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Bilan de 2023 : entre jeu retrouvé et projet bancal, quel futur pour le Racing Club de Strasbourg ?

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Après leur très belle victoire 2-1 face à Lille le 20 décembre, le Racing termine l’année 2023 à une convaincante 9e place. Une première partie de saison pas de tout repos, entre un rachat qui a laissé des traces, une période octobre/novembre catastrophique et une fin qui donne espoir pour la suite. Prenons une tisane et observons calmement, c’est l’heure du bilan pour mieux voir l’avenir !

Au coup de sifflet final de la belle victoire face à Lille, les joueurs et le public ont partagé un joli, sinon court, instant de communion. Un moment impensable 10 jours avant, le 10 décembre, lors d’un match somnifère contre Le Havre et ce, malgré une victoire contre cette équipe (2-1) grâce à un but de Sylla à la 97e minute. 

La Meinau a, d’un coup, retrouvé des couleurs autres que le rouge de la colère ou le blanc de l’indifférence. Surtout que les Bleus et Blancs ont enchaîné deux victoires, pour passer les fêtes au chaud de la 9e place. Le signe d’un club qui progresse avec ses jeunes joueurs, même si tout est encore loin d’être parfait. Petit bilan en forme de dissertation.

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© Nicolas Kaspar / Pokaa

Thèse : un Racing qui semble avoir trouvé le bon carburant avec des jeunes qui progressent

Une fois n’est pas coutume cette saison, commençons par le positif. Le Racing est donc 9e de Ligue 1, bien plus proche des places européennes que de celles menant en Ligue 2. Le club est même 4e sur les cinq derniers matchs, signe que Patrick Vieira a, peut-être, enfin trouvé la bonne formule !

Après des mois à réclamer de la patience et de la longueur de temps – un mantra répété d’une même voix par Marc Keller, le staff, les joueurs et à peu près toutes les personnes travaillant au Racing – l’entraîneur a trouvé son équipe.

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© Nicolas Kaspar / Pokaa

Une équipe compacte et très efficace

Dans son désormais 4-2-3-1, l’ancien champion du monde s’appuie sur plusieurs hommes forts pour former une équipe compacte, qui défend mieux – 9e défense de Ligue 1 -, se projette vite vers l’avant et réussit à marquer dès qu’elle en a l’occasion – 18 buts marqués sur 57 cadrés, soit quasiment un sur trois. 

Contrairement aux mois précédents, décembre a également vu Vieira faire ce qu’il n’avait pas fait depuis longtemps : faire jouer un vrai milieu de terrain. Ibrahima Sissoko est revenu dans le 11, et sa présence physique a notamment pu libérer Mwanga, qui s’est révélé dans sa capacité à se projeter. De la même manière, le retour de Gameiro dans l’équipe type a aussi permis de débloquer Emegha, bien plus mordant et efficace sur les derniers matchs.

Avec un milieu plus dense, le Racing a moins pris l’eau et a su se montrer plus dangereux dans les récupérations de balle. Le meilleur exemple étant la prestation impeccable dans ce domaine face à Lille, complètement étouffée en seconde période. Avec cette rigueur et cette intensité, dans une Ligue 1 qui en raffole, le Racing peut vite viser haut ! 

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© Nicolas Kaspar / Pokaa

Les Kids United progressent

Pour ne rien gâcher, dans le même temps, les jeunes joueurs progressent. L’éloge de la patience, prônée ad nauseam par le Racing depuis que les choses se sont compliquées à la fin de l’été, semble enfin se concrétiser. Les Kids United strasbourgeois sont enfin capables de chanter à l’unisson, qui plus est dans un groupe qui vit extrêmement bien.

On l’a dit, Mwanga prend ses marques et se révèle intéressant dans sa percussion, ses passes et même la finition. Son ancien compère bordelais Bakwa est sans doute le Strasbourgeois le plus intéressant en attaque depuis quelques mois, et maintenant qu’il a marqué son premier but, on peut s’attendre à quelques merveilles.

Mais les progrès se mesurent également du côté des trois recrues les plus estampillées BlueCo. Emegha trouve de plus en plus régulièrement le chemin des filets, dans un contexte de renard des surfaces qui fait honneur à son placement. Et s’il y a encore des choses à régler en termes de finition, de physique et de technique, le Néerlandais a un potentiel impressionnant dont le Racing ne pourra que profiter.

Sylla prend progressivement ses marques en défense centrale avec sa technique et ses qualités de jeu au pied, malgré quelques coups de malchance et errements qu’il faudra régler. Enfin, après un passage compliqué, Angelo diversifie davantage son jeu, défend plus et garde un côté imprévisible, très efficace en sortie de banc [sa passe cachée pour Mwanga est un bonbon à savourer, ndlr]. En somme, les pépites progressent, et le Racing avec.

Antithèse : un projet toujours mal pensé

Mais si la patience est une vertu, le projet de BlueCo pour le Racing reste toujours bancal. Leur but est de faire du trading à l’extrême, c’est-à-dire prendre uniquement des joueurs de moins de 23 ans afin de les développer et les revendre bien plus cher.

