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Un métier vertigineux : on est monté à 60m de hauteur avec Marc, opérateur nacelle à Strasbourg

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Il y a de ces métiers qui intriguent : modèle nu, pyrotechnicien, chef d’orchestre… ou encore, celui d’opérateur nacelle. Comment accède-t-on à ce métier vertigineux ? Passer autant de temps en hauteur permet-il de prendre davantage de recul sur les tracas du quotidien ? Marc, opérateur nacelle depuis 23 ans, dont l’entreprise indépendante Nacel+ travaille avec une multitude de corps de métiers depuis 1991, a éclairé nos lanternes sur cette profession passionnante.    

112 mètres. C’est la hauteur de la plus grande nacelle au monde. Le record de Marc, c’est 103 mètres. Petit ordre d’idée : notre cathédrale adorée en mesure 142. Aujourd’hui, sur ce chantier du Comptoir Agricole au Neuhof où les ouvriers œuvrent pour une opération de bardage, la nacelle utilisée par le pilote est de 65 mètres. 

Une fois le harnais enfilé, c’est notre tour. Nous voilà prêts pour un voyage au-dessus de la terre. Feignant l’aisance, on respire un bon coup et hop, on se lance : c’est l’heure de grimper avec Marc dans le panier. 

Au fil des mètres, contre toute attente, cette envolée initialement flippante s’avère bien plus douce qu’on ne l’avait imaginé. Il faut dire qu’après 23 ans de pilotage, sa machine, Marc la connaît sur le bout des doigts.

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Avant d’atterrir dans le monde de la nacelle, Marc a commencé par apprendre le métier de menuisier. Par hasard, ou plutôt par besoin, Marc utilise sa première nacelle en tant que client, pas en tant qu’opérateur. Ce jour-là, la machine est nécessaire pour poser des volets au niveau des fenêtres. Une semaine plus tard, Marc passe son entretien pour devenir opérateur nacelle. Il est tout de suite embauché dans l’entreprise.

Pour faire ce métier, qui consiste donc à gérer la manipulation et l’entretien d’une nacelle sur des chantiers, il faut d’abord acquérir le permis poids lourd. Ensuite, il faut obtenir le CACES (Certificat d’Aptitude à la Conduite d’Engins en Sécurité). Enfin : une formation en interne de deux mois minimum. En effet, il n’existe ni école ni diplôme pour apprendre à conduire des nacelles.

Marc forme aujourd’hui lui-même les opérateurs de la société Nacel+. Ce métier est difficile d’accès, il faut pouvoir être formé sur le tas. Ou débaucher quelqu’un qui a de l’expérience depuis quelques années dans une société concurrente.

Nacel+
© L.D / Pokaa

Adieu routine

Marc nous explique qu’il existe des chantiers plus spécifiques que d’autres : « Là par exemple, ça fait deux mois que je suis ici, ce qui est très rare. En moyenne, les chantiers durent de un à trois jours, parfois deux ou trois semaines »

Ce qui plaît au nacelliste, dans son métier, c’est de varier. Non seulement il change d’environnement quasiment tout le temps (il dessert tout le Grand Est), mais aussi de personnes. Marc travaille avec des corps de métiers très variés sur les chantiers : « Ici, on fait du bardage, mais on va aussi poser des paratonnerres, faire du lavage de vitre, de l’élagage, beaucoup de téléphonie aussi. Filmer des événements sportifs comme des matchs de foot, du rallye… ». Pas de place pour l’ennui.

« Dans ce métier, on parle beaucoup de hauteur, mais on va aussi sous les ponts. C’est même peut-être encore plus insolite ! », s’amuse Marc.

La partie transport est également non négligeable. Beaucoup de fatigue s’accumule et les semaines sont parfois longues : « Il peut m’arriver d’être un jour à Nancy, le lendemain à Metz, et le surlendemain à Besançon, avec trois corps de métiers différents en trois jours ».

Estimer les temps de route fait donc aussi partie du métier. Et autant éviter un maximum la fatigue, car une fois dans les airs, il faut rester extrêmement concentré pour être parfois au millimètre près

Rester calme en toute circonstances

« Le vertige c’est une chose, l’appréhension en est une autre. Le vertige, on l’a le premier jour ou on l’a pas. L’appréhension, on peut l’avoir le premier jour mais elle diminue au fur et à mesure », explique Marc.  

Pourtant, il nous confie avoir toujours une appréhension, même 23 ans après : « Cette appréhension est nécessaire pour ne pas tomber dans la facilité. Dans ce cas-là, l’accident n’est jamais loin ».

