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Rencontre avec « Nana », l’artiste qui met les couleurs de l’Alsace dans notre quotidien

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Elle signe « Nana » sous ses créations, mais retenez bien son nom : Pauline Formosa. Fleurissant depuis 2021 en grand sur des murs, des boîtiers électriques, dans des vitrines et même sur des escaliers strasbourgeois, elle cultive son style partout dans la ville : qu’elle travaille le bois ou encore les volumes, dans un style reconnaissable, inspiré du polychrome alsacien… Présentation d’une artiste qui colore toujours un peu plus notre quotidien.

C’est par un jour de grand froid que Pauline Formosa nous ouvre les portes de son coquet appartement neudorfois. Un cocon décoré avec style, coloré des murs au mobilier. Peu étonnant quand on sait qu’avant d’être artiste (tout à la fois graphiste, muraliste et plasticienne), elle voulait, déjà très jeune, s’orienter vers la décoration d’intérieur.

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Gamine peu intéressée par l’école et vite ennuyée, Pauline a toujours eu besoin de créer… À la maison, son père est passionné par le bois, sa mère par la peinture. Elle, à la recherche de sa voie, enchaîne après le collège avec un CAP Peintre en bâtiment, un bac pro’ pour être assistante en architecture, puis un BTS en aménagement architectural.

Mais c’est dans un de ses premiers jobs – alors chargée de concevoir des PLV [publicité de lieu de vente, ndlr] en carton – qu’elle se forme à l’infographie. Une révélation qui l’entraîne dans une reconversion.

Après une formation éclair à la MJM, avec un diplôme en communication visuelle en poche, elle se met immédiatement à son compte, en 2018, mais doit pourtant attendre 2020 pour décrocher son premier contrat. Deux années de pause pendant lesquelles elle dessine, elle dessine… jusqu’à ce que, petit à petit, son style se peaufine.

Nana Pauline Formosa + polychrome + colors
Coffret électrique réalisé boulevard d'Anvers. © Pauline Formosa - Nana / Document remis

Du polychrome 2.0

Si aujourd’hui, à 32 ans, son style semble être bien trouvé, avec des créations florales aux teintes pastel qui s’imposent partout où elle les sème, ses premières réalisations (encore visibles sur son compte Instagram) se distinguent également.

Minimalistes, mais déjà végétales, elles évoluent en 2021 quand Pauline déniche un livre dans les étagères remplies de bouquins d’art d’une bibliothèque. Dans un vieil ouvrage datant des années 80, elle y découvre l’univers du polychrome alsacien.

Nana Pauline Formosa + polychrome + colors
Coffret électrique à Illkirch. © Pauline Formosa - Nana / Document remis

Souvent méconnu des jeunes générations, ce qu’on appelle « le polychrome alsacien » est une forme d’art populaire issue du patrimoine de nos grands-parents. Encore visibles dans quelques maisons de famille, chez les antiquaires ou au Musée alsacien de Strasbourg, les meubles polychromes étaient très répandus, du 18e siècle jusqu’au début du 20e.

Offerts à l’occasion des mariages (en Alsace ainsi que dans d’autres régions d’Europe centrale, sous des formes similaires), ces meubles peints étaient moins chers à produire que le mobilier de marqueterie (alors en vogue dans les familles fortunées). On y retrouvait, sur des buffets, coffres et berceaux, de riches motifs végétaux.

 

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De cet art un peu oublié, dont l’esthétique était à la fois peu exploitée et retravaillée, elle en voit rapidement le potentiel créatif : celui de le moderniser. Un coup de cœur, doublé d’une source d’inspiration. « Je me suis dit que ce serait chouette d’imaginer ce que l’on trouve sur de vieilles armoires ou coffres, et de les voir en gigantesque sur des murs », explique-t-elle.

Et c’est à l’invitation du collectif COLORS, qu’elle s’attaque peu après, à son premier mur. Au cœur de l’édition 2021, aux Ateliers Éclairés, surgit de terre sa première fresque florale.

