Ce samedi 30 mars au Parc Expo de Strasbourg, une nouvelle bien gênante a secoué le monde de la gastronomie alsacienne. Une jeune restauratrice Lorraine, Mirabelle Becker, a remporté la première place au concours international de la meilleure tarte flambée ! Ce concours, initié l’an dernier par des chefs du Kochersberg et la Confrérie de la Tarte flambée alsacienne, avait pour vocation de légitimer et assoir la genèse et la tradition de la spécialité à la région Alsace, sans doute possible.
Naples a sa pizza et nous avons notre TF. Sous l’impulsion de professionnels alsaciens et avec le soutien des élus locaux, la première édition du championnat du monde de notre « or blanc » a pu se dérouler sous l’euphorie générale ce samedi. Dès 8 h du matin, dans le hall n°1, les candidat(e)s s’agitaient pour débiter du lardon, couper des oignons à la mandoline, et préparer leur meilleur mélange de crème.
En tout, 80 candidat(e)s professionnel(le)s de la restauration étaient en lice, et pas moins de 12 pays ont participé au concours : 34 candidat(e)s pour la France, 18 pour l’Allemagne mais aussi des pays plus surprenants tels que l’Indonésie, le Guatemala ou l’Albanie.
Même si la présence de la Confrérie de la Tarte Flambée dans le jury aurait tendance a indiquer que le choix d’un pur respect de la recette traditionnelle était à favoriser, la compétition était libre dans ses performances. Résultat : la surprise est souvent venue des pays les plus lointains avec des tartes flambées déstructurées, liquides, glacées ou gazeuses.
Une cheffe parisienne du 19ème arrondissement, Bérénice Dalvos, a elle créé une vague de panique dans le public en proposant sa tarte flambée C-P-R (crevette, parmesan, roquette). La sécurité a du l’exfiltrer pour éviter tout mouvement de foule.
« Les Alsaciens ne savent pas y faire »
Le jury goûtant à l’aveugle, l’apparence des tartes flambées et la doxa qu’on se répète en Alsace n’a pas pu être appliquée à la lettre. C’est avec moins de crème dans l’appareil et de la ciboulette parsemée que la médaille d’or a été attribuée à la cheffe lorraine Mirabelle Becker.
Pour elle, le résultat semblait sans appel, elle était venue confiante face à des chefs alsaciens trop amoureux de leur spécialité pour oser la faire évoluer et des chefs parisiens trop amoureux d’eux-mêmes pour respecter la tradition.
Sans surprise, notre candidat, l’Alsacien Mickael Spackmeister avait été sélectionné par le jury, mais finira en deuxième place avec une traditionnelle tarte flambée au munster, aussi appelée « la tarte à colmater ». En tout cas, au vu de la médiatisation de la championne, pas sûr que les chefs bas-rhinois se sentent d’attaque pour une nouvelle édition en 2025…