En montant avec Marc, plusieurs de ses clients ont appris qu’ils avaient le vertige. Ils ne le savaient pas. Malheureusement, dans ces cas-là, il faut changer de personne pour effectuer les travaux. S’adapter est l’une des qualités les plus recherchées pour exercer le métier. Être calme en est une autre.

En effet, pour gérer le stress dû à d’éventuels aléas, il faut faire preuve d’une bonne dose de sang froid. Marc se doit de toujours garder cette maîtrise de lui-même : « Sinon, je risque de stresser encore plus les gens présents avec moi dans le panier ». « Un jour j’ai descendu une personne qui se sentait très à l’aise avant de monter et qui s’est retrouvée allongée dans le panier avant de descendre, tellement elle était en panique », se remémore l’opérateur nacelle.

Avec le temps, Marc a appris à gérer tout ça : « Je suis là pour faire gagner du temps au client, mais j’ai mes limites. Il faut trouver le juste milieu : je suis surtout là pour faire comprendre aux clients qu’avec certains corps de métier, on ne peut pas aller plus vite que la musique ». Être efficace c’est bien, mais être en sécurité coûte que coûte, c’est toujours mieux.

D’ailleurs, pendant les entretiens d’embauche, Marc remarque tout de suite les tempéraments de ceux qu’il recrute ou non. Il a tendance à sentir tout de suite les hyperactifs qui ne tiennent pas en place, comparés à des personnalités plus sereines, qu’il privilégie. 

Un métier de précautions

L’opérateur nacelle a une grosse responsabilité : celle d’emmener son client en hauteur dans les meilleures conditions possibles, afin qu’il puisse travailler au mieux. C’est à lui d’être attentif à ce qui se passe dans le ciel : « Dans ce métier, il n’y a aucune place pour le hasard. Tous les jours, c’est une remise en question ». Grâce à des applications, il peut anticiper un minimum l’orage par exemple, le risque numéro un selon lui. Le deuxième risque, c’est le vent.

En plus des applications, Marc utilise principalement deux appareils : l’anémomètre pour calculer la vitesse du vent (en sachant que la nacelle peut être utilisée jusqu’à 45 km/h, pas au-dessus) et un mesureur d’ondes électromagnétiques lorsqu’il travaille pour la téléphonie.

« Pour éviter tout problème, je mesure avant de monter. On est quand-même entourés de beaucoup d’antennes relais dont la puissance peut créer certaines incohérences ». Pas au point d’avoir un accident grave, mais plutôt des soucis techniques au niveau de la machine.

Pourtant, il lui est déjà arrivé de se retrouver face à des situations presque impossibles à gérer. Il y a très longtemps, à ses débuts, Marc a eu une énorme frayeur. En plein été durant lequel un orage arrivait, le client voulait absolument finir. La foudre est tombée à 3 km de la machine : « C’était de la folie. Croyez-moi, on est vite descendus. Très vite. On était pas prêts de remonter non plus », plaisante-t-il.

Parfois, l’opérateur est aussi amené à travailler dans des conditions extrêmes, à 40 ou à -10 degrés : « Je préfère -10. L’hiver, on ne me reconnaît pas, j’ai tout un équipement comme ceux qui travaillent dans les frigos ».

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© L.D / Pokaa

« Peu importe où je suis, je me repère toujours plus facilement d’en haut »

Vivre une grosse partie de sa vie en hauteur, peut permettre de voir le monde autrement : «  Je sais que j’ai besoin de hauteur tous les jours. Je suis addict, sans être accro ». Que ce soit en privé ou en vacances, Marc ressent le besoin de voir les choses d’en haut et a beaucoup de mal à rester sur un trottoir pour visiter des monuments. 

« Pendant mes vacances, si j’ai l’occasion de visiter des clochers par exemple, je fonce. C’est un besoin au quotidien d’avoir cette hauteur depuis que je fais ce métier ».

Aujourd’hui, Marc peut reconnaître presque la totalité des villages alentour depuis sa nacelle : « Peu importe où je suis, je me repère toujours plus facilement d’en haut. J’aide parfois les clients à se situer. Je leur explique que c’est tel clocher, tel château, telle tour ».

Par contre, étrangement, Marc nous raconte qu’il a été impossible pour lui de sauter à l’élastique. Son corps étant habitué à la hauteur depuis 23 ans, il a tout simplement refusé de se laisser tomber dans le vide. Tout compte fait, ça va de soi, non ?

Nacel+
© Léa Daucourt / Pokaa

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