Parce que Strasbourg regorge de disciplines confidentielles, insolites et passionnantes, Pokaa continue sa série de découverte des sports qui passent sous les radars. Aujourd’hui, partons dégommer des quilles avec le Quilles Strasbourg Koenigshoffen (QSK), club de 1e division française de bowling classic.
Le bowling classic, c’est un peu comme le bowling, mais pas tout à fait. Ici, on ne parle pas de strike, mais de holz [un bois en allemand, ndlr]. On a 9 quilles à descendre au lieu de 10, les boules sont pleines et plus petites ; mais surtout, ça se joue sur 120 lancers (sur quatre pistes) en seulement 12 minutes par joueur. Paye ta rigueur, tes ischios et ta concentration.
Dans ce sport méconnu et atypique, qui ne se pratique (en France) que dans le Bas-Rhin, le Haut-Rhin et en Côte-d’Or, un club strasbourgeois évolue en Nationale 1 [la 1e division française, ndlr] depuis cette saison : le Quilles Strasbourg Koenigshoffen (QSK). Bien décidé à parfaire nos lancers, on s’est retrouvé au stade Charles-Frey, antre du FCOSK 06, pour discuter quilles avec Stéphane Neff, le secrétaire du club.
Un club qui a failli disparaître… avant de jouer au plus haut niveau
Si bowling classic et foot n’ont pas vraiment de points communs, l’histoire du QSK est un peu similaire à celle du Racing : un club proche de disparaître… avant de renaître de ses cendres. Évoluant encore dans une autre structure en 2019, son président ne signe pas la convention d’occupation des pistes. Résultat : Stéphane et 16 autres membres se retrouvent sans équipe, ni endroit où jouer.
Loin de se décourager, ils « prennent leur bâton de pèlerin », créent eux-mêmes leurs statuts et grâce au FCOSK 06, bénéficient des pistes du stade Charles-Frey. Ils repartent de zéro, en conservant leur classement de l’époque. Et quatre ans plus tard, ils se retrouvent en 1e division nationale. Dans le jargon, on appelle ça un holz.
En 4 ans on a fait un grand pas en avant.
Une fierté pour Stéphane, de voir ce « club familial », où tout le monde se connaît, évoluer au plus haut niveau : « On a formé des jeunes, dont un qui a été sélectionné en équipe de France l’année dernière ; on a attiré de nouveaux joueurs, un ancien de l’équipe de France par exemple, qui jouait au plus haut niveau allemand. »
Désormais en Nationale 1, ils occupent la 7e place sur 10, juste ce qu’il faut pour se maintenir. L’apprentissage difficile du haut niveau : « On est attendu maintenant ; on découvre d’autres pistes, elles ne sont pas toutes identiques, certaines ont leur spécificité. » Mais l’expérience est belle : « C’est une grosse marche : on joue avec et contre les meilleurs joueurs français, il y a une vraie différence avec ce que l’on connaissait avant. »
Un sport qui fait la part belle à l'ambiance, même entre adversaires
Une consécration pour le QSK, qui ne rajoute que du plaisir à la pratique. « Sport passion, ludique et marrant » selon Stéphane, la piste de bowling classic est une ode à la persévérance : « C’est pas le physique qui compte, il faut savoir toujours répéter le même geste, toujours parfaitement… mais pas toujours pour le même résultat. Ça peut être frustrant. »
On est déjà pas très nombreux à faire du bowling classic, on ne va pas se tirer dans les pattes non plus.
Heureusement, côté ambiance, le QSK est bien là : « Dans ce sport, il y a vraiment une belle ambiance, un côté copain, convivial et familial, on s’entend tous bien. On a beau être adversaires, après on sort, on boit le pot d’après-match, on aime toujours se retrouver autour d’un verre. » Pour avoir assisté à une rencontre, on ne peut que confirmer.
Pour ne rien gâcher, tous les clubs tirent dans le même sens, malgré la rivalité et les enjeux de la 1e division : « On ressent un vrai sentiment d’entraide : il y a de la concurrence sur la piste, mais pas en dehors. Le but c’est de faire perdurer son sport, de lui donner de la visibilité, qu’importe les clubs. »
Un sport encore trop confidentiel
Comme d’autres sports méconnus à Strasbourg, le bowling classic souffre justement d’un manque de visibilité. Stéphane le regrette : « On est invisible : nos résultats sportifs ne sont souvent pas publiés dans la presse ». Et logiquement, il devient difficile de trouver des sponsors : « Tu dis que tu fais du bowling classic, personne ne te connaît. »
On veut faire grandir le club, et pour ça, il faut faire venir des nouvelles personnes en étant plus visible, pour faire perdurer les quilles les 10, 20 prochaines années.
S’il est aidé par certains de ses membres, mais également par la Ville de Strasbourg, le club a besoin de trouver de nouveaux/elles joueurs/ses pour faire perdurer sa pratique, qui souffre d’une image de sport vieillissant. L’objectif numéro 1 est donc de trouver des jeunes, qui enchaînent depuis quelques temps les bonnes performances, ayant été récemment couronnés champions de France par équipes à 2. Si vous êtes intéressé(e), vous pouvez contacter l’équipe sur leur groupe Facebook en cliquant ici.
À court terme, le QSK compte bien se maintenir en Nationale 1 en 2024, pour se stabiliser et viser plus haut dans les années à venir. Pourquoi pas gagner la Coupe de France, pour ensuite se rendre à l’étranger pour des compétitions internationales. En somme, faire grandir le club, le rendre plus visible et attirer toujours plus de monde. Stéphane reste optimiste : « Pour l’instant, ça roule. » Vers le holz, et au-delà.
Merci pour cette article 👍, merci Nicolas