© COLORS powered by SOCOMEC – Bartosch Salmanski – 128db + 2021 + coop + street art + ateliers éclairés
Au fond à gauche : la fresque de Pauline Formosa (Nana) aux Ateliers Éclairés en 2021. © Bartosch Salmanski - 128db / Document remis

Voir les choses en grand

L’envie de peindre sur les murs, Pauline l’a probablement depuis toujours. « Inconsciemment, pendant mes deux années d’apprentissage en peintre en bâtiment, je me disais : punaise, c’est incroyable. Un mur, c’est grand. Il y a de la place pour y faire ce que l’on veut, et il y a des murs partout. Il n’en manquera jamais… Surtout dans les villes », raconte-t-elle, avec malice.

Nana Pauline Formosa + polychrome + colors
COLORS Corner, réalisé par Pauline Formosa (Nana) en 2024. © Document remis

Après une première vitrine décorée (pour Coopalim), c’est avec son premier projet aux Ateliers Éclairés qu’elle rejoint la team COLORS – aux côtés de ses colocs d’atelier (jusqu’il y a peu) Missy et Stom500, deux street artistes bien connu(e)s.

Depuis ? Plusieurs coffrets électriques à son actif, ainsi qu’un conteneur à verre à Sélestat, et quelques éditions du festival COLORS et de ses « Corners », avec des projets d’envergure. On notera les escaliers du parking Sainte-Aurélie (à deux pas de la gare de Strasbourg) en 2023, ou sa fresque sous le pont de Strasbourg à Schilick’ en avril dernier.

Polychrome polymorphe

De ses œuvres gigantesques, à des broches en bois, il n’y a qu’un pas pour Pauline. Quand on lui demande quel format elle préfère aujourd’hui, elle s’amuse de son parcours atypique : « J’ai l’impression d’avoir fait l’inverse des illustrateurs et illustratrices qui commencent maintenant à faire des murs. J’ai fait du grand format en premier lieu et ensuite, je suis passée à l’illustration de « petit format ». »

Avec toutefois une préférence pour le travail en volume, et du bois. « J’adore le bois. J’ai toujours adoré. Je trouve ça incroyable car je peux tout faire avec. » Une passion héritée de son père, qui a conçu nombre de meubles comme « une énorme bibliothèque », les escaliers, et « tous les cadres » de sa maison familiale, non loin d’Hochfelden. « Quand j’étais petite, il a aussi fait mon lit et une armoire de poupée ».

Pauline Formosa Nana + polychrome
Tableau en bois et en volume, par Pauline Formosa (Nana). © Document remis

L’odeur du bois lui rappelle encore « le dimanche avec [son] père qui bricole à la maison ». C’est d’ailleurs là-bas, chez ses parents, il y a quelques années, qu’elle expérimente d’abord en autodidacte la menuiserie – avec les scies de son père (« circulaire », « sauteuse », « à chantourner », cite-t-elle, à la volée).

Depuis, elle a rejoint le FabLab des Ateliers Éclairés pour concevoir ses œuvres au moyen d’une découpeuse laser. Et c’est là « où l’infographie rencontre la matière ». Elle commence par dessiner ses projets à la main, avant de passer sur Illustrator [célèbre logiciel de création graphique vectorielle, ndlr], puis sur découpeuse laser, pour un rendu plus précis et graphique.

Ce qui lui permet de faire de la gravure, et de travailler sur des projets plus petits, à l’instar de sa collection de broches en bois (à retrouver chez Curieuse, quai des Bateliers à Strasbourg), ou des tableaux en volume.

De toute façon, elle ne se fixe aucune limite dans sa création : peinture sur murs, sur pots de fleurs, sur skate… rien ne l’arrête. « J’ai toujours aimé expérimenter. Mon univers, il est ce qu’il est : maintenant, j’ai envie de le décliner. Soit sur du mur, du bois, en risographie, en linogravure aussi. Et en ce moment : avec des crayons de couleur. Et depuis cet été, sur des toiles ».

