains de deux talents… Avec à la baguette, le prodige Aziz Shokhakimov – qui est à sa direction musicale et artistique depuis septembre 2021 –, considéré comme l’un des chefs d’orchestre les plus doués de sa génération.
Avec un parcours exemplaire qui commence en Ouzbékistan (où il naît en 1988) dans les plus grandes formations de son pays, et où il devient chef assistant de l’Orchestre symphonique national d’Ouzbékistan, à seulement 13 ans… Et qui se poursuit depuis, à enchaîner les prix et reconnaissances, les enregistrements, jusqu’à se voir aujourd’hui diriger des orchestres de renommée internationale (en France, en Europe, aux États-Unis et en Asie).

Et il sera rejoint par Alexandre Kantorow, au piano, « salué par la critique comme la « réincarnation de Liszt » ». Un autre prodige qui, en 2019, à 22 ans, s’illustre en étant le « premier pianiste français à remporter le premier prix du Concours Tchaïkovski ainsi que le Grand Prix, décerné seulement trois fois auparavant dans l’histoire du concours », nous dit-on. Il est aussi le premier Français, et le plus jeune gagnant, à remporter le Gilmore Artist Award 2024.
Un des prix les plus prestigieux à l’international, remis tous les quatre ans. Une pointure, donc, que certain(e)s reconnaîtront pour l’avoir vu se produire (et sous la pluie) en juillet 2024 à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris.

En février, ils redonneront ensemble toute l’intensité à deux grands classiques… Tout d’abord : le Concerto pour piano n°4 (en sol majeur) de Beethoven (une œuvre dans laquelle le compositeur « transcende le genre du concerto et s’éloigne progressivement des traditions ») ; et la Symphonie n°4 (en mi mineur) de Brahms (« d’une humeur fougueuse et d’une étonnante vitalité rythmique »).
Mais aussi : à Shadows of Stillness (pour orchestre) de la compositrice slovène Nina Šenk. Une œuvre que l’on pourrait traduire par « les ombres d’immobilité », « le négatif de la tranquillité », « l’envers du repos »… Une composition qui « nous tient par ces sons qui circulent dans un orchestre à demi-mots, à demi-voix, à demi-sons. Une partition faite de notes étirées qui se chevauchent, qui vibrent les unes avec les autres, de glissandos déstabilisants ».
Et derrière : une compositrice contemporaine de talent, dont les créations sont jouées dans le monde entier, et « interprétées par des ensembles prestigieux tels que le New York Philharmonic Orchestra, le Staatstheater Cottbus Orchestra, le Young Euro Classic Festival Orchestra, l’Ensemble intercontemporain »… Et les 26 et 27 février : ici, à Strasbourg, par l’Orchestre philharmonique de Strasbourg.
Wagner médiéval et violon magistral
Le vendredi 7 mars, l’OPS nous fera (re)découvrir l’une des œuvres de Wagner : son ultime opéra, Parsifal. Le compositeur nous plonge dans un Moyen Âge rythmé par des « fresques légendaires ». Une œuvre qui « se distingue par un prélude mystérieux, ondoyant, triomphant ».
Et qui de mieux que la cheffe ukrainienne Oksana Lyniv pour le diriger ? Car c’est avec Le Vaisseau fantôme de Richard Wagner qu’elle ouvre, en 2021 à Bayreuth (Allemagne), le prestigieux festival qu’avait lui-même fondé Wagner en 1876. Elle devient alors la première femme à y diriger un opéra, après des générations d’hommes.

Pour compléter cette soirée : la Symphonie n°2 en do majeur de Robert Schumann, « une deuxième symphonie en clair-obscur », où le compositeur « laisse transparaître, à trente-six ans, une angoisse existentielle qui ne le quittera plus ». Ainsi que le « brillant, passionné, ardu, l’unique « Concerto pour violon » de Sibelius, foisonnant d’idées musicales [qui] s’intercale dans ce programme intense ».
Un « programme intense » que relèvera la soliste Simone Lamsma. La violoniste néerlandaise, passée par les plus prestigieuses écoles, dont la Royal Academy of Music de Londres (dont elle sort avec tous les honneurs et plusieurs prix à l’âge de 19 ans), a commencé sa carrière professionnelle dès ses 14 ans… Elle est aujourd’hui reconnue par les critiques, ses pairs et le public, « comme l’une des personnalités musicales les plus frappantes et les plus captivantes de la scène classique internationale ».

