Certain(e)s Alsacien(ne)s vivent cette période de fête à des milliers de kilomètres de notre belle région, si attachée à ses traditions. Nous avons échangé avec 4 expatrié(e)s qui ont emmené avec eux/elles leurs emporte-pièces à bredele et leur amour de Strasbourg, pour partager l’esprit magique des fêtes alsaciennes dans leur pays d’adoption.
Mannala et marché de Noël au Canada, avec Lucas et Mathilde
Jeune trentenaire originaire du Haut-Rhin, Lucas s’est installé avec sa compagne au Canada il y a quelques années, motivés par un besoin de dépaysement : « Beaucoup de mes amis très proches sont partis : en Normandie, en Norvège, à la Martinique, à la Réunion… Et donc ça a joué, on voulait nous aussi voir autre chose […] Et comme on s’était rencontrés au Québec, on s’est dit : “allez let’s go, retour aux sources !”»
Finalement, le couple a définitivement posé ses valises dans le pays. Actuellement à Montréal, ils sont en train de finaliser les documents qui leur permettront de devenir résidents permanents, et d’acheter une maison en Mauricie [une région qui se trouve au Nord du Saint-Laurent, ndlr] d’ici quelques années.
Même s’ils se sont à présent tout à fait acclimatés au Canada, certaines de nos traditions les ont suivis, et le couple continue de les perpétuer avec rigueur. C’est le cas de la Saint-Nicolas ; chaque année, Lucas s’attèle à préparer la pâte pour faire les meilleurs mannele, ou plutôt mannala comme il tient à le souligner lors de nos échanges : « Par contre c’est des mannala hein ? Pas des mannele ! On ne mélange pas les torchons et les napperons en soie ».
Même à 6 000 km de l’Alsace, le débat fait rage, et montre qu’en plus d’exporter leurs traditions, les Alsacien(ne)s sont aussi excellent(e)s pour exporter leur attachement à leur dialecte.
De son côté, Mathilde est originaire de Besançon, mais a fait toutes ses études à Strasbourg. Une période qu’elle décrit comme ses meilleures années. Elle aussi vit à Montréal depuis un échange en 2019, suivi d’un PVT [Programme Vacances Travail, ndlr] depuis un an. Elle y a beaucoup d’attaches, notamment son schotz.
Mathilde se sent bien dans la plus grande ville du Québec, car elle lui trouve de nombreuses similitudes avec Strasbourg, si chère à son coeur : «Il y a la vie étudiante super active, l’ambiance chaleureuse en général, les pistes cyclables omniprésentes, mais ce sont surtout deux villes très dynamiques, riches en activités où on ne s’ennuie pas ».
Dans ses valises, Mathilde n’a pas emmené avec elle de petits objets ou même des traditions de notre belle région, mais elle prend plaisir à aller retrouver un peu d’Alsace dans le quartier des spectacles : « Ici à Montréal, ils ont refait un village de Noël vraiment dans le style du marché de Noël de Strasbourg […] Il y a beaucoup d’authenticité, avec des expats français(es) et alsacien(ne)s qui y ont des stands […] on retrouve des petites cabanes en bois, du vin chaud, et des bretzels».
Entre expatriés alsaciens du Québec et Alsaciens, le lien se renforce pour Noël
Camille et ses bredele en Uruguay
Professeure, Camille a décidé de plaquer la capitale alsacienne pour l’Uruguay en juillet 2024, après avoir obtenu un contrat de trois ans dans une école à Montevideo : « J’adore Strasbourg, j’y ai vécu 16 ans mais je tournais un peu un rond ».
Arrivée sur place, elle est tout de suite conquise par son nouveau lieu de vie, une capitale ensoleillée au bord de l’océan Atlantique, bordée de palmiers : « C’est super ici ! Les Uruguayens sont adorables […] la vie est très tranquille, il y a vraiment de bonnes vibes […] j’ai l’impression d’être exactement là où je devrais être et que je vis enfin mon rêve ».
Mais même loin de chez elle, Camille n’a pas eu envie de laisser tomber ses traditions : « Je suis très attachée à l’Alsace, et je l’ai bien fait comprendre aux collègues », admet la trentenaire.
Car c’est bien avec ses collègues qu’elle a fêté Noël cette année. Tous ensemble, ils ont décoré l’appartement dans lequel ils se trouvaient, et Camille a décidé de partager la cuisine de notre belle région, même sous un soleil écrasant : « J’ai fait des bredele pour tout le monde, même si j’ai galéré comme jamais à cause de la chaleur et de l’humidité », s’enthousiasme-t-elle.
Les 27 degrés en moyenne en décembre à Montevideo n’ont pas réussi à effacer la magie de Noël, et un beau moment de partage : « Ici, avant d’aller manger en famille, il est de coutume d’aller danser en ville […] c’était très chouette de voir tout le monde se trémousser ! C’était très festif ! », raconte Camille, ravie de ses fêtes de Noël sous une chaleur écrasante.
Sophie-Anne et son Noël alsaco-béninois
Née en Alsace Bossue, Sophie-Anne a passé 8 ans à Strasbourg pour ses études, de 2012 à 2020. Pasteure, en 2023, elle a décidé de se lancer dans une mission au Togo, aux côtés de son mari : « Je suis partie pour des raisons pro, mais c’est moi qui ait approché un organisme parce que j’avais envie de vivre et travailler à l’étranger, pour enrichir mes pratiques et mon mode de vie ».
Depuis un mois et demi, et dans la continuité de son périple, elle a posé ses valises au Bénin, où elle a passé les fêtes loin de l’Alsace pour la deuxième année consécutive. Un moment important puisqu’il s’agissait du premier Noël de son fils de six mois.
Sous 33 degrés minimum chaque jour, Sophie-Anne n’avait pas l’impression d’être en plein dans les fêtes de fin d’année, elle qui a toujours connu le froid alsacien. Mais avant de partir, elle avait tout prévu : « On est arrivés ici avec 200 kilos de bagages. Et dans tout ça, c’était important pour moi de venir avec mes boîtes à bredele, avec les emporte-pièces et les décorations qui avaient été faites main en Alsace ».
Tous ces joyeux petits objets sont pour elle un moyen de transmettre ses traditions à son fils, mais aussi de se faire du bien : « Je me rends compte en étant ici, que je suis quand même très attachée au Noël alsacien qui fait vivre nos cinq sens. Beaucoup de choses me manquent. L’odeur du vin chaud, par exemple, ou de voir les couleurs de Noël : le rouge, le vert ».
Pour ce premier Noël à trois, Sophie-Anne a fait le choix d’un repas alsaco-béninois, avec de la cuisine locale, et des bredele (à la confiture de mangue béninoise, s’il-vous-plaît), au dessert.
Une rencontre inter-culturelle qui a ravi tout le monde autour de la table : « C’était un super Noël ici au Bénin, plein de joie et d’amour […] Je n’oublierai pas ce premier Noël en famille et ce deuxième Noël en Afrique. Mais j’ai quand même hâte de repasser un Noël en Alsace, surtout pour en mettre plein la vue de mon fils avec toutes les lumières et les décorations ! »