Coup de tonnerre pour le projet du Tram Nord, emblème des municipalités écologistes et schilikoises : la Commission d’enquête publique a rendu ce lundi 9 décembre un avis défavorable contre le projet. Un sérieux coup de frein et une défaite politique pour Strasbourg et l’Eurométropole, célébrée par les diverses oppositions au projet. Désormais, c’est le flou qui s’installe.
Le monde politique strasbourgeois est en ébullition. Ce 10 décembre, le plus gros projet de la mandature écologiste a connu un sérieux coup de frein : le Tram Nord a reçu un avis défavorable de la part de la Commission d’enquête publique, mandatée depuis le 9 septembre dernier. Remettant en cause l’entièreté du projet, controversé depuis le début, qui devait démarrer ses travaux en 2025.
Désormais, difficile d’imaginer la suite pour le projet et ses 268 millions d’euros de budget [co-financé par l’État et les collectivités, ndlr], ses 6.5 km de pistes cyclables créées, ses 5 km de nouvelles voies, ses 9 nouvelles stations, mais aussi ses 46 000 nouveaux voyageurs/euses par jour, son nouveau parking de 300 places, son parc place de Haguenau, sa piétonnisation de la route de Bischwiller et sa fin du transit avenue des Vosges. Une défaite politique en forme de coup de tonnerre pour Jeanne Barseghian, Pia Imbs et Danielle Dambach.
Pour Strasbourg et l’Eurométropole : le Tram Nord n’est pas mort mais ce sera un autre projet
C’est un trio sonné qui s’exprime devant les journalistes ce mardi 10 décembre dans l’après-midi. Pia Imbs prend la parole en première, expliquant qu’il était « important de réagir tout de suite, pour partager notre réaction à l’avis défavorable ». Strasbourg et l’EMS ont appris la décision défavorable hier soir, et souhaitaient aujourd’hui faire passer le message : « Nous acceptons cet avis, nous respectons l’avis de la commission d’enquête et aucun recours ne sera engagé contre cet avis ».
Malgré tout, c’est forcément la déception qui prédomine au sein de ce point presse, Jeanne Barseghian parlant de « coup dur de ne pas avoir réussi à suffisamment convaincre la Commission d’enquête », tandis que Danielle Dambach évoque une « déception pour une population qui attend d’être desservie de manière équivalente ».
On va se relever malgré ce coup dur, parce que des habitant(e)s attendent ce projet.
Néanmoins, le trio dirigeant de l’Eurométropole tient à garder la tête haute. Pour Pia Imbs : « Nous savons déjà que le principe même du tram n’est pas remis en cause ; c’est une déception mais nous allons retravailler le projet parce qu’on a besoin de ce Tram Nord. » Pour Danielle Dambach : « Encore un projet retardé pour Schiltigheim, mais ça n’enlève pas notre détermination pour retravailler sur un autre projet. Nous n’allons pas nous obstiner là-dessus ; on va se relever malgré ce coup dur, parce que des habitant(e)s attendent ce projet. »
Ainsi, pour Danielle Dambach, Pia Imbs et Jeanne Barseghian, le Tram Nord n’est pas mort, il prendra juste une ou plusieurs formes différentes. Néanmoins, pour avoir des réponses plus précises, il faudra attendre encore un peu, puisque ne pouvant pas s’exprimer sur le fond du dossier, les trois femmes n’ont apporté aucun complément d’informations aux nombreux/ses journalistes présent(e)s cet après-midi.
Pour l’opposition, « la fin du mépris »
Quant on passe à la conférence de presse de l’opposition, on a l’impression d’entrer dans un autre monde. Les sourires sont grands, les bises se claquent et une certaine euphorie demeure. Néanmoins, une fois les micros tendus, le sérieux revient. Il faut dire que le moment est presque historique : c’est une des premières fois qu’un projet de cette envergure se voit rétoqué.
Ce projet aurait dû être fini avant la fin du mandat, il n’aura même pas commencé.
Si c’est une victoire pour toute l’opposition municipale et eurométropolitaine, c’est surtout une victoire pour Catherine Trautmann. L’ancienne maire, et mère du tram strasbourgeois, connaît l’importance des symboles : alors qu’on fête les 30 ans du tram, le fait que le projet de la majorité écologiste ait eu un avis défavorable n’est pas anodin. « Plus idéologique qu’utile pour la population », il ne répondait « ni à la performance ni aux finances soutenables pour le budget de l’EMS ». Avant d’asséner, imperturbable : « Ce projet aurait dû être fini avant la fin du mandat, il n’aura même pas commencé. »
Autre angle d’attaque pour l’opposition : la « méthode écologiste ». « Une méthode qui s’essouffle » pour Nicolas Matt, elle est « défaillante » pour Catherine Trautmann. De son côté, Jean-Philippe Vetter demande « la fin du mépris ». Enfin, pour Pierre Jakubowicz, c’est « un vrai séisme alors qu’on célèbre les 30 ans du tram ». Durant la conférence de presse, il y a même eu un petit moment western, avec certain(e)s élu(e)s écologistes passant dans les couloirs du centra administratif et jetant des regards noirs en direction de l’opposition.
Le tram, prochain sujet phare des municipales ?
Mais surtout, alors que la fin de la conférence de presse approchait, Catherine Trautmann est presque rentrée en campagne municipale. Dans un discours de presque candidate, l’ancienne maire de Strasbourg attend avec impatience les réponses de l’exécutif : « Par expérience quand un projet rencontre un avis défavorable il doit être recommencé et pas corrigé à la marge. »
Elle demande aussi à voir les éclaircissements sur les comptes et le budget du projet, sachant que celui de l’EMS est tendu. Et annonce déjà être très attentive aux prochain projet que l’exécutif proposera : « Nous on a travaillé, on a des idées, nous serons responsables du projet que nous portons. Il faut une vision pour l’agglomération. Le prochain mandat sera déterminant pour le réaliser. » Peut-être que la course aux municipales vient de débuter. Et le sujet du tram sera à n’en pas douter un des plus chauds.