L'OPS aux US
Les vendredi 21 et samedi 22 mars, à nouveau sous la direction du talentueux Aziz Shokhakimov, l’OPS nous emmènera aux US ! Il nous entraînera dans un programme « festif et familial » autour de compositeurs étasuniens.
On nous parle ainsi d’être « envoûté dès les premiers coups d’archets, par le poignant « Adagio » de l’Américain Barber », du concerto de Copland écrit pour le clarinettiste Benny Goodman, qui « oscille entre swing et classique ». Ou encore : « La promenade nonchalante d’un Américain dans le Paris des années 20 dépeint par Gershwin, les rythmes syncopés du West Side new-yorkais et les accents caribéens colorés de percussions de Bernstein ». Avec des grands classiques que vous allez vite reconnaître : d’Un Américain à Paris à West Side Story.

Sur le devant de la scène : l’un des solistes de l’OPS, le clarinettiste alsacien Sébastien Koebel, également professeur au Conservatoire de la Ville et à la Hear (Haute école des arts du Rhin).
Il sera d’ailleurs rejoint par quatre jeunes musicien(ne)s sélectionné(e)s sur audition et issu(e)s de l’Académie supérieure de musique de la Hear. [Dans le cadre d’un programme de partenariat entre les deux structures, pour permettre à des étudiant(e)s avancé(e)s d’acquérir une expérience dans des conditions professionnelles, ndlr].
En avril ? « Le Sacre du printemps », évidemment
Clin d’œil à la saison qui approche : l’OPS jouera le vendredi 25 avril des œuvres printanières, servies par l’un des plus jeunes lauréats du Concours Mozart (en 2004), Jan Lisiecki, « étoile montante du piano » – à l’international – qui jouera pour la première fois sur la scène du Palais des congrès.
Il y fera fleurir le Printemps de Claude Debussy (avec Aziz Shokhakimov, à la direction). Une œuvre imaginée par le compositeur pendant qu’il séjourne à la Villa Médicis (après son prix de Rome), par le Printemps de Botticelli. Il y appose et « traduit musicalement le renouveau de la nature » et en fait « une œuvre « étrange » pour l’institution ».

Pour lui faire suite : Le Sacre du printemps de Stravinski « à l’origine d’un scandale mythique [qui] choque une frange du public par son aspect tribal et sa violence, avant de finalement faire figure de chef-d’œuvre parmi les chefs-d’œuvre ». Entre les deux, bourgeonnera le concerto de Mozart qui « enchante par son lyrisme ».
Accessibilité et inclusivité
Avec la Symphonie n°2 en do mineur Résurrection, c’est « un orchestre conséquent », « renforcé par des cuivres et percussions en coulisses » et accompagnés de deux chœurs et deux solistes, qui redonnera vie et voix à l’œuvre de Mahler, les 22 et 23 mai. Pour nous faire vibrer : la soprano Valentina Farcas, la mezzo Anna Kissjudit, le Chœur de l’Opéra national du Rhin et le Chœur philharmonique de Strasbourg – et les chef(fe)s des Choeurs respectifs.
« Qu’est-ce que la vie et qu’est-ce que la mort ? » s’y questionne le compositeur, au travers de cinq mouvements : « Marche funèbre initiale, évocation de moments heureux, vision cauchemardesque, moment méditatif et enfin résurrection finale. » « Grandiose », nous prévient-on déjà.

