À Strasbourg, grâce à une intervention au laser de quelques secondes, il est possible de corriger la vision des myopes, hypermétropes, astigmates et presbytes. Pour en savoir plus, découverte des coulisses d’Expert Vision Center, un lieu spécialisé en chirurgie réfractive.
« Fixez le point vert et ne bougez plus. » Le bloc opératoire se fait silencieux, même la musique de fond semble s’être arrêtée. Moins d’une dizaine de secondes plus tard, la chirurgienne brise cet instant suspendu : « C’est terminé. »
L’équipe reprend alors son activité, une infirmière amène un chariot stérile et quelques minutes plus tard, la patiente est debout, lunettes noires sur le nez. Son opération aura duré une vingtaine de minutes.
Nous sommes dans le bloc opératoire d’Expert Vision Center. Au planning ce matin, cinq opérations de chirurgie réfractive destinées à corriger la vision des patient(e)s. Myopes, hypermétropes, astigmates ou presbytes, grâce à une intervention au laser, toutes et tous pourront se passer durablement de lunettes et de lentilles.
Dans quelques heures, après une petite sieste, notre première patiente pourra par exemple constater que sa myopie a été corrigée. Au bloc, la chirurgienne se prépare déjà à accueillir le patient suivant.
Un centre dédié à la chirurgie réfractive
Fondé en 2007, Expert Vision Center est un centre dédié à la chirurgie réfractive. Installé au départ à la clinique Sainte-Odile, le plateau technique déménage en 2017 route de L’Hôpital à Strasbourg et prend son autonomie. « On voulait proposer une prise en charge particulière à nos patients, explique Philippe Burkhart, directeur du centre depuis 10 ans. On a travaillé le design pour que ce soit un espace cosy et sortir de l’esprit clinique. Pour les patients, c’est plus apaisant. »
Chaque année, un millier de patient(e)s passent entre les mains des deux chirurgien(ne)s fondateurs du centre, les docteurs Marie Weissrock et Yves Guldenfels, ainsi que de la quinzaine d’autres qui louent occasionnellement le plateau technique.
Diplômé en physique, spécialiste des lasers, Philippe Burkhart nous présente les deux imposantes machines qui occupent le bloc opératoire : un laser femtoseconde et un laser excimer, tous deux de dernière génération. « Nous mettons toutes les technologies les plus récentes à disposition des chirurgiens, on est capable de faire toutes les techniques existantes à ce jour. »
Corriger la vision grâce aux lasers
Apparue dans les années 1980, la chirurgie réfractive vise à corriger les défauts de la vision que sont la myopie, l’hypermétropie, l’astigmatisme et la presbytie. Le médecin peut la pratiquer en utilisant un implant oculaire ou en venant modifier la forme de la cornée avec un laser.
Chez Expert Vision Center, seules les techniques au laser sont pratiquées. « On peut traiter quasiment toutes les corrections, explique Marie Weissrock, la chirurgienne ophtalmologue qui opère ce matin. En théorie, on peut corriger des myopies jusqu’à -12 dioptries, des astigmatismes jusqu’à +4 et des hypermétropies jusqu’à +7. Mais cela dépend de la cornée du patient, comme on doit retirer de la matière, il faut que la cornée soit suffisamment épaisse. »
Chez Expert Vision Center, trois techniques chirurgicales sont pratiquées : la PKR, le Lasik et le SMILE. « Pour pouvoir modifier la courbure de la cornée, il faut atteindre les couches profondes, car en surface, on a une couche qui s’appelle l’épithélium qui se régénère. Si on ne travaillait qu’en surface, la correction serait provisoire », explique la chirurgienne.
Lors d’une PKR, le chirurgien va d’abord enlever l’épithélium, puis avec un laser excimer venir modifier la forme de la surface de la cornée, on parle de photoablation. « Dans le Lasik, on va créer un volet cornéen grâce à un laser femtoseconde. C’est un petit capot qu’on va pouvoir replier pour atteindre le plan plus profond de la cornée. Ensuite, avec un laser excimer, on va en modifier la courbure comme dans une PKR. »
La troisième technique, le SMILE, est réservée aux myopes. Grâce aux caractéristiques particulières du laser femtoseconde, le/la chirurgien(ne) va pouvoir modifier directement la cornée en profondeur sans avoir à enlever l’épithélium. « On paramètre le laser pour qu’il atteigne la bonne profondeur dans la cornée, puis il va découper un lenticule qu’on extrait ensuite par une petite incision. » Si ces opérations peuvent paraître impressionnantes, elles sont indolores et se pratiquent sous anesthésie locale.
Une prise en charge complète
« La chose la plus importante, c’est que les patients n’ont pas besoin de prescription de leur ophtalmo traitant pour entreprendre un parcours de correction de la vision », explique Philippe Burkhart. Le centre dispose de tous les outils nécessaires aux examens préopératoires. « Ils prennent rendez-vous et on les accueille pour un bilan. Après deux heures d’examens, on sera en mesure de leur dire s’ils sont opérables. »
Les patient(e)s repartent ensuite avec toutes les infos, et après un délai de réflexion de 15 jours, l’opération peut être programmée.
Selon la technique utilisée, le temps de récupération peut être plus ou moins long, mais ne dépasse pas quelques jours. Comme il s’agit d’une chirurgie dite « de confort », elle n’est pas remboursée par la Sécurité sociale, mais de plus en plus de mutuelles proposent une prise en charge. « Le prix de l’opération varie en fonction de la technique utilisée, on est entre 2500 € et 3700 € pour les deux yeux, la plupart des mutuelles remboursent entre 600 € et 1600 €. »
« J’ai ouvert les yeux, c'était magique ! »
Dans la salle d’opération, l’ambiance est détendue, l’équipe échange avec le patient et détaille chaque geste de la procédure. « Ils peuvent être stressés, on se doit de redoubler de vigilance et d’accompagnement. C’est hyper important. On essaye de rassurer les gens, c’est une grosse partie de notre boulot », explique Philippe Burkhart. Marie Weissrock complète : « Il y a tout un travail de relaxation à faire pendant la chirurgie, c’est un peu de l’hypnose. »
Alors que le dernier patient quitte le bloc, la chirurgienne explique ce qui la passionne dans la chirurgie réfractive. « Voir le bonheur des patients quand on les a opérés et qu’ils n’ont plus besoin de lunettes, c’est un moment magique. »
Joseph, opéré d’une myopie au mois d’octobre, ne dit pas le contraire : « Je me suis fait opérer à 9h et à 13h, j’ai ouvert les yeux, c’était magique ! » Depuis, le quadragénaire ne porte plus de lunettes, « je n’ai plus à penser à mes yeux, ça change la vie ». Laura, myope depuis ses 13 ans, s’est, elle aussi, fait opérer. Elle décrit l’effet « waouh » de la chirurgie : « J’étais choquée, surtout que c’est sans douleur. C’est incroyable ce qu’on peut faire aujourd’hui. »
