Alors que les critiques de l’opposition strasbourgeoise sur la majorité écologiste ne faiblissent pas de conseil municipal en conseil municipal, les visions d’un Strasbourg apocalyptique se multiplient. À tel point que Satan a dû sortir de sa réserve pour commenter ce qu’il juge comme « une appropriation culturelle ». Jusqu’à demander des droits d’auteur.
« Je ne vais pas mentir, je ne pensais pas un jour devoir évoquer la politique strasbourgeoise ». C’est par ces premiers mots, délicatement posés sur un parchemin rare, que Satan nous a contactés le 29 mars dernier. Il s’est en effet senti obligé de sortir de sa réserve diabolique pour remettre l’église au milieu du village des débats strasbourgeois.
D’emblée, Satan tient à préciser qu’il ne se positionne pas sur l’échiquier politique strasbourgeois, même s’il avoue se déclarer « assez fan » du réchauffement climatique. Il déclare également bien apprécier certaines techniques de la municipalité : « Sur le Ring vélo, dire qu’on concerte en mars 2024 alors qu’on a présenté les itinéraires finis en novembre 2023, c’est particulièrement bien trouvé ».
Surprise supplémentaire : il semblerait que Satan soit un avide suiveur de la politique strasbourgeoise, et notamment son conseil municipal, son « plaisir coupable » comme il aime bien l’appeler. Il déclare avoir « pris une certaine inspiration d’un dispositif permettant de parler plus de 12h de règlement intérieur, de problèmes techniques et de sujets qui se répètent sans arrêt ».
Il explique aussi s’être librement inspiré d’une technique consistant en rajouter plusieurs tortures additionnelles à son programme, pour rallonger son plaisir alors que le reste du monde pensait que tout était terminé. Néanmoins, ces derniers temps, son amour de l’hémicycle strasbourgeois s’est peu à peu transformé en incompréhension.
Une appropriation culturelle de l’apocalypse
Car s’il se déclare « un amoureux des bons mots », Satan semble mettre son holà sur ce qu’il appelle « une appropriation culturelle du terme de l’apocalypse ». Il explique en effet que depuis quelques années maintenant, l’opposition strasbourgeois utilise un peu trop le concept qu’il a lui même développé pour décrire le futur de Strasbourg. À tel point qu’il affirme désormais qu’il y a « quelques drôles de diables dans l’opposition ».
Je n’apprécie pas vraiment ne pas avoir le monopole de l’apocalypse.
Il détaille quelques exemples : « “Vous avez brisé des décennies de consensus, par votre choix répété de l’illégalité”, “Depuis que vous êtes élue, jamais autant de personnes n’ont dormi à la rue”, “Le projet de ville que vous pensiez durable s’effondrera comme un château de cartes”, “Le budget explose derrière votre politique obsessionnelle anti-voiture, fruit d’une idéologie venant de caprices que vous nous imposez de manière frénétique”… Je ne vais pas faire mon propre avocat, mais l’apocalypse c’est moi. Là, ils vont plus loin ».
L’apocalypse c’est la fin des temps, du monde, de la civilisation. Pas une réforme de stationnement ou un projet de tram.
Se sentant quelque peu démuni, une personne particulière concentre la majorité de son attention : « Moi-même orateur, j’apprécie ses bons mots, j’en réutilise souvent dans mes prises de parole, il a le diable au corps. Le tram zadiste, un coup de génie ; un mandat perdu pour le climat, pas mal. Mais dire de Strasbourg qui ne fait plus parler d’elle que par son déclin et son refus du vivre ensemble, bon, c’est un peu exagéré. Un peu de nuance que Moi ! ».
Satan termine son intervention en déclarant rester attentif aux prochains conseils municipaux, et se réserve même le droit de demander des droits d’auteurs pour utilisation abusive de l’idée d’apocalypse. Jeanne Barseghian se demandait si Hannah Arendt s’était déjà exprimée sur la réforme du stationnement : ce qui est sûr, c’est que Satan suit la politique strasbourgeoise avec assiduité.