À noter que la représentation du 23 mai sera un « Concert relax ». Un dispositif mis en place depuis 2022 pour instaurer « une atmosphère accueillante et détendue, facilitant la venue de personnes dont le handicap (autisme, polyhandicap, handicap intellectuel ou psychique, maladie d’Alzheimer…) peut parfois entraîner des comportements atypiques pendant la représentation ».
En réfléchissant à rendre ses représentations accessibles au plus grand nombre, l’OPS montre que le classique peut être tout public. L’inclusivité, c’est dans ses cordes.
Preuve en est : le concert du mercredi 4 juin qui permettra aux curieux/ses d’avoir un avant-goût de la saison 2025-26. Y sera présenté un florilège des œuvres programmées à la rentrée prochaine, entre pièces symphoniques, musique de chambre et autres nouveautés, en exclusivité. Mais surtout : au prix unique de 5€ (voire gratuit pour les abonné(e)s, les moins de 18 ans et les détenteurs/rices de la Carte Culture et Carte Atout Voir).
À noter aussi : le concert jeune public, le dimanche 2 mars. Également « Concert relax » et accessible dès 8 ans, il s’ouvre aux familles (mais pas seulement) avec la quatrième symphonie de Brahms, pour « transformer l’ordinaire en extraordinaire ».
On nous invite à nous laisser « emporter par la magie intemporelle de Brahms, dans un concert où la profondeur émotionnelle et la passion rencontrent la poésie ». Joli.

Menu pas si classique : apéros et petit-déjeuner en musique !
Et on terminera cette belle sélection par plusieurs concerts de musique de chambre au format… atypique et gourmand.
Tout d’abord, celui de l’« Apéritif en musique » du mercredi 26 mars et du jeudi 15 mai. Le premier se passera en compagnie des cors de l’OPS et s’articulera autour de plusieurs morceaux (de La Flûte enchantée de Mozart à des extraits de West Side Story de Leonard Bernstein). Tandis que pour le second (en mai), ce sera au tour des percussionnistes de nous « emmen[er] dans un voyage à travers les époques et les styles musicaux ».


Les deux rendez-vous auront en commun de nous inviter dans la salle de répétition des musicien(ne)s, avant de « prolonger cette parenthèse autour d’un verre » (avec bretzel et boisson comprises dans le billet).
Quant au mardi 17 juin, il s’agira d’une déclinaison matinale avec un « Petit-déjeuner en musique ». Un rendez-vous à 8h15, avec juste le temps (en 45 minutes) de croquer dans deux morceaux pour quatuor à cordes (violons, alto, violoncelle) et dans une viennoiserie, le tout accompagné d’un thé ou d’un café… Avant de filer travailler, le cœur plus léger.

Événement
L'Orchestre philharmonique de Strasbourg (OPS)
Quoi ?
Saison de l’OPS : concerts symphoniques, musique de chambre et autres rendez-vous musicaux
Quand ?
Jusqu’en juin 2025
- Alexandre Kantorow : mercredi 26 et jeudi 27 février à 20h
- Oksana Lyniv : vendredi 7 mars à 20h
- Amérique : vendredi 21 (à 20h) et samedi 22 mars (à 18h, suivi d’une rencontre avec les artistes)
- Le Sacre du printemps : vendredi 25 avril à 20h
- Symphonie n°2 de Mahler : jeudi 22 mai et vendredi 23 mai à 20h (le 23 : concert « relax »)
- Concert de présentation de la saison 2025-2026 : mercredi 4 juin à 20h
- Concert jeune public (concert « relax ») : dimanche 2 mars à 17h
- Apéritifs en musique : mercredi 26 mars (cors) et jeudi 15 mai à 18h15 (percussions)
- Petit-déjeuner en musique : mardi 17 juin à 8h15
où ?
Au Palais de la musique et des congrès, place de Bordeaux, à Strasbourg
Plus d'infos ?
Infos et réservations en ligne sur le site de l’Orchestre philharmonique de Strasbourg (OPS)
Réservations en direct :
- au Palais de la musique et des congrès (entrée Érasme), place de Bordeaux, du lundi au vendredi de 10h à 18h,
- au 5e Lieu, 5 place du Château, du mardi au samedi de 11h à 18h.