En ce moment, pour des projets personnels, elle ébauche même quelques jouets et mobiles pour enfants. Alors, à quand sa propre collection de décoration d’intérieur et textiles imprimés ?

Figures de style(s)

Car la décoration n’a finalement jamais vraiment quitté ses aspirations, et inspirations. Ça et là autour d’elle, des références arty et archi, à l’instar d’une affiche « Bauhaus » dans le salon.

« Si on regarde mon compte Instagram, la plupart des comptes que je suis et qui m’inspirent, c’est : de la décoration, de l’architecture et du mobilier, toutes époques confondues ». Pour sa série Kiosque (des tableaux en volume), elle dit s’être inspirée de quelques artistes ayant photographié de vieux diners américains ou stations essence des années 1950.

Sans surprise, l’Art nouveau et l’Art déco, aussi. Et une appétence particulière pour les formes d’art populaire, et pour l’art de l’Égypte antique, dont elle nous montre quelques motifs, sauvegardés sur son téléphone… Celui-ci est rempli de photos de ses trouvailles, et de ses croquis.

Car la rue et son quotidien sont eux-mêmes sources d’inspiration pour de nouveaux dessins… Elle dégaine régulièrement, lors de ses promenades, son appareil photo, lorsqu’elle croise çà ou là un détail d’architecture, de ferronnerie sur une porte, ou encore les ornementations d’anciens tapis… Ou même, dernièrement, « un dessous de balcon au Neudorf » qu’elle « trouvai[t] incroyable » et qu’elle a immédiatement « retravaillé ».

Ses derniers dessins ? Les premières ébauches d’un alphabet sur lequel elle travaille, dans son carnet rempli d’idées, de formes, qu’elle explore avec des crayons de couleur, sa nouvelle passion.

Derniers projets, et une expo' dans les cartons !

En attendant ses nouvelles créations personnelles, elle reste ouverte aux projets, entre commandes publiques et privées. On la retrouve chez des particuliers/ères, mais aussi sur des étiquettes (comme pour le torréfacteur alsacien Omnino, dont elle a imaginé une étiquette pour Noël).

Et en juin dernier, c’est pour Strasbourg, capitale mondiale du livre Unesco, qu’elle s’est essayée – et a pris goût – à la scénographie, avec la décoration d’une vitrine de librairie. Une collaboration imaginée par la Ville, entre un éditeur autour d’un de ses ouvrages (ici, le Dictionnaire culturel de Strasbourg : 1880-1930, édité par les Presses universitaires de Strasbourg), une librairie, et un(e) artiste.

Ce projet l’a ainsi amenée à investir La Parenthèse, à la Robertsau. En s’inscrivant dans le paysage du quartier, elle a alors décidé de faire un clin d’œil à son patrimoine historique : de son cimetière (le plus large de Strasbourg) – et ses tombes fleuries –, à ses femmes résistantes.

Mais on la retrouve aussi à l’animation d’ateliers, dont elle adapte les activités selon les âges et les publics. Des petits cœurs en bois à peindre avec des enfants en périscolaire, ou d’ici peu, une fresque participative avec une classe de SEGPA à Hautepierre.

Et pour la retrouver bientôt ? Les curieux/ses pourront la rejoindre dans les galeries de Rivetoile, pour un atelier créatif organisé dans le cadre de la Saint-Valentin, le samedi 15 février.

En avril, elle lancera également sa première exposition, à la maison citoyenne et culturelle Le Sapin Vert (à Bischheim), aux côtés de l’artiste Alie Loizel. Elle y présentera une série en bois. Notez-vous dans l’agenda : vernissage le 23 avril à 18h.


Pour suivre Pauline Formosa (Nana) :
Son compte Instagram
Son site internet

Pour retrouver ses créations :
Sa collection de broches : chez Curieuse (4 quai des Bateliers, à Strasbourg)
Sa prochaine exposition (avec l’artiste Alie Loizel) : dès le 23 avril à la maison citoyenne et culturelle Le Sapin Vert (4 avenue de Périgueux, à Bischheim)


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