Les recrues visées au mercato d’hiver seront dans cette veine-là, matraquant une nouvelle fois le message : on veut se faire de l’argent, et la jeunesse primera sur l’intérêt sportif. Dans les profils déjà visés, il y a notamment un attaquant serbe de 18 ans et un défenseur argentin de 19 ans.

Une politique de trading poussée à l'extrême

Certes, le Racing se veut désormais Corneille et « aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années » (c’est le fait que le talent n’a pas besoin d’attendre un certain âge pour s’exprimer). Mais cette logique a un gros point noir, que les supporters/trices ne cessent de répéter depuis le début de la saison : pour développer au mieux tes pépites, il faut également les encadrer de joueurs d’expérience.

Car il ne faut pas se voiler la face : si le Racing a bien terminé l’année, c’est justement grâce au retour de certains cadres dans le 11 type. Ce n’est pas un hasard qu’Emegha soit meilleur depuis qu’il joue avec Gameiro, tout comme le retour de Sissoko, au milieu, qui a permis à Mwanga de se lâcher. On peut saluer la prise de conscience de Vieira, tout comme sa capacité à tenir un groupe qui a été soumis à des vents contraires pendant plusieurs mois.

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© Nicolas Kaspar / Pokaa

Sans eux, le Racing continuerait certes de faire développer ses pépites, mais dans une équipe qui ne tournerait pas aussi bien. Et contrairement au système américain, seule chose que semble connaître BlueCo, où la descente n’existe pas et les mauvaises équipes effectuent des saisons sans enjeu dans des stades à moitié vides, en France, comme en Europe, il y a un objectif sportif. Il ne faut surtout pas descendre, ce qui mettrait le club en péril car sortir de la Ligue 2, c’est compliqué !

Pour ça, on ne pourra pas se passer d’expériences. Expériences que n’ont pas des joueurs de 18 à 21 ans [parce que pour l’instant, on est plus sur des U21 que des U23, ndlr], découvrant la Ligue 1, championnat dur par excellence. On se rend néanmoins compte que, sur ce point-là, on a de plus en plus l’impression de prêcher dans le désert.

Un équilibre qui reste précaire

Côté sportif, si le Racing est actuellement sur une excellente série et progresse, l’équilibre reste précaire. Le possible départ de Sissoko au mercato d’hiver, amputerait le Racing d’un élément moteur au milieu, Diarra, Mwanga ou Doukouré n’ayant pas pour le moment l’impact physique nécessaire pour colmater le milieu et faire du Racing une équipe cohérente.

En outre, cinq des six matchs gagnés l’ont été par un seul but d’écart, le Racing se crée très peu d’occasions [16e équipe de Ligue 1 en nombre de tirs, ndlr]. Il reste aussi sur un type de jeu [de très longs ballons devant et peu de construction passant par le milieu, ndlr] qui demande une efficacité maximale, qui ne sera peut-être pas toujours au rendez-vous. Et, on le sait, tout va vite dans le foot.

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© Nicolas Kaspar / Pokaa

Synthèse : quelle année 2024 pour le Racing ?

En effet, qui, en octobre ou novembre 2023, aurait pu prédire que le Racing terminerait l’année à la 9e place de la Ligue 1 ? La preuve que, dans le foot, d’un côté comme de l’autre, la vérité du jour ne sera pas celle du lendemain. Pour cette saison néanmoins, et comme c’est de coutume avec les nouvelles années, on peut dresser une liste de voeux :

  • Une équipe cohérente, avec des joueurs évoluant à leur vrai poste
  • Faire jouer un joueur de plus de 23 ans au milieu
  • Un parcours en Coupe de France pour faire vibrer la Meinau : le premier match sera le 6 janvier contre l’Avoine Olympique Chinon Cinais, en 4e division
  • Des émotions et du combat, qu’importe les résultats
  • Un maintien tranquille

Avec ça, 2024 pourrait être une belle année, avec un Racing qui s’installe durablement dans la première partie de tableau. Pour, pourquoi pas, commencer à rêver plus haut ? Mais ce rêve, sans doute prématuré, aura un énorme obstacle à dépasser : les années suivantes ! 

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© Nicolas Kaspar / Pokaa

Parce que pour le moment, le Racing possède encore quelques souvenirs de “l’ancien temps” : des joueurs d’expérience qui n’auraient pas été recrutés sous BlueCo, mais dont le contrat n’arrive pas à échéance en 2025. Néanmoins, il a déjà été annoncé que, lorsque les contrats arriveront à leur fin, ce type de joueurs ne sera pas prolongé au Racing. Avec la peur d’avoir vraiment une équipe ressemblant aux Kids United. Ce qui ne fonctionne jamais sportivement, en Europe comme aux États-Unis.

À voir donc quel sera le futur du Racing, qui reste aussi inquiétant en termes d’identité du club qu’incertain sur le plan sportif. Mais pour cette saison 2024, pour le moment, les voyants sont au vert pour les Bleus et Blancs. Un sentiment à chérir et dont il faut profiter ! 

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