Difficile de parler de soi quand on a passé une décennie à parler des autres. Difficile aussi de résumer 10 ans d’aventure, de rencontre et de travail en quelques lignes. Il y a eu tant de choses, et par lesquelles commencer ? Lesquelles pourraient vous intéresser ? J’ai questionné les gens autour de moi, j’ai sondé leurs envies, mais finalement, comme souvent, cet article je l’aurai écrit en dernière minute, à l’aube, en slip, dans un lit.
« Bonjour tout le monde, c'est Maria et Vivien »
Pianoté en 2 minutes début avril 2014, ce post un peu fébrile et spontané écrit par Maria et moi fut sans le savoir le point de départ de notre aventure médiatique. L’aventure d’un petit blog curieux et touche-à-tout devenant progressivement un média local crédible, indépendant, viable et reconnu. L’aventure surtout d’un groupe humain, de personnalités qui ne se seraient sûrement jamais rencontrées mais qui se complètent, en évoluant dans le temps autour d’un projet commun : celui d’entretenir un espace d’information et de liberté.
Liberté de ton, liberté de créer et liberté de dire « Non », de s’écouter. Quand elle est préservée, elle offre le sentiment puissant d’être 1.000 à chaque instant, d’être une place Kléber remplie d’inconnu(e)s devenant frères et soeurs le temps d’une soirée. Quand elle est négligée, c’est les questionnements et ambitions individuels qui priment et le collectif s’efface. Le quotidien prend un goût de Morfal, de 49.3, un goût froid et amer.
Cette liberté, quand elle est vécue en groupe et partagée avec vous, c’est notre carburant. Celui qui fait que Pokaa fête ses 10 ans aujourd’hui mais pourrait en fêter 100. S’il disparaît, nous disparaissons. Heureusement, il est tiré d’une énergie renouvelable et nos méthodes d’extraction s’affinent avec le temps.
L'argent, l'indépendance, la communauté
Gloubi-boulga de talents, puis association et aujourd’hui société média. Chacune de ses phases a fait partie de notre histoire et chacune a dû enterrer la précédente pour répondre à des besoins. Tout d’abord, il fallait un cadre légal à ce fourmillement créatif qui hantait cafés, nouvelles adresses et soirées. Sans savoir si ce serait le projet d’un été ou plus, notre association à but non lucratif restera finalement active plus de 3 ans.
C’est le besoin d’un vrai modèle économique assumé qui marquera sa fin pour le passage en société. L’asso nous aura fait voir trop de monde s’investir sans pouvoir rester, faute de moyen économique. C’étaient de belles idées qui ne se réalisaient jamais, des départs déchirants et même si le coeur y était, un média associatif et bénévole n’aide pas à payer son loyer. Passé la moitié de la vingtaine, le temps qu’on peut lui accorder diminue puis s’efface.
Pour trouver des moyens, nous n’avons pas inventé l’eau chaude, nous n’avons fait qu’appliquer ce qui existait déjà ailleurs : entre média traditionnel et début de l’influence réseau. Pour ne pas se perdre et s’y perdre, nous avons posé notre charte, interdisant le droit de regard de nos annonceurs. Tarifs fixes et clairs, multiplicités des annonceurs et 10 à 20% maximum de contenus rémunérés pour en offrir 100% gratuitement à notre communauté. C’est en posant ce modèle, en l’assumant, le défendant et lui laissant le temps d’entrer dans les usages que nous avons enfin pu construire durablement, se projeter.
S’en sont suivies des étapes fortes et belles pour nous : rémunérer, pouvoir s’engager dans des CDD puis des CDI, construire notre Nid, se former, refaire notre site, être accompagnés de prestataires compétents et pouvoir ouvrir le média à un groupe de pigistes toujours plus grand. Se donner les moyens de créer tout simplement.
La difficulté ? Trouver l’équilibre. Arriver à faire grandir une équipe de passionné(e)s tout en vous offrant l’information la plus juste, la moins vendue, se faire plaisir et arriver à s’adapter aux aléas que le monde extérieur nous impose (Covid, secteur média en crise, inflation et autres joyeusetés). Ce n’est clairement pas du gâteau, c’est un travail permanent, mais on fait de notre mieux pour y arriver et entretenir le plaisir que vous trouvez à nous lire.
La suite
Tout est un combat quand on n’est pas attendu et nous ne l’étions pas dans l’univers média. Depuis peu, Pokaa compte deux cartes de presse dans sa tribu, sûrement bientôt trois. On croise les doigts. Notre gang de pigistes se renforce et gagne en tonalité, notre présence se renforce sur Google où notre « tout maison » est récompensé face aux contenus dupliqués ou générés par IA. Stüb, notre média vidéo prend son envol et de gros dossiers arrivent bientôt sur Pokaa. Et bien sûr, tout comme ces 3.652 derniers jours, on continuera de vous informer et mettre de la couleur au quotidien.
Pour nos 10 ans, ça vous dirait de se retrouver loin des écrans et trinquer ensemble ? Pourquoi ne pas imaginer nous retrouver sur du papier également ? On vous en dit bien sûr bientôt plus.
Merci d’être là, merci de nous faire confiance. Pokaa a 10 ans, grâce à vous je ne regrette rien